Reine d'un jour

Renonçant au Championnat du monde "Sport" pour se concentrer uniquement sur le Mans, la firme de Vélizy prépare soigneusement son affaire et lance la construction de trois nouveaux modèles du type MS 670. Très proche de la 660 (apparue en 1970) avec sa structure monocoque en aluminium et son moteur porteur, la 670 s'en distingue par une surface frontale affinée par l'adoption de roues de 13 pouces (au lieu de 15). Spécialement conçue pour résister à une épreuve de 24 heures, elle est dotée de pièces renforcées et d'un équipement électrique généreux qui font monter le poids à 720 kg, soit 70 kg de plus que le minimum de la catégorie 3 litres. Côté moteur, les voitures de Beltoise-Amon et de Cevert-Ganley disposent du type MS 72, la version la plus récente et moins gourmande en carburant du V12 dérivée du moteur F1, dont la puissance a été réduite de 500 à 450 ch pour Le Mans.

Pescarolo-Hill, ainsi que Jabouille-Hobbs (sur une ancienne 660) conservent la version MS 12, à peine moins puissante et à la fiabilité éprouvée. Panachage également sur le plan aérodynamique avec des capots arrière courts pour Beltoise et Pescarolo et des longs pour Cevert et Jabouille. Grandissimes favorites après le forfait de Ferrari, les Matra trouvent tout de même sur leur route, les Alfa Romeo et les Lola. Si la vitesse de pointe de ces dernières, trouble la sérénité des "bleues" en début de course, les premières quant à elles, ne furent jamais dans le coup.

Tétanisée par l'abandon de Beltoise (moteur cassé) survenu à la fin du premier tour, l'équipe doit davantage lutter contre son anxiété que combattre ses rivaux, tant elle écrase la course. Enfin, après quelques émois consécutifs à une violente averse, l'équipe française réalise un impeccable doublé et signe le premier succès français aux 24 heures depuis 1950. Première sortie et première victoire pour la 670 ! Un succès qui donne de l'appétit et des ambitions à Matra qui décide non seulement de remettre son titre en jeu au Mans, mais aussi de se consacrer à temps plein à l'endurance en 1973.

Renonçant à son programme Formule 1, Matra peu alors investir tous ses moyens techniques et humains sur le programme 670. Pour être compétitive dans les épreuves de 1000 km, la 670 (devenue 670 B) subit alors une sérieuse cure d'amaigrissement (50 kg), se dote d'une boîte de vitesses "type F1" à crabots et voit la puissance de son V12 portée à plus de 480 ch. Pour Le Mans, les voitures retrouvent leur configuration "endurance" (équipement électrique plus important, boîte à synchros et moteur moins puissant) et adoptent une carrosserie à capot arrière long surmonté d'un large aileron. Fiables et pouvant compter sur une tenue de route supérieure à celle des Ferrari, les Matra vont finir par s'imposer malgré de gros problèmes de pneumatiques. Une victoire obtenue de haute lutte pour les 670 B qui, en moins d'un an, sont incontestablement devenues les meilleures machines "Sport" du moment.

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