Je n'ai pas encore le permis de conduire mais cela ne m'empêche pas de conduire, la nuit, dans mon rêve. C'est un rêve qui revient de temps en temps. Dans ce rêve, je sais que je n'ai pas de papier mais je prends la voiture avec une grande assurance. C'est une Peugeot 305 Break. Blanche. J'adore conduire, j'adore cette excitation et cette maîtrise dans les virages les plus tournoyants. Presqu'un état d'urgence. Je conduis. La voiture roule. Je ne pense qu'à la distance, qui me sépare de la vitesse. Ce rêve, ce plaisir solitaire. La 305 et moi, la 305 et le silence. Bien sûr que cette voiture n'est pas silencieuse. Elle véhicule une voix en vous, en moi. Quand je conduisais, je savais que j'étais dans mon propre rêve. Aucune ivresse. Aucun flic. C'est un sentiment de Liberté. J'entendais le murmure d'une voix. Presqu'un bruissement, malgré le bruit de la machine. J'entendais les arbres, je ne les voyais plus. J'étais traversée par la NACHT, par le BLAU et des milliers d'étoiles. Ce rêve je le conduisais comme sur une voie lactique. Et la 305 me prenait par la gorge, par le bas du ventre et par les pieds. La machine jouissait en moi et de mes yeux sortait le fuel de l'amour. J'étais déjà réveillée, ce n'était pas un rêve. La 305, était déjà une lutte pour l'ignorance : savoir conduire sans papier. Une attestation par le subtil nocturne ; je n'avais pas besoin de cours pour prendre la voiture la nuit. Le seul garage c'était la lune, les étoiles et tous ces animaux cachés dans le défilement de la forêt. Je donnais de la vitesse au paysage. Pas besoin de d'appareil photographique : la sensibilité dépasse l'image. La 305 blanche est une boîte noire. Ce rêve n'avait aucun obturateur. Il n'y avait que la volupté : ma Bouche et ma Langue sur la vitre. J'embrassais déjà l'amour. Je conduisais et je n'avais aucun âge. Les sièges étaient bleus et il y avait toujours le déodorant de mon père dans la boîte à gants. Je ne me rappelle plus si j'arrive à destination, mais je me rappelle de la lumière. L'ignorance ne cherche pas à savoir, elle part avec l'urgence et apprend à voir pendant le trajet. Le rêve ne s'achève jamais c'est pour ça que je m'en fous d'avoir un permis de conduire.



Je sais à peine compter.

MAIS

Je peux toujours prendre

ce que donne

INCALCULABLE

3+0+5

L'enfance aime

le grand 8

La Nuit, ICH BIN BLAU et sans PAPIER.

Ma langue sur la vitre

Peugeotte

Embrasse

T'amour.