Selon l'Observatoire annuel des comportements dits « à risque » effectué par la société d'autoroutes Sanef depuis 2012, l'accidentologie sur son réseau s'est améliorée, alors même que le comportement de ses usagers n'a guère suivi cette évolution positive. Selon son étude publiée ce jeudi, elle a comptabilisé 26 accidents mortels en 2014 (contre 27 et 30 respectivement en 2013 et 2012), ainsi que 431 accidents corporels (contre 448 et 496 les deux années précédentes). Dans les deux cas, cela correspond ainsi à une baisse de 13 % en deux ans. Mais un mieux qui peut difficilement être expliqué par une amélioration du comportement de ses usagers !

Les vitesses sont constantes et toujours relativement élevées sur la section observée depuis 2012. Il s'agit d'une portion de l'autoroute Paris-Deauville (A13), sur laquelle « on roule vite depuis toujours », précise Arnaud Quémard, directeur de l'exploitation du groupe autoroutier. « On est en ligne droite, sur une trois voies, en pleine campagne, sans radar fixe ». La limitation autorisée y est de 130 km/h, et la vitesse moyenne constatée depuis 2012 reste inchangée à 127 km/h, observe la Sanef. A titre de comparaison, la vitesse moyenne, tous véhicules confondus, relevée sur les autoroutes concédées est de 115 km/h, selon l'Association des sociétés françaises d'autoroutes (Asfa).

 

Plus de 5 000 véhicules à plus de 150 km/h en une semaine

Ce qui est frappant, c'est « le pourcentage d'excès de plus de 20 km/h », ajoute Arnaud Quémard, soit à plus de 150 km/h, puisqu'il reste calé à 3 % en 2015, sur les 168 000 véhicules observés en un semaine. « On est vraiment au point mort » de ce point de vue-là, concède-t-il.

Pour le reste des données étudiées, ce n'est guère mieux. L'usage du clignotant, après avoir connu une certaine amélioration en 2014, s'est de nouveau dégradé cette année. La Sanef constate alors que les campagnes de sensibilisation ont un impact puisque, contrairement à l'an dernier, il n'y en a pas eu en 2015. « Les initiatives de sensibilisation ont un effet positif sur les conducteurs mais les mauvaises habitudes reviennent vite », note-t-elle. Idem ou presque sur le respect des distances de sécurité.

Plusieurs nouveautés viennent compléter l'étude de cette année. La Sanef s'est également interrogée sur l'usage du portable tenu en main par ses usagers. « Sur 1 000 conducteurs observés, 40 ont leur téléphone à l'oreille en conduisant (...). Sur une section à 50 000 véhicules par jour, cela pourrait représenter 2 000 conducteurs ! , conclut-elle.

Pour la première fois aussi, la société est allée scruter les comportements dans son tunnel de l'A14, où la vitesse limite est de 90 km/h. Voici ses résultats, qu'elle juge « alarmants » : 52 % des véhicules légers sont en excès de vitesse, 32 % ne respectent pas les distances de sécurité, 13 % n'allument pas leurs feux de croisement. Comme sous son tunnel, les règles du code de la route sont encore moins bien suivies en zones de chantier, troisième nouveauté de cet observatoire 2015. « En zone de travaux, les distances de sécurité sont encore moins respectées », indique ainsi la Sanef.

Bilan : la proportion de comportements à risque est loin de diminuer. Elle est stable, voire se détériore légèrement cette année, mais sans véritable impact sur l'accidentologie, qui tend au contraire à s'améliorer... du moins pour l'instant !