Enfin, un mois encourageant en matière de mortalité sur les routes ! En mars, le bilan fait état de 231 tués, contre 261 un an plus tôt, correspondant à une baisse de 11 %... Un bilan positif comme celui-ci, ça n'était pas arrivé depuis août dernier ! Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a donc profité des départs de ce long week-end de Pâques pour annoncer lui-même, ce samedi, ces bons chiffres. Sans oublier de marteler au passage que ses 26 mesures annoncées le 26 janvier étaient bel et bien en train de se mettre en place, voire déjà appliquées.

Depuis le début de l'année, ce sont 734 personnes qui ont perdu la vie sur les routes françaises, selon les chiffres encore provisoires de la Sécurité routière, contre 721 sur les trois premiers mois de 2014. La tendance n'est donc pas complètement inversée, mais elle paraît tout de même s'améliorer. « Je souhaite que ces résultats soient le signal d'une réelle prise de conscience », a indiqué le ministre, et c'est « la raison pour laquelle, j'ai décidé le 26 janvier dernier de lancer un plan d'action pragmatique et ambitieux ».

 

L'expérimentation du 80km/h sur 3 axes routiers prévue pour l'été

Prag-ma-tique, c'est bien le mot d'ordre qu'a souhaité faire passer le ministre lors de ce déplacement au péage de Fleury-en-Bière sur l'autoroute A6, puis à la préfecture de Melun (Seine-et-Marne). « C'est sûr que lorsqu'on ne roulera plus, il n'y aura plus d'accident », a-t-il même lâché à une journaliste qui lui demandait s'il ne vaudrait pas le coup de descendre en dessous des 80 km/h sur les routes bidirectionnelles du réseau secondaire, aujourd'hui limitées à 90 km/h.

Cet abaissement de 10 km/h, c'est en effet la principale mesure préconisée par les experts du Conseil national de la Sécurité routière (CNSR), cette instance de conseil pour le gouvernement en matière de sécurité routière, pour descendre sous le seuil des 2 000 morts sur les routes à l'horizon de 2020. Reste que dans l'entourage du ministre, la volonté n'est pas de « brusquer », ni de « braquer ». Ce qui est désormais recherché, « c'est l'adhésion » du plus grand nombre. Voilà pour le message officiel. L'idée est donc de jouer sur plusieur leviers, et non plus s'intéresser qu'à la seule lutte contre la vitesse.

L'expérimentation de l'abaissement du 90 à 80 km/h aura pour autant bien lieu, mais sa généralisation ne sera décidée que si le test confirme son efficacité. En pratique, à quoi faut-il alors s'attendre ? « Les 3 axes » qui serviront à cette expérimentation seront annoncés « lors de l'assemblée plénière du CNSR prévue le 11 mai prochain », a précisé Bernard Cazeneuve. A priori, seulement trois portions de routes secondaires seront donc concernées, a-t-on appris ce jour. Une expérimentation qui devrait être effective pour cet été.

 

Oreillettes interdites, stationnement gênant à 135 €

et alcoolémie abaissée pour les jeunes à partir du 30 juin

Parmi les autres mesures attendues d'ici le 30 juin, il y a :

  • l'interdiction de téléphoner au volant via les oreillettes. Seuls les véritables kits mains libres, soit les systèmes intégrés Bluetooth (sans fil) demeureront autorisés. Les sanctions prévues en cas de non-respect restent à confirmer. Mais a priori, l'amende ne devrait pas évoluer. Aujourd'hui, pour rappel, 135 euros sont réclamés quand un PV est dressé pour « l'usage d'un téléphone tenu en main », en plus du retrait de trois points sur le permis de conduire ;
  • l'abaissement du taux légal d'alcoolémie de 0,5 à 0,2 g/l de sang pour les conducteurs novices, c'est-à-dire quand ils sont détenteurs du permis de conduire depuis moins de trois ans (ou moins de deux ans après la conduite accompagné) ;
  • l'amende pour un stationnement gênant sur les passages piétons, les trottoirs ou encore les pistes cyclables devrait aussi passer de 35 à 135 euros.

 

Bientôt des radars feux rouges qui flasheront aussi les excès de vitesse

Parmi les autres 26 mesures du 26 janvier, Bernard Cazeneuve a voulu insister sur le fait que certaines d'entre elles étaient déjà mises en place, comme l'agrandissement des plaques d'immatriculation des deux-roues (pas toujours bien visibles sur les clichés pris par l'arrière des radars automatiques) ou encore la modernisation du parc de radars automatiques (laquelle est « continuelle »). D'ici la fin de cette année 2015, d'autres mesures seront également opérationnelles, nous a-t-on assuré, comme :

  • le contrôle de vitesse par les radars feux rouges. Plus exactement, « une expérimentation verra le jour avant le 31 décembre », nous a-t-on confié au ministère de l'Intérieur,
  • le problème du « surteintage des vitres » devrait aussi être clarifié, puis,
  • les discussions pour le développement des enregistreurs de données de la route (EDR), ces mouchards qui permettront de donner des indications sur la vitesse, les accélérations et/ou les coups de frein après un accident, seront relancées au niveau européen.

Voilà pour l'essentiel, le programme officiellement présenté par le ministre de l'Intérieur ce samedi. Emmanuel Barbe, le nouveau délégué interministériel à la Sécurité routière, qui l'accompagnait, n'a pour sa part pas pris la parole. Les services du ministère de l'Intérieur nous ont toutefois indiqué que cela ne saurait tarder. A suivre...