Pour faire trop court, les parlementaires ont pris des dispositions du Code de la Route qui relèvent du délit et du tribunal correctionnel pour en faire des contraventions de cinquième classe de la prérogative du tribunal de Police. Avec l'idée, pas si saugrenue, qu'il vaut mieux être sanctionné rapidement pour une grosse contravention que de voir repousser son jugement aux calendes grecques et écoper d'une petite peine délictuelle. Certes, mais dans la hiérarchie, le fait est que l'acte répréhensible perd en degrés. Ce qui peut paraître dommage lorsqu'il s'agit de conduite sous l'emprise d'un état alcoolique.


Alors que l'on sait que la conduite addictive est une cause principale de la mortalité routière, les élus proposent de la punir par des peines revues à la baisse. Ce n'est certainement pas le message qu'ils veulent faire passer mais le fait est là et qu'importe si, au bout du compte, la sanction arrivera plus sûrement et rapidement. C'est ainsi, notre système judiciaire est si exsangue que l'on se focalise plus sur une solution technique pour le maintenir peu ou prou en état de fonctionnement plutôt que de se rendre compte des dégâts auprès de l'opinion publique d'une telle logique. Car ce qu'il reste, c'est qu'une première alcoolémie avec un taux de 0,80g par litre de sang ne sera plus un délit mais une contravention de cinquième classe. Mécaniquement, le système se fait plus indulgent.


La même logique est promise pour le défaut de permis de conduire, le défaut d'assurance et, last but not least, la conduite sous l'effet de stupéfiants. Entre édulcorer la peine pour la rendre plus sûre ou garder une peine sévère qui aura le plus grand mal à être prononcée, le débat est ouvert sur fond de faillite du système judiciaire. Un délabrement qui pose ouvertement la question de l'utilité sociale de la peine qui doit, par sa sévérité, dissuader. Or, lorsque, au volant avec 0,8g d'alcool dans le sang, on devient un contrevenant et non plus un délinquant, quel message est-il envoyé ?