Comme le dit Fernand Naudin, célèbre Tonton Flingueur, « Ah, faut reconnaître ! C’est du brutal ! ». Et à bien y regarder, en détournant le dialogue de Michel Audiard, Lino Ventura pourrait rajouter : « Faut quand même admettre que c'est plutôt une voiture d'homme ». L’Iveco Massif est ainsi. C’est un pur, un dur, un vrai. A des années lumières des 4x4 des villes et des SUV de Madame. Normal puisque c’est un 4x4 fabriqué par un professionnel du camion pour les professionnels en tout genre. Vous l’aurez compris, on n’est pas là pour rigoler… En préambule, signalons que nous sommes bel et bien en 2008. Pas inutile de le rappeler tant ce nouvel Iveco Massif possède un petit air rétro qui nous transporte une bonne quinzaine d’année en arrière. A cet instar, l’Iveco Massif est un véhicule double, yin et yang en quelque sorte. Au premier abord, l’impression surprend et de nombreux détails semblent s’acharner à nous renvoyer de longues années en arrière. Avouons tout net que les soudures de tôles apparentes dans l’habitacle, les enrouleurs de ceintures même pas dissimulés et quelques approximations du même tonneau paraissent d’une autre époque et laissent dubitatifs sur le niveau de finition. Et n’évoquons que succinctement l’équipement de série : c’est simple, il ne comprend que la direction assistée ! Le reste, c'est-à-dire et entre autre l’ABS, la fermeture centralisée des portes, les vitres teintées, la climatisation ou l’alarme sont des options ! En ces temps où les véhicules utilitaires tendent de plus en plus vers l’univers des voitures de luxe, nous nous trouvons ici face à l’antithèse. Bref, à l’image de son nom, ce 4x4 ne fait pas toujours dans la dentelle.

Les ancêtres

Dans le même ordre d’idée, l’Iveco Massif bénéficie d’une technologie qui n’a rien d’avant-gardiste. Si le moteur et la transmission sont signés Iveco, ce nouveau véhicule n’est autre que la version « remasterisée » du Santana PS 10 ‘‘Anibal’’, qui soit dit en passant vit sûrement ces derniers jours, lui-même réalisé sur la base du Land Rover Defender. Tout cela ne nous rajeunit pas ! Fort logiquement, et dans la même veine, les canons esthétiques ayant prévalu à la conception du Massif ne sont pas ceux qui font la mode actuelle. Imposant, anguleux, d’une sobriété sans égal, le Massif est… massif.

Qu’importe le flacon

Mais… Car il y a un mais de taille. Après tout, qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse. Et l’ivresse est là, bien là, même. Précisons d’emblée que cette ivresse là ne tient qu’au plaisir de voir cet engin passer partout, tout franchir, tout avaler sans le moindre souci, sans la moindre hésitation. Cet Iveco Massif est un pur, un dur, un vrai, on l’a dit. Il revient en fait aux fondamentaux du 4x4. Qu’il soit un véhicule à l’ancienne est même une aubaine. Peu importe l’absence de tel ou tel équipement, peu importe la finition brute de décoffrage. Le Massif est un 4x4 robuste et fonctionnel. Ainsi défini, il saura séduire les professionnels les plus exigeants et les plus expérimentés. Il pourra être transformé selon les besoins de chacun, qu’il s’agisse des sapeurs-pompiers, des gardes forestiers, des gendarmes, des militaires, et de tous les professionnels travaillant dans des conditions difficiles voire extrêmes. Les quatre déclinaisons de carrosseries, trois ou cinq portes, pick-up et châssis cabine, les deux empattements, court à 2452 mm ou long à 2768 mm, ainsi que les multiples aménagements possibles démontrent la volonté d’Iveco d’occuper tous les segments de ce marché niche. Les bases de ce véhicule, largement connues et reconnues, ainsi que l’image du constructeur tout aussi célébrée, feront le reste. 176 chevaux !

Côté moteur, l’Iveco Massif est là encore un adepte de la simplicité. L’unique motorisation disponible est le 3 litres turbo diesel à quatre cylindres en ligne seize soupapes déjà présent sous le capot de l’Iveco Daily. Ce bloc est décliné en deux puissances. La version HPI développe 146 chevaux. Le couple maximum est de 350 Nm, disponible entre 1400 et 2800 tours/minute. La version HPT s’affiche elle à 176 chevaux et le couple maxi est de 400 Nm entre 1250 et 3000 tours/minute. La boite de vitesses à six rapports est accouplée à une boîte de transfert Santana pour assurer la traction 4x2 ou le 4x4. Le Massif est équipé de freins à disques à l’avant comme à l’arrière. Enfin, toutes les versions adoptent un châssis séparé avec des essieux montés sur des ressorts à lames paraboliques.

Déjà star ?

A l’usage, sur les véhicules d’essai, le HPT et ses 176 chevaux s’avère séduisant et offre de bonnes reprises. Le bruit moteur n’est pas trop présent dans l’habitacle et le confort est de bon aloi même si les suspensions très fermes font ressentir parfois sèchement les imperfections de la route. En tout-terrain, le Massif n’a pas peur de l’obstacle. Sans forcer, et bien souvent sur le couple moteur, il passe sans coup férir. Quelques données sont éloquentes : le Massif revendique le franchissement d’une pente maximale à pleine charge de 100%, un angle d'attaque de 50°, un angle de fuite de 30° et un angle ventral de 24°. En configuration de série, la capacité de passage d'un gué est de 500 mm et la garde au sol est de 200 mm avec des pneumatiques et les jantes de série Au bilan, il n’est pas incongru d’oser un petit pari. Cet Iveco Massif est de la veine des vrais 4x4 utilitaires Il pourrait bien prendre le relais du mythique Defender dans le cœur des professionnels et des amateurs de sensations fortes. Cette voiture, rustique et fonctionnelle, pratique et pas embêtante, simple et robuste, a tous les atouts pour devenir un véhicule fétiche.