A Saint-Bénigne (Ain), un couple risque une contravention pour « l'encombrement » d'un accotement, régulièrement fleuri en hommage de leur fils décédé dans un accident de moto.

Depuis quelques jours, l'affaire fait grand bruit. La municipalité de Saint-Bénigne (01) menace d'envoyer une contravention à Dominique et Rachel Bouton, dont le fils Thierry s'est tué en moto en novembre 2013 sur le territoire de la commune. Motif : les fleurs déposées sur le bord de la route empièteraient sur la chaussée, causant un défaut de propreté et de sécurité pour les usagers.


Le maire de l'époque, Guy Mortel, a déclaré « au départ avoir accepté des dépôts sur le domaine public, à condition qu'ils restent discrets et provisoires, mais ils ont pris de l'importance », à savoir « 21 pots de fleurs et plusieurs panneaux de sculptures ». Suite à la demande de la municipalité de retirer les fleurs et les divers objets témoignant du drame, la famille endeuillée a pris rendez-vous avec le maire, pour lui expliquer que la recrudescence de fleurs n'était pas uniquement de son fait, et que son rôle n'était pas de « faire la police » pour supprimer les nombreuses marques d'affection encore régulièrement déposées, notamment par les amis motards du jeune homme. Suite à quoi le maire s'est vivement emporté : « Ce ne sont pas les motards qui feront la loi sur ma commune ! » rapporte Cathy Bouton, la sœur de Thierry.

La famille Bouton s'est pliée dans un premier temps aux exigences du maire, mais les hommages ont continué à s'accumuler : « Nous avons retiré les fleurs et demandé aux gens d'arrêter, mais des bouquets ont continué à faire leur apparition. Nous ne pouvons pas nous opposer aux dons anonymes. »

C'est ainsi que Jean-Jacques Willig, le successeur de Guy Mortel, a envoyé un courrier à la famille Bouton en citant l'article R 116-2 du Code de la voirie routière : cet article prévoit une contravention de 5e classe pour celui qui aura, sans autorisation préalable, occupé le domaine publique ou y aura effectué des dépôts. Le montant de la contravention s'élève à 1.500 euros, et 3.000 euros en cas de récidive.

Pour l'instant, le couple dit refuser de payer l'amende si jamais cette dernière leur était envoyée.


Fleurs, statuettes, pancartes, silhouettes noires... nombreux sont les témoignages présents sur le bord de la route pour rendre hommage aux usagers tués dans un accident. Cette affaire pourrait très probablement faire polémique sur l'ensemble du territoire français si jamais la mairie de Saint-Bénigne mettait sa menace à exécution.