Route de nuit - Bertrand Lavier et ses sublimes épaves
Le plasticien Bertrand Lavier excelle à procurer de l'émotion en détournant des objets de la vie quotidienne, à commencer par l'automobile.
Quand on entre dans la Bourse du Commerce, nouveau siège parisien de la collection de Bernard Arnault, on est impressionné par la galerie circulaire dédiée à l’œuvre de Bernard Lavier.
Incontournable de la scène avant-gardiste européenne, Bertrand Lavier pose un regard scrutateur sur le monde qui l'entoure, et bien sûr l'automobile n'en est pas exclue. Ses « chantiers », comme il nomme ses travaux, sont élaborés à partir d'un nombre réduit de postures qu'il est possible de désigner selon des critères familiers : objets sur socle, objets peints, superpositions d'objets, peintures industrielles, et transpositions avec d'autres matériaux de tableaux classiques appartenant à la grande histoire de l'art.
Jouant du paradoxe, du rapprochement ou du détournement, il a pourtant su construire une œuvre singulière depuis 1969. La « Giulietta » récupérée par Lavier dans une casse est associée à une tragédie, que la mise en scène renforce : un petit ours en peluche posé sur un socle fait face au véhicule accidenté.
Pour ses « objets peints », Bertrand Lavier refuse de trancher entre présentation ou représentation de la réalité, et préfère l'hybridation, sans doute en mémoire de ses universités horticoles.
Il applique « sa touche à la Van Gogh » – une couche épaisse de peinture acrylique – sur des supports inédits, une « Ferrari 308 GTS » et une « Mercedes-Benz 190 », faisant résolument basculer ces voitures dans le monde de la peinture figurative.
Toute l'œuvre de Bertrand Lavier est régie par cette méthode de « greffes », qui ouvre aux objets élus un passage entre un état primitif et un autre, artistique.
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