Un rapport du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) indique que l’élimination des subventions aux énergies fossiles est un facteur clé dans la baisse des gaz à effet de serre, qui permettrait également de stimuler lentement mais sûrement l’économie mondiale.

Ce rapport conteste l'idée reçue voulant que ces subventions bénéficient aux pauvres, argumentant que nombre de ces mécanismes de soutien des prix privilégient les classes supérieures de la société plutôt que celles à faibles revenus. D'après lui, ces subventions servent à détourner les fonds nationaux des politiques et initiatives innovantes qui sont susceptibles d’avoir un impact beaucoup plus important sur les moyens de subsistance et modes de vie des classes sociales les plus défavorisées.

Le PNUE souligne que dans le monde, près de 300 milliards de dollars ou 0.7% du PIB mondial sont alloués aux subventions énergétiques par an. La plus grande part du budget sert à abaisser ou réduire artificiellement le prix réel des combustibles comme le pétrole, le charbon et le gaz, ou l’électricité issue des combustibles fossiles. Son rapport mentionne que la suppression de ces subventions permettrait de diminuer les émissions de gaz à effet de serre de l’ordre de 6% par an tout en contribuant à une hausse de 0.1% du PIB mondial.

Le rapport met en avant que certaines subventions ou mécanismes de soutien, comme les allègements fiscaux, les incitations financières ou autres mécanismes de marché, peuvent générer des bénéfices économiques, sociaux et environnementaux comme les tarifs de rachat qui sont à l’origine d’une révolution des énergies renouvelables dans certains pays comme l’Allemagne et l’Espagne. Il reconnaît de même que certaines subventions, lorsqu'elles sont bien conçues et limitées dans le temps, peuvent contribuer à des objectifs sociaux et environnementaux importants, comme les subventions qui promeuvent l’utilisation de combustibles moins nocifs pour la santé et l’environnement que le charbon.

Le PNUE évoque aussi les subventions de Gaz de Pétrole Liquéfié (GPL) en Inde où 1.7 milliards de dollars ont été investis au cours de la première moitié de 2008 pour faciliter l’accès aux combustibles à des ménages pauvres. Toutefois, les subventions GPL ont surtout été bénéfiques aux ménages à revenus plus élevés… malgré l’inefficacité de la subvention, le programme a été prolongé jusqu’à 2012. L’étude démontre que dans plusieurs pays en développement, les subventions ne privilégient pas les pauvres et l’environnement mais plutôt les ménages bien nantis, les constructeurs d’équipement et les industries productrices de combustibles.

Achim Steiner, Sous-secrétaire général des Nations Unies et Directeur exécutif du PNUE, affirme qu'au final, plusieurs subventions aux énergies fossiles voient le jour pour des raisons politiques et servent à soutenir et perpétuer des inefficiences dans l’économie mondiale (à ce titre elles font partie des échecs du marché comme le changement climatique). Il rappelle qu'il reste moins de 500 jours avant l’importante conférence sur le climat à Copenhague fin 2009 : les gouvernements devraient réexaminer leurs subventions énergétiques et supprimer celles qui sont inefficaces et portent préjudices aux ressources limitées. En effet, celles-ci retardent l’introduction des énergies renouvelables ou d’autres formes efficaces de production d’énergie, en érigeant des barrières qui vont des transports en commun jusqu’aux appareils économes en énergie.

Le nouveau rapport du PNUE intitulé "Reforming Energy Subsidies: Opportunities to Contribute to the Climate Change Agenda" a été publié aujourd'hui à Accra (Ghana) à l'occasion de la réunion de la Convention-Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques : les gouvernements se sont rassemblés afin de poursuivre les négociations relatives à la feuille de route de Bali pour parvenir à un nouvel accord plus ambitieux sur le climat à Copenhague en 2009. Vous pouvez consulter ce rapport à l'adresse suivante : www.unep.org.