A la conclusion du Grenelle de l'environnement le 25 octobre 2007, le président de la République Nicolas Sarkozy a évoqué la proposition d'une taxe écologique annuelle sur les véhicules neufs les plus polluants : il a souhaité que cette taxe permette de financer le retrait des vieilles voitures polluantes grâce à une prime à la casse progressive et durable pour aider au rachat d'un véhicule propre.

Le 5 novembre, la ministre de l’Economie et des Finances Christine Lagarde lui a emboité le pas en indiquant que la prime à la casse entrerait en vigueur dès cet hiver. D'après elle, cette prime à la casse, financée par l'éco-pastille, concernera les grosses voitures, les voitures polluantes et les 4x4 (voir article). Elle a parlé d'"une prime à la casse pour toutes les vieilles voitures en fin d'amortissement qui ont six, sept ou huit ans". Les objectifs de cette prime : encourager l’achat de véhicules moins polluants et renouveler le parc automobile français, âgé de 8 ans en moyenne d'après le Comité des constructeurs français d'automobiles.

Le gouvernement français a demandé à un groupe de travail de rédiger des propositions concrètes à partir du principe de prime établi. Elles seront transmises à Jean-Louis Borloo mi-décembre 2007. Puis le gouvernement tranchera sur le sujet : cette prime devrait figurer dans la loi sur l'environnement planifiée en février 2007. D'après l'entourage du ministre de l'Ecologie, le groupe de travail planche sur une prime symbolique mais suffisamment incitative pour induire de vrais changements chez les automobilistes et les industriels : le montant serait proche de celui de l'ancienne "juppette" (5000 francs), environ 1 000 euros. Le terme qui serait utilisé : prime à la casse ou prime de renouvellement.

Prime à la casse 2007 : qu'en pensent les constructeurs français ?

En attendant, les constructeurs français préparent le terrain et sont contents de cette mesure ! PSA Peugeot Citroën a toujours mis en avant que le meilleur moyen de protéger l’environnement est d'inciter au retrait de la circulation des vieux véhicules (voir article). D'après lui, 60 % des émissions polluantes viennent des voitures de plus de dix ans qui représentent un tiers du parc. Jusqu’à fin novembre 2007, Peugeot propose d'ailleurs une prime de 500 à 1 000 euros pour la reprise d’une voiture qui a plus de 10 ans en échange de l’achat d’un véhicule neuf (label Blue Lion). Egalement, Citroën met en avant son label Airdream. Quant à Renault, il salue toute initiative permettant un rajeunissement du parc automobile. Il a déjà instauré le label Eco2.

Les modèles français sont moins puissants et moins polluants que les modèles allemands. Ces mesures encourageant à acquérir des véhicules moins polluants favoriseraient ainsi les modèles français. Par contre, PSA Peugeot Citroën et Renault attendent plus de précisions sur les modalités d'application : ils veulent que la mesure ait un effet immédiat quand elle sera annoncée. PSA souligne : "Autrement, le marché pourrait connaître un creux, les clients potentiels risquant de reculer leur achat de quelques mois."

Le pont entre le passé et le futur...

Cette prime à la casse sera différente des mesures ponctuelles appliquées en 1994 et 1996 par Edouard Balladur et Alain Juppé : la dimension écologique s'inscrira dans la durée. Suite à la "balladurette" et la "juppette", les ventes ont augmenté de 200 000 unités en 1996 mais elles ont baissé de 400 000 unités en 1997. Un effet yoyo qui n'a pas plu à l'industrie automobile... Le Conseil national des professions de l'automobile (CNPA) a précisé qu'"un million et demi d'automobilistes ont bénéficié de ces mesures : l'ennui, c'est que plus de la moitié d'entre eux ont anticipé leur achat, ce qui s'est répercuté négativement par la suite." Et d'ailleurs, ces mesures qui ont coûté 1 milliard d'euros à l'État, n'ont pas impulsé le rajeunissement du parc automobile français entre 1995 et 1997 : l'âge moyen des voitures particulières était estimé à 7 ans en 1997. Cela ne s'est guère amélioré 10 après. A l'avenir, nous verrons si cette prime révolutionne l'univers automobile et bénéficie à l'écologie !

(Source : CCFA, Le Figaro Photo : Commission européenne, CARMOTEX)