Prise en mains - Renault Master H2-Tech : il va plus loin, beaucoup plus loin
Premiers tours de roues au volant du Renault Master H2-Tech, un Master électrique pas tout à fait comme les autres puisque fonctionnant à l’hydrogène. À la clé, 400 kilomètres d’autonomie annoncée.
Ceci est un fourgon électrique. Mais pas seulement. C’est précisément un Renault Master H2-Tech. C’est donc un Renault Master électrique à hydrogène. Autrement dit, un véhicule électrique produisant sa propre électricité. Le principe est assez simple : ce Renault Master emporte dans ses quatre bonbonnes 6,4 kilos d’hydrogène à 700 bars. Ce « carburant » alimente la pile à combustible de 30 kW, apportant 300 kilomètres d’autonomie. Ce qui fait une consommation théorique d’environ 2 kg d’hydrogène aux 100 km. Pourtant, Renault évoque 400 kilomètres d’autonomie… C’est en fait une classique batterie de 33 kWh qui apporte les 100 kilomètres d’autonomie supplémentaires.
Le Renault Master H2-Tech est un « dual power » : l’alimentation du moteur en électricité provient soit directement de la pile à combustible, soit de la batterie, soit des deux en cas de fortes sollicitations. Bien sûr, le conducteur n’a rien à faire et ne sait même rien du mode d’alimentation. Selon le constructeur, cette double source d’énergie est aussi rassurante puisqu'il n’y a pas de risque de tomber en panne. Si l’hydrogène vient à manquer, la batterie prend le relais et vous permettra de rentrer à bon port ou d’atteindre la station d’hydrogène la plus proche (s’il y en a une sur votre trajet…). Cette batterie se recharge comme pour n’importe quel véhicule électrique, il suffit de se brancher. Pour l’hydrogène, recharger les bonbonnes est encore plus simple : c’est comme faire le plein sur un véhicule thermique. En cinq minutes, l’affaire est réglée…
12 m³ de volume utile, 1 tonne de charge utile
Ce fourgon est réalisé sur la base d’un Master L3 H2, mais il devient de fait un L3H3 en raison de l’encombrement des bonbonnes d’hydrogène sur le toit. D’une longueur de 6,22 mètres pour une hauteur totale de 2,85 mètres, il offre un volume utile de 12 m³, une charge utile d’une tonne et une hauteur intérieure de 1,80 m, ce qui en fait le véhicule parfaitement adapté au transport de marchandises et de colis pour des livraisons en ville. Son PTAC est proche des 4 tonnes, mais comme toujours avec ce type de véhicule électrique, il est possible par dérogation de le conduire avec un permis B.
Moteur atone
Sur la route, au terme des quelques kilomètres effectués au volant de ce Master, pas de surprise : nous sommes bien au volant d’un fourgon électrique. Il se comporte comme tel, roule en silence, accélère bien et adopte globalement un comportement sain. Même les bonbonnes placées sur le toit ne semblent pas modifier la conduite de ce grand fourgon, mais la poignée de kilomètres effectués ne nous a pas permis de nous en assurer.
Pour autant, ce Master reste le Master électrique… Il ne faut pas attendre grand-chose de son moteur d’une puissance de 57 kW, soit 76 petits chevaux, qui est en fait le moteur de l’ancien Renault Kangoo ZE. La vitesse du véhicule est d’ailleurs limitée à 90 km/h puisque c’est un véhicule lourd. C’est bien suffisant pour circuler en ville ou en zone urbaine, cela l’est nettement moins pour s’engager sur des voies rapides. À bord aussi, nous sommes bel et bien à bord d’un Master E-Tech Electric. Ou plutôt d’un Master ZE, comme indiqué au tableau de bord. Ce Master nouvelle appellation n’est en effet qu’un Master ZE renommé. Rien de vraiment nouveau, et le Master H2-Tech reprend cette planche de bord franchement datée et ces informations parcellaires apportées sur des écrans d’un autre âge, que ce soit celui de la console ou celui, ajouté à gauche du tableau de bord, donnant les informations liées à l’hydrogène.
Pas de prix…
Renault/Hyvia refuse d’avancer un quelconque tarif pour ce Master H2-Tech, arguant que le tarif est étudié avec le client, en fonction de ses besoins et de ses contraintes, et que le véhicule peut-être loué plutôt que vendu. Sans prendre grand risque, il est tout de même possible de situer ce Master au-dessus des 120 000 € HT. Clairement, il ne s’adresse pour l’instant qu’à des grandes entreprises et de grandes flottes, soucieuses de leur image.
Le prochain début 2025
Ce Master Van H2-Tech a été développé par Hyvia, récente joint-venture entre Renault et Plug, une entreprise américaine leader des piles à combustible. Il est entièrement fabriqué en France au terme d’un parcours un tantinet complexe et coûteux : il est produit à Batilly en Meurthe-et-Moselle, comme tous les Master, l’assemblage et les tests de la pile à combustible ont lieu à Flins dans les Yvelines et l’intégration de la pile au véhicule se fait à Grezt-Armainvilliers près de Paris. Au passage, soulignons que c’est d’ailleurs sur le site de Flins qu’Hyvia vient d’installer son premier électrolyseur, doté d’une capacité de production de 400 kg d’hydrogène par jour.
Véritable pionnier, ce Renault Master H2-Tech est « le véhicule de lancement de la mobilité hydrogène pour Renault » pour reprendre la terminologie de la marque. Une première étape en quelque sorte qui ne devrait guère durer. Le Master va franchir une nouvelle étape dans peu de temps : les réservoirs d’hydrogène vont quitter le toit du fourgon pour aller se loger sous le plancher. Cette deuxième étape est là pour préparer la troisième et dernière : si le tout nouveau Renault Master est attendu en fin d’année, sa version hydrogène verra le jour début 2025. Sur ce futur Master H2, entièrement et uniquement fabriqué sur les chaînes de l’usine de Batilly, les bonbonnes se trouveront dans le soubassement, l’habitacle sera dernier cri, le moteur sera plus performant, et d’autres versions verront le jour. Bref, le parfait grand utilitaire à hydrogène est presque pour demain…
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