Plus d'une cinquantaine de courses de 24 heures, dont 23 au Mans, un palmarès capable de remplir le Bottin de la Lozère près de trente ans de carrière... Pour Claude Ballot Léna, l'important n'était pas d'être champion, mais simplement " de faire sérieusement un truc qui te plait ". Au-delà du pilote, rompu à toutes les disciplines, il y avait un homme attachant dissimulant des trésors de tendresse dans sa grande carcasse faussement nonchalante. Un fabuleux conteur aussi, souvent malicieux, mais avec le ton juste des gens doués pour la vie qui n'ont rien à prouver.

"Je ne suis pas un amoureux de l'automobile. Si je suis venu à la course, c'est par amour de la compétition." Et la compétition, Ballot connaît avant même de prendre le volant en course. A 19 ans, cet athlète est capable de gagner une course de vélo l'après-midi au "Vel d'Hiv" et de remporter un match de boxe le soir même ! Sportif par goût de l'effort et des défis, mais sportif au sens le plus noble du terme. De cette époque , il gardera un nez cassé, une forme éblouissante mais aussi un respect pour l'adversaire et une lucidité de tous les instants sur ses propres aptitudes. C'est dans le même esprit qu'il aborde la course automobile. Un peu par hasard, pour voir si on s'y amuse.

Une nouvelle aventure où le dilettantisme ne sera jamais qu'une façade. Ce grand gaillard, bon vivant à la gouaille toute parisienne ne fera jamais les choses à moitié. De ses premiers combats sur le ring, il a gardé un sens aigu des réalités. Alors, il va apprendre la course, s'étalonner face à ses adversaires, prendre la mesure du facteur mécanique et jamais, il n'aura la prétention de vouloir "boxer dans une catégorie qui n'est pas la sienne". Après des débuts "pitoyables" au rallye de Saint Cloud en 1962 comme navigateur sur la Porsche 356 d'un ami (" nous étions largués à chaque carrefour, et toutes les Dauphine nous doublaient. C'était vexant à la fin! ") , il décide de laver l'affront en achetant l'une de ses fameuses "1093".

Il court alors le plus souvent possible pour accumuler simplement de l'expérience et sait écouter les "anciens". Quelques belles gamelles mais aussi quelques succès en circuit où il se sent très à l'aise "au contact" dans les pelotons turbulents de 1093, l'incitent à persévérer. Il commande une Berlinette Alpine en 1963 mais déçu par ses caprices, il la troque pour une Simca Abarth 1300. C'est au volant de cette voiture toute ronde, qu'il va commencer à se bâtir un solide palmarès : 37 victoires de groupe ou de catégorie entre 1964 et 65 en rallyes, circuits et courses de côte. Une notoriété naissante qui lui vaut un premier contrat fin 1965 lorsque Abarth lui confie une 1000 TC. En 1966, avec la petite bombe, Ballot gagne pratiquement sa classe tous les dimanches, rentre dans ses frais et goûte parfois aux joies du "proto" avec des barquettes 1000 ou 1600 prêtées au coup par coup par l'usine Abarth. Il participe aussi à ses premières 24 heures du Mans en compagnie de Jean-Louis Marnat sur une Marcos-BMC. Une véritable épopée au milieu du duel Ford-Ferrari avce cette petite voiture qui plafonne à un "200 compteur" en pointe mais qui réussira à terminer 15e et dernière de la course sans jamais avoir réussi à doubler un autre concurrent ! Une foule de souvenirs et d'anecdotes aussi, comme cette réflexion de Jo Schlesser : "dit Ballot, il y en a combien des Marcos en piste, je n'arrête pas d'en doubler !" En dépit de cet emploi du temps pluôt chargé, Ballot commence pourtant à s'ennuyer. Il en assez de se cantonner dans les épreuves nationales et de se contenter des victoires de catégorie. Il quitte alors Abarth pour se lancer en Formule 3. "Une grosse bêtise! Je connaissais rien aux réglages d'une monoplace et en plus, je me suis fait avoir par un Anglais qui m'a vendu un Ford Anglia poussif au prix d'un Cosworth". Résultat, une cuisante série d'échecs, un gouffre sur le plan financier et des gros soucis pour l'avenir.

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