« On attend toujours sa base de données et je ne pense pas qu'on aura davantage de précisions là-dessus avant la fin de l'année, voire début 2013 ». Fabien Pierlot n'a pas semblé très inquiet concernant les zones de danger que le ministère de l'Intérieur doit fournir aux fabricants de GPS avertisseurs de radars, et que ces derniers se sont engagés à intégrer à leurs boîtiers, en signant un protocole d'accord avec le gouvernement le 29 juillet 2011. Lors de la conférence de presse tenue ce mercredi matin pour le lancement d'un nouveau modèle, le PDG de Coyote a bien pris la peine de préciser également que n'étaient de toute façon attendues que « des zones pertinentes. Car trop d'infos tue l'info, et ça, c'est vraiment notre principe de base commun [NDLR : avec le gouvernement] ».

Car c'est bien là le problème : si les zones de danger se multiplient, les « assistants d'aide à la conduite », comme il faut les nommer désormais, perdraient beaucoup de leur attrait, en vibrant et sonnant sans arrêt. Pour sauver leur peau, suite à l'annonce de leur interdiction – pure et simple – par le Comité interministériel à la Sécurité routière du 11 mai 2011, les fabricants rassemblés au sein de l'Association Française des Fournisseurs et utilisateurs de Technologies d’Aide à la Conduite (AFFTAC) étaient tout de même prêts à prendre le risque. Mais près d'un an plus tard, une fois la pression retombée, le gouvernement pourrait ne pas se montrer aussi intransigeant qu'initialement. Et les signataires de l'accord ont vraiment tout à gagner de ce contretemps, que l'élection présidentielle ne va pas arranger... Comme leurs clients, sans aucun doute soulagés, qui pourront continuer à affluer.

 

Des zones de danger mal définies en préfecture

Le ministère de l'Intérieur a pourtant bien remis une circulaire aux préfets de département, afin de leur demander de faire parvenir avant le 21 octobre 2011 « un récapitulatif (...) des sections de voie pouvant être qualifiées de dangereuses ». Ces « sections » devant présenter :

  • « soit une signalisation de danger (…) ;
  • soit une limitation de vitesse localisée inférieure à la limitation générale prévue par le code de la route (par exemple les virages limités à 70 km/h sur les routes à 90 km/h (…)) ;
  • soit une accidentalité spécifique (…).

Il ne s'agit pas pour vous de recenser systématiquement la totalité des zones qui correspondent aux critères ci-dessus », ajoutait-il dans cette feuille de route, « mais de lister (…) celles qui méritent un signalement particulier par le moyen des outils d'aide à la conduite. Le nombre des zones considérées dépend du linéaire des voiries de votre département. »

Dans cette circulaire, la définition de ces « zones de vigilance accrue », comme les autorités les nommeraient, est à ce point vague que les rumeurs les plus folles courent depuis à leur sujet. Comme, par exemple, que le nombre de ces sections doive correspondre au nombre de radars implantés dans le département multiplié par 10. Imaginez un peu : 100 alertes en plus de 10 cabines... Ce serait la mort des Coyote et autres Inforad ou Wikango ! De son côté, Fabien Perlot l'assure : « il ne devrait quasiment pas y en avoir sur autoroute », et pas plus de quatre zones dangereuses pour une zone de radar... Mais le cafouillage est tel et les bases d'analyse tellement différentes d'un département à un autre que près de six mois plus tard, rien n'est de toute façon calé.

Si le ministère devait fournir la fameuse base de données attendue dans les prochaines semaines, les fabricants auraient de toute façon six mois pour l'intégrer... Ces derniers ont donc vraiment le temps de voir venir et d'espérer (que rien ne vienne) !

 

Pas de PV pour le moment ?

Rappelons que le mot « radar » est aujourd'hui banni des GPS – avertisseurs communautaires ou pas. Désormais, ils ne peuvent annoncer que des « zones de danger », qui peuvent contenir – ou non – des radars fixes, et des « zones à risque », lesquelles peuvent présenter – ou non – des contrôles mobiles. Et ce non plus en un point précis, c'est-à-dire sur :

  • 4 km sur le réseau autoroutier,
  • 2 km hors agglomération et
  • 300 mètres en agglomération.

Enfin, les utilisateurs de GPS non conformes encourent depuis début 2012 une amende de 1.500€, un retrait de six points sur leur permis de conduire (qui peut leur être suspendu jusqu’à trois ans), ainsi que la confiscation dudit GPS et de leur véhicule ! Les propriétaires de voitures équipées en première monte de GPS sont les plus malchanceux dans cette affaire ! Renault associé à TomTom, cela représente 1 million de véhicules commercialisés depuis deux ans. Maintenant les agents verbalisateurs ne dresseraient aucun PV pour ce motif avant la publication d’une circulaire d’application... Là aussi, selon nos informations, le ministère de l'Intérieur aurait pris un peu de retard, car elle était attendue pour février.