Bonjour Jean-Louis, peux-tu te présenter pour que les lecteurs de Caradisiac fassent ta connaissance ?

Entretien avec Jean-Louis, ancien rallyman


Je m’appelle Jean Louis Clarr, je vis en couple et je suis père de deux filles dont l’aînée m’a fait deux fois grand-père.

Bien qu’ayant 70 ans (le 24 décembre, j'entâme une nouvelle décennie) je suis toujours en activité, puisque je gère un petit hôtel à Hyères, dans le Var.

J’ai repris cet établissement quand j’ai mis fin, il y a une trentaine d’années, à ma carrière de rallyman professionnel.Auparavant de 1968 à 1978 j’ai mené de front ma profession d’ingénieur chimiste au Commissariat à l'Énergie Atomique et ma carrière sportive.

On va attaquer par le vif du sujet : peux-tu me parler de la section "Histoire du sport auto" ?

La section « Histoire du sport auto » est celle que je fréquente assidument et pratiquement exclusivement, parce que je me désintéresse quelque peu de l’automobile moderne


Cette section s’adresse aux nostalgiques de l’âge d’or de l’automobile qui souhaitent se replonger quelques années en arrière, apporter leur témoignage  et faire partager aux plus jeunes leurs souvenirs de l’époque.C’est une mine inépuisable de documents et de renseignements auxquels nous n’aurions pas eu accès sans la Toile.

La section regroupe tous les sujets qui m’intéressent puisqu’on y trouve des « topics » concernant les rallyes auxquels j’ai participés de la fin des années 60 jusqu’au début des années 80, mais aussi sur les rallymen que j’ai côtoyés à cette époque, et sur les rallyes actuels courus en VHC (Véhicule Historique de Compétition).


Tu as créé un des plus vieux sujets actifs de FA : « des anciens rallymen à votre écoute », j'aimerais beaucoup que tu m'en parles.

J’ai créé (avec Jan Hug Hazard) ce sujet pour éviter de « polluer » les autres sujets de la section où de nombreux intervenants nous posaient des questions souvent HS par rapport au sujet traité.

A l’origine les échanges ne concernaient que le sport auto et plus particulièrement mon activité de rallyman arrêtée en 1983.

Peu à peu le sujet est devenu beaucoup plus vaste, et quand les fondamentaux d’origine ont été épuisés, puisque tout a pratiquement été dit sur ma carrière, le sujet est devenu un lieu d’échange de points de vue, d’informations diverses et variées et de reportages de tous ordres, y compris des évènements familiaux de ses membres.

Cela a souvent donné lieu, comme dans n’importe quelle communauté, à des débats très vifs et animés qui ont parfois dérapé.

Heureusement ce fût rare et à contrario de vrais liens d’amitié et de solidarité se sont créés, les cas d’entraide entre les membres étant monnaie courante.

Pour ma part, j’avais décroché depuis plus de vingt ans du milieu du sport auto et c’est grâce à ce sujet « des Anciens rallymen » que j’ai pu renouer avec son ambiance et aussi participer à quelques manifestations et rallyes VHC au volant d’auto mises à ma disposition par quelques uns de ses membres, ce que ma situation financière personnelle ne m'aurait pas permis seul.

J’ai pu aussi recueillir des témoignages et des opinions sur ma carrière passée de la part de ceux qui me suivaient via la presse spécialisée où même sur le terrain.

J’étais loin d’imaginer la passion qui animait les fans de rallye de l’époque et le plaisir qu’ils éprouvaient à nous voir évoluer sur les routes de rallye.

C’est ainsi que j’ai appris que quelques concurrents, ma modestie dut-elle en souffrir, employaient le terme de Maestro pour parler de moi.

Ce surnom, à prendre au deuxième degré, m’est maintenant régulièrement attribué sur le topic.

J’apprécie donc énormément l’humour, à ne surtout pas prendre au premier degré, qui y règne, même si parfois il peut surprendre les nouveaux intervenants.

Entretien avec Jean-Louis, ancien rallyman

Exemple d'humour des membres de la section « histoire du sport automobile »

Tu as dit "les cas d'entraide entre les membres étaient monnaie courante", on trouve quoi comme entraide ? De la restauration ? De la recherche de photos précises ? Tu peux développer un peu ça ?

Comme sur de nombreux sujets l’entraide sur celui des Anciens concerne la recherche de photos, documents ou d’informations  et cela va beaucoup plus loin avec une implication de beaucoup dans la « vraie » vie par des actions spécifiques communes ayant trait à l’automobile.

De plus il n’est pas rare que ceux qui traversent une mauvaise passe reçoivent un coup de main dans bien des domaines, recherche de boulot, transport, hébergement, déménagement, ou autre .

Un exemple personnel récent : j’habite à Hyères une ville gravement touchée par les intempéries il y a peu. Dès que cela a été relayé par les médias de nombreux forumeurs m’ont spontanément appelé pour me demander si je voulais qu’ils viennent m’aider à réparer les dégâts éventuellement causés à l’hôtel ou à la maison.

J’ai crée sur le web un annuaire accessible seulement à ceux qui s’y inscrivent avec leur nom, adresse, téléphones,  email etc. Le but est de pouvoir se joindre et se localiser afin de s’aider les uns les autres dans quelques domaines que ce soit, en dehors de ceux qui sont l’essence même du forum.

Pourrais-tu développer sur ton activité de rallyman ?

Je suis né et j’ai longtemps vécu à Sainte-Geneviève-des-Bois à quelques kilomètres de l’autodrome de Linas Monthléry où j’ai assisté avec mon père à quelques courses qui m’ont fait aimé le sport automobile dès mon plus jeune âge.

Le circuit me semblant une discipline trop onéreuse, je me suis orienté vers le rallye en acquérant une R8G dès que j’ai gagné ma vie en 1968.

Entretien avec Jean-Louis, ancien rallyman

En rallyes nationaux, j’ai vite fait de bons résultats bien qu’étant complètement autodidacte, les écoles de pilotage n’étant pas à ma portée.

En 1970, Opel mettait sur pied un trophée récompensant les pilotes utilisant un modèle de la marque. J’ai donc vendu la « Gord' » pour acheter une Kadett Coupé Rallye 1900 qui m’est revenue à 8 200 francs (1 250€) prête à courir.J’ai remporté, à son volant, 11 victoires de groupe, dont 3 au scratch [meilleur temps toutes catégories confondues], j’ai gagné le Trophée Opel National et j’ai été sacré Champion de France National devant le regretté Thierry Sabine.

Le pécule amassé grâce aux primes Opel m’a permis d’acheter une Commodore GS/E groupe 1 au Greder Racing et d’envisager, toujours amateur,  de disputer le Trophée 71 mais en International cette fois pour progresser, ma victoire en National m’empêchant de toutes façons de renouveler mon inscription en National.

Mes plans ne se sont pas réalisés car j’ai été contacté par le concessionnaire Opel de Marseille qui avait mis sur pied un Team de rallye et qui m’a proposé de piloter une de ses autos.

Je n’étais pas à proprement parler pro puisque je n’avais pas de salaire mais je n’avais rien à débourser pour courir.

Notre collaboration s’est soldée par de nombreuses victoires de groupe et au scratch avec en point d’orgue un titre de Champion de France en 1974 (punaise 40 ans déjà).

En 77, Opel BP Marseille a mis fin à ses activités, mais Opel France a continué à me soutenir, m’offrant même la possibilité d’abandonner mon job au CEA au sein duquel une restructuration m’imposait de choisir entre le labo et les rallyes.

Pendant 3 saisons, j’ai écumé les rallyes au volant de la Kadett GT/E en tourisme de série, remportant à chaque fois la catégorie et une place de vice champion de France en 78 malgré le handicap de puissance de ces autos.

Opel a alors décidé de me faire courir en groupe 2 puis en groupe 4 mais les résultats n’ont pas suivi, malgré quelques coups d’éclats, les moyens financiers et techniques engagés étant notoirement insuffisants pour ces catégories.

Ma collaboration avec Opel a donc cessé, faute d’obtenir un nouveau titre de Champion de France, ce qui était le but visé.

Libéré par Opel France j’ai eu l’opportunité de courir le Tour Auto 82 avec une Lancia Marini 037 officielle fraîchement homologuée et j’ai apporté à la marque une de ses premières victoires en groupe B.

A la suite de ce bon résultat il m’a été proposé de tenter, le championnat d’Europe 1983 avec la 037 d’une écurie privée (Volta-Eminence).

Là encore, le nerf de la guerre manquait pour être compétitif ; assez dégoûté j’ai mis fin à ma carrière après seulement 2 épreuves catastrophiques tant au point de vue sportif qu’humain.



Pendant plus de 20 ans, j’ai alors occulté cette partie de ma vie avant d’être rattrapé par mon passé via Forum-Auto.Grâce aux bonnes volontés des participants du sujet des Anciens, j’ai donc entamé en 2008 une nouvelle « carrière » en VHC au volant d’autos aussi diverses qu’une Renault 5 Alpine groupe 2, une Porsche 930 Turbo, une BMW 318 ou une Kadett GT/E.

Entretien avec Jean-Louis, ancien rallyman

J’ai pu constaté que le pilotage, tout comme le vélo, ne s’oublie pas, cela reste dans les gènes.

Malheureusement Jean François Fauchille, mon fidèle coéquipier, sans lequel ma modeste renommée n’aurait pas été ce qu’elle est, nous a quitté en début d’année, suivi en juin par Alain Garçon qui lui aussi m’avait secondé dans les années 70 et que j’avais retrouvé dans une auto de course ces dernières années.

Ces deux drames m’ont beaucoup affecté au point de perdre un peu l’envie de participer pour l’instant au rallyes qui pour moi n’auront plus jamais la même saveur.

Tu es arrivé comment sur FA ? Pourquoi avoir choisi FA ?

Encore une fois, pendant 20 ans, je n’ai plus manifesté d’intérêt pour l’automobile jusqu’au jour où il y a une dizaine d’années un petit neveu qui avait eu la curiosité de taper « Jean Louis CLARR » dans un moteur de recherche, m’a montré ce qu’il avait trouvé.

Il s’agissait d’une discussion sur Forum-Auto dans laquelle José T. (Pseudonyme : Nosaure) rappelait en termes dithyrambiques les exploits d’un certain Jean-Louis CLARR au volant des Opel.

Assez surpris je lui ai envoyé un mail le félicitant de sa bonne mémoire et m’étonnant que tant de temps après il ne m’ait pas oublié.

Dès le lendemain, il m’appelait au téléphone pensant à une blague et ayant du mal à croire que Jean Louis Clarr se soit adressé à lui après tout ce temps.

Pour moi, il y avait un décalage énorme entre l’enthousiasme et l’admiration dont il faisait preuve à mon égard et ce que j’avais pu faire en tant que pilote.

Sincèrement à l’époque je ne pensais pas mériter une telle reconnaissance.

José m’a fait savoir qu’un autre membre de Forum-Auto, Eric M. par ailleurs Président du Rétr’Opel Club du Sud, était mon voisin.

Très vite ils sont venus me rendre visite, nous sommes devenus amis et j’ai commencé à participer activement à Forum-Auto.


Personnellement, « j'hallucine » un peu quand je lis « histoire du sport automobile » : certains se sont retrouvés "ah mais t'étais le copilote de XXXX, on s'est croisés sur telle course", il doit y avoir de belles histoires comme ça, tu as retrouvé des connaissances sur le forum ?

Tu as tout à fait raison : ce sujet a généré un nombre incalculable de retrouvailles d’acteurs de tous les domaines du sport automobile (pilotes, coéquipiers, mécanos, photographes amateurs ou pro, spectateurs, groupies, etc).

Comme je te l’ai dit je n’avais plus aucun lien avec le milieu et Forum-Auto m’a permis de renouer avec pratiquement tous ceux qui ont partagé ma carrière, des amis (et amies) très proches de l’époque, mais aussi des inconnus que je ne connaissais pas et qui sont devenus des amis, car ils ont été aussi des acteurs, chacun dans leur domaine, de ce que j’ai vécu dans le sport auto.

La plupart de ces retrouvailles ont été très émouvantes tant ce que nous avons vécu ensemble était intense.


Donc vous vous rencontrez en réel ? ça a redonné du "feu" à certaines vieilles amitiés ?

Effectivement nous nous voyons souvent, lors de réunions plus ou moins importantes en fonction de l’éloignement géographique de chacun.

Il faut noter que le sujet des « anciens » compte des membres habitant un peu partout dans le monde (dont les États-Unis) et que toutes les générations sont représentées de 18 à 85 ans.

Il n’y a pas un mois, où je n’ai la visite à l’hôtel d’un participant à Forum-Auto ou de quelqu’un qui m’a retrouvé par ce biais et c’est à chaque fois un grand plaisir de parler « chiffon » en live.

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La grande réunion annuelle est une balade appelée « Transprintanière ».

Elle a été initiée en 2008 par le belge Bruno S. et consiste en un week-end organisé par un intervenant avec un parcours en auto pour découvrir la région où il vit .

Cette année la 8ème édition a rassemblé une centaine de participants avec Jean Claude Andruet en guest star.C’est l’occasion de mettre des visages sur les pseudos et de mieux cerner la personnalité réelle de chacun, laquelle peut être très différente de la virtuelle.

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Il y a des personnes que tu aimerais retrouver que tu n'as pas encore retrouvées grâce à Forum-Auto ?

Je pense que j’ai retrouvé tous ceux qui ont accès au Forum.

Par contre je regrette sincèrement que d’autres, dont j’ai obtenu les coordonnées par des amis communs fréquentant le forum, aient refusé mon invitation à venir y renouer avec notre passé.


D'une manière générale qu'est ce que tu apprécies sur cette section ? Sur Forum-Auto en général ?

Cette section réalise un devoir de mémoire et c'est une source inépuisable de documents, de connaissances et de témoignages d’une époque à jamais révolue.

Cela m’a permis, et je ne suis pas le seul, de constituer une photothèque fabuleuse avec des images dont je ne soupçonnais pas l’existence. Aujourd’hui encore des photos inédites sont publiées.

Pour ce qui concerne le sujet des « Anciens » cela se double d’une approche plus généraliste avec également des commentaires sur l’actualité du sport automobile moderne et sur de nombreux sujets complètement HS sur un forum dédié à l’automobile.

Je souhaite donc que Forum-Auto dans son ensemble puisse être encore longtemps ce lieu d’échange et de source d’informations multiples et que sa section historique en particulier continue à entretenir la mémoire collective du sport auto et notamment des rallyes.

Entretien avec Jean-Louis, ancien rallyman


Est-ce que dans la section histoires du sport automobile on ne trouve que des "vieux de la vieille" (excuse-moi pour l'expression, il n'y a aucun mépris) ou on trouve des jeunes passionnés par cette histoire qu'ils n'ont pas connue? Et le cas échéant, est-ce que c'est difficile de transmettre cette passion à ceux qui n'étaient pas là pour y assister ?

Détrompe-toi, et c’est ce qui m’a le plus surpris quand j’ai été rejoint par mon passé, il n’y a pas sur cette section que des vieux nostalgiques qui ont connu cette époque et en sont restés là. Il y a beaucoup de jeunes dont quelques adolescents, qui ne se retrouvent pas dans le sport auto actuel et qui adoptent presque une attitude d’historien dans leur approche de ce que les Anciens ont réalisé. Leur soif de connaissance et leur intérêt pour les anecdotes et les épisodes des rallyes que j’ai pu racontés sur le sujet sont assez étonnants. Ceux qui ne connaissent que le rallye moderne et n’ont jamais eu l’occasion de savoir ce qu’était le rallye autrefois deviennent assez vite fans quand on leur fait découvrir des images ou des vidéos d’époque.Par exemple l’an dernier j’ai été invité par Opel à remettre la coupe au vainqueur de l’Adam Opel Cup en tant que premier vainqueur (il y avait ……43 ans) du Trophée. Quand j’ai été présenté comme tel à la jeune assistance, bien peu me connaissaient et l’accueil a été plutôt froid ou pour le moins indifférent. Puis a été projetée une vidéo de quelques uns de mes passages en course dans les années 70 et 80 et là, peu à peu, l’ambiance est montée pour finir par des applaudissements nourris. Au cocktail qui a suivi beaucoup sont venus m’interroger sur les courses de cette époque lointaine et sont encore en contact avec moi.



Tu m'as envoyé de belles photos, tu peux nous raconter un peu les histoires des membres qui t'ont prêté ces voitures et les courses que vous avez faites ?

Eric M. est le premier à m’avoir offert le possibilité de reprendre le volant. Il m'a permis de participer au Rallye Costa Brava Historique en février 2007, 27 ans après ma victoire dans cette épreuve du Championnat d'Europe, et ce au volant d'une réplique exacte de mon auto de l'époque, numéro de course compris. Avec Eric nous étions complètement néophytes dans ce genre de rallye de régularité et l’essentiel a été de participer.

Par la suite il m'a confié régulièrement son auto pour des manifestations de moindre importance.

Entretien avec Jean-Louis, ancien rallyman

Ensuite c’est Opelix77 qui a mis à ma disposition son Opel Kadett GT/E groupe 2 bleue pour la Ronde de la Giraglia en Corse courant février 2008, et pour le Rallye du Mont Blanc en juin. Pour ces épreuves il a été mon coéquipier et ce sont Nosaure, speedy-du-13 et Eric M. qui ont assuré à l’assistance, F’auto se chargeant de l’hébergement de toute l’équipe pour le Mont-Blanc.

Entretien avec Jean-Louis, ancien rallyman


C’est pendant ce rallye que les sensations ont commencé à revenir, puisque j’ai fini second derrière le grand Jean Claude Andruet et sa Porsche en ayant réalisé un temps scratch dans le brouillard, le premier après une disette de 27 ans, le précédent remontant au rallye du Var avec l’Ascona 400 groupe 4 en 1981.


En 2010 le belge bruno sacre m’a permis de participer au Legends Boucles de Spa en fédérant toutes les bonnes volontés du forum, certains comme nonoascona se chargeant de l’hébergement, d’autres de l’assistance comme patrice75, catpat et encore nonoascona, d’autres enfin d’une petite participation financière avec l’inscription de leurs pseudos sur l’auto. Même si l'opération a été un échec cuisant à cause du, je dirai, manque de sérieux du forumeur, que je ne citerai pas, chargé de fournir l'auto (une Ford Escort MK1), elle a mis en œuvre une chaîne de solidarité extraordinaire pour me permettre d’être au départ malgré l’adversité. C’est à ce moment que j’ai vraiment pris conscience de la portée de ce sujet.

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Cette même année en avril, Gilles30 m'a confié sa R5A groupe 2 pour le rallye Fleurs et Parfums. J’y étais attendu au tournant, c’est le cas de le dire, puisque c’était la première fois que je pilotais une « tract' ». Je m’y suis vite adapté et je ne crois pas avoir déçu les spectateurs en réussissant à la piloter en glisse, ce qui a toujours été ma marque de fabrique au volant des propulsions. J’ai échoué au pied du podium à cause d’un petit problème mécanique dans une spéciale, problème vite résolu par Gilles30 qui assurait l’assistance en plus de son rôle de team manager.

Au rallye Jean Behra, en juin, j’ai couru sur une Opel Kadett GT/E de Solo-concept dont le patron Laurent Ferrari était un fan, mais là encore quelques soucis mécaniques nous ont retardé.

Pour le Cannes Soleil, couru en décembre 2010, gecem74 m’a prêté sa Porsche 930 Turbo de 330cv et m’a fait bénéficié de sa structure quasi-professionnelle d’assistance. J’avais beaucoup de mal à la piloter sur le sec tant le déchaînement de sa cavalerie était brutal. Par contre la deuxième étape s’est courue sur la neige et là il ne m’était plus nécessaire d’enclencher le turbo qui délivrait brutalement la puissance. J’ai donc réalisé les meilleurs temps sur la glisse comblant mon retard de la première étape pour finir sur le podium.

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Le regretté Alain Garçon qui me naviguait il y a 30 ans et qui avait repris du service à Spa, au Behra et au Cannes Soleil s’est alors pris au jeu et a investi dans une belle Opel Kadett Groupe 2, décorée à l’image de celle que j’utilisais en 1979.

Nous l’avons inaugurée au Legends Boucles de Spa en février 2011 réalisant sur ce terrain très glissant et piégeux, une démonstration de pilotage tout en travers, pilotage qui m'a rappelé au bon souvenir des plus anciens et m’a valu une certaine cote auprès des jeunes spectateurs qui me découvraient.

Pour la ronde de la Giraglia en mars nous avons retrouvé la 930 de gecem74 dans des conditions météo apocalyptiques qui ne nous ont pas empêché de réaliser quelques bons chronos avant qu’un relais électrique détrempé nous contraigne à l’abandon.

En avril toujours avec Alain nous nous sommes alignés à l’Orange Ventoux. Longtemps 3ème à la régulière, un fil de bougie débranché dans un chrono nous a fait rétrograder d’une place.

Puis ce fut à nouveau le Jean Behra en juin où nous avons fini sur la troisième marche du podium.En 2012 avec Alain après avoir assuré la spectacle nous avons fini seconds avec la Kadett au seul rallye auquel nous ayons participé : le rallye de la Drôme provençale.

En janvier 2013 doutrerhin4, un intervenant allemand, a initié ma participation à un rallye couru près de chez lui, le Suedlische Weinstrasse, au volant d'une BMW 318. Grâce à bruno sacre qui m’avait mis en contact avec lui j’étais secondé par Théo Surson un excellent coéquipier venu de Belgique. Nous avons fini 3ème de notre catégorie.

Entretien avec Jean-Louis, ancien rallyman


J’ai retrouvé Théo à l’Orange Ventoux Classic en avril à bord d’une Opel Ascona peu performante.

L’an dernier Bernard B. un passionné monégasque a terminé la restauration de l’Opel Ascona A groupe 2 qui m’avait permis de conquérir le titre de Champion de France en 1974.

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Il a racheté, il y a 20 ans, cette auto qui a connu de nombreux propriétaires qui l’ont pas mal « dégradée », pour la remettre dans son jus d’origine.

Il m’a proposé d’en prendre le volant pour la montée Historique de Gonfaron. Cela a entraîné un vaste mouvement d’intérêt et des passionnés sont venus des 4 coins de la France assister à ces retrouvailles.Cela a été un moment de grande joie, un peu comme si je retrouvais une ancienne amie perdue de vue depuis des décennies, sauf qu’en 40 ans elle n’avait pas pris une ride, contrairement à moi.


Les retombées dans la presse spécialisée ont été importantes et l’événement a beaucoup été commenté sur le sujet des Anciens.

De même l’Ascona 400 groupe 4 avec laquelle j’ai fini ma carrière a été retrouvée il y a peu à l’état d’épave.

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Elle est en cours de restauration par son nouveau propriétaire pour être remise dans la configuration, décoration comprise, qui était la sienne quand je la pilotais. Je serai convié à l’essayer dans un proche avenir.

Par ailleurs en collaboration avec le Rétr'Opel Club du Sud, j’ai aussi participé pendant toutes ses années à des sorties sur le circuit du Luc et sur la glace à Allos où j'initiais les forumeurs présents à la conduite sportive.

Cette année les départs de Jean François et d’Alain, puis un souci de santé personnel m’ont incité à marquer une pause.

Tous ces événements ont donné lieu sur le forum à des reportages complets avec photos et commentaires puisque j’emportais avec moi un PC portable pour me connecter et tenir mes amis au courant du déroulement de l'épreuve, pratiquement en live. Après chaque rallye ou événement spécifique je m’efforçais de faire un compte rendu circonstancié avec le ressenti de ce que j’avais vécu. Le plus valorisant pour moi était de constater que mes courses étaient suivies et commentées en direct par toute la communauté du topic des Anciens, comme s’il s’était agi d’un événement de premier ordre.

Il en est de même pour tous les événements auxquels participent les autres membres de la grande famille du forum des « Anciens ». 



Qu'est-ce qui t'a séduit dans l'automobile ? Qu'est-ce que tu trouvais dans les rallyes ? Qu'est-ce que tu ne retrouves plus dans les véhicules actuels ?

Mon père, trop tôt disparu, aimait les autos, conduisait très vite et très bien et m’a donné le goût de la vitesse dès mon plus jeune âge, au point de lui subtiliser la Versailles familiale dans laquelle il m’avait laissé pour faire des emplettes alors que je n’avais pas 10 ans.

C’est donc la vitesse qui m’a séduit dans l’automobile avec pour corollaire l’envie de devancer les autres, de faire la course.

Dans les rallyes, j’ai trouvé un moyen d’assouvir ma passion de la vitesse et de la compétition en relative sécurité.

C’était aussi un exutoire pour échapper à ma vie banale de tous les jours. Au volant je n’étais plus du tout le garçon posé et calme qu’on connaissait mais un véritable démon.

J’y ai trouvé aussi une ambiance à nulle autre pareille, avec un esprit de « clan » très fort même si une fois la course partie il n’y avait plus d’amis mais des adversaires auxquels on ne faisait aucun cadeau. Même les reconnaissances participaient à souder cette communauté quand nous nous retrouvions tous dans les mêmes restaurants ou hôtels qui devenaient nos points de ralliement réguliers.

Et surtout, dans mon cas en tant que pilote, j’appréciais plus que tout l’osmose nécessaire avec le coéquipier et l’outil qu’était l’auto pour être très performant. Le lien qui se créé dans l’équipage pendant ces moments là est quelque chose de très fort, le pilote s’en remettant totalement à son coéquipier et vice versa. Avec Jean François, et avec quelques autres aussi, j’ai vécu des moments d’une intensité exceptionnelle quand nous étions seuls dans une auto, coupés du monde extérieur, nous ne faisions plus qu’un, tendus vers un unique but : aller le plus vite possible en gérant un tas de paramètres, notre univers se limitant à l’étroit espace de la route visible depuis l’habitacle.

J’ai trouvé dans le rallye un accomplissement personnel, j’y ai vécu de très grandes joies mais aussi de très grandes peines.

L’auto étant pour moi un outil pour assouvir mon désir de compétition, les véhicules de tous les jours, destinés seulement à se déplacer, ne m’ont jamais passionné outre mesure.

C’est d’autant plus vrai aujourd’hui où ils sont bourrés d’asservissements et d’aide à la conduite qui dictent leur loi au chauffeur alors que moi je veux imposer à l’auto ma façon de piloter.

Cela ne m’empêche pas de trouver fabuleuses les autos de rallye actuelles et leurs pilotes qui sont de véritables extraterrestres pour maîtriser de telles fusées. Je suis d’ailleurs régulièrement avec intérêt les rallyes modernes comme le fait la majorité des autres membres du « topic » et je suis fan de nos grands pilotes nationaux.

Entretien avec Jean-Louis, ancien rallyman

Si quelqu'un te disait aujourd'hui "je veux me mettre au rallye automobile" quels sont les conseils que tu lui donnerais ?

De se constituer d’abord un solide compte en banque.

Plus sérieusement de ne pas rêver à une carrière dans ce domaine, les chances d’y arriver étant pratiquement nulles de nos jours.

Ensuite de prendre ça comme un loisir qui va occulter tous les autres et imposer à tous les niveaux des sacrifices dans bien des domaines.

Pourtant cela vaut la peine d’être vécu, car les joies qu’apporte le rallye, encore aujourd’hui et quel que soit le niveau où on évolue, sont immenses, je le constate encore devant l’enthousiasme dont font preuve les jeunes générations envers cette discipline et ce malgré les sacrifices qu’elle impose.

Alors il faut se lancer en mettant à contribution la famille, les copains et toutes les bonnes volontés.Les plus motivés qui ont la chance de bénéficier de finances conséquentes pourront s’orienter vers les formules dites de promotion, lesquelles regroupent au sein d’un même classement, les utilisateurs d’un modèle spécifique d’un constructeur, mais là encore il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus.


Merci beaucoup Jean-Louis.