La Chine a publié son plan de lutte contre le réchauffement climatique. Il concerne les secteurs industriels et énergétiques. Pékin a annoncé que le développement économique resterait primordial : "La Chine continuera de lutter contre le réchauffement climatique en harmonie avec ses stratégies de développement. Les priorités d'un pays développé sont un développement fiable et l'éradication de la pauvreté." Sa croissance économique ne sera pas sacrifiée sur l'autel du combat contre le réchauffement de la planète ! Ce plan prévoit de mettre l'accent sur des mesures d'économie d'énergie (l'efficacité énergétique), sur l'adaptation de l'agriculture aux nouvelles contraintes climatiques (variétés moins consommatrices d'eau) et sur la reforestation (pour absorber et transformer le dioxyde de carbone). Il mentionne que ce sont les pays développés qui doivent assumer la responsabilité majeure du réchauffement climatique puisqu'ils sont à ce jour à l'origine de la plupart des gaz à effet de serre qui stagnent dans l'atmosphère.

Le président chinois, Hu Jintao, assistera demain à l'ouverture du sommet du G8 en Allemagne au cours duquel le réchauffement climatique sera très abordé. La Chine fait l'objet de pressions internationales afin qu'elle accepte une limitation de ses rejets de gaz à effets de serre, l'une des causes du changement climatique. Ce pays a considéré le plan proposé par le président George W. Bush comme une "évolution positive" pour lutter contre le réchauffement climatique mais a souligné que ce plan devait compléter le protocole de Kyoto et non s'y substituer. Le plan Bush prévoit de réunir cette année les représentants de quinze pays, dont la Chine, pour s'entretenir des évolutions climatiques et dégager des objectifs à long terme d'ici à la fin de l'année 2008.

La première phase du protocole de Kyoto, conclu sous l'égide de l'Onu en 1997, arrive à expiration en 2012. Bien qu'elle ait signé ce texte, la Chine, comme les autres pays en développement, n'est contrainte par aucun objectif chiffré en termes de plafonds d'émissions de gaz à effet de serre. Ma Kai, directeur de la commission du Développement national et des Réformes qui supervise la politique climatique de la Chine, a mis en avant que tout nouvel accord devrait compléter, et non remplacer, l'architecture de Kyoto : "Notre position générale, c'est que la Chine n'acceptera aucun objectif chiffré de réduction de ses émissions, ce qui ne signifie pas pour autant que nous n'assumerons aucune responsabilité dans la réponse à apporter au changement climatique."

En raison de son essor économique, le Chine est un des principaux responsables des rejets de gaz à effet de serre dans l'atmosphère. C'est aussi un pays pauvre dont la population, la plus nombreuse de la planète, aspire à un niveau de vie plus proche des principales puissances mondiales. En données brutes, la Chine devrait dépasser cette année ou l'année prochaine les Etats-Unis au rang de premier émetteur mondial de dioxyde de carbone, principal gaz industriel à effet de serre. Mais en rapportant cette quantité de rejets à la taille de sa population (1,3 milliard d'habitants), la Chine présente un ratio émissions de GES/habitant sans rapport avec les pays riches. Les autorités chinoises l'estiment ainsi inférieur de 80% à celui des Etats-Unis - même si l'écart tend à se réduire.

Yang Ailun, activiste de Greenpeace chargé du dossier climat à Pékin, souligne : "Ce que la Chine tente de faire est évident : d'une part, elle essaie d'introduire des mesures domestiques ambitieuses, mais, d'autre part, elle adopte une position très dure dans les négociations internationales, à l'image de ce qu'a dit Ma Kai sur l'historique et les émissions par habitant".

Source : Reuters