Mais ce chiffre correspond-il à une réalité ? Si oui, quelle réalité ?

Un chercheur à l'OFCE, le centre de recherche sur l'économie de Sciences-Po a étudié d'un peu plus près ces données et met en garde contre une mauvaise interprétation de ces chiffres.

Il est évident que brandir le poids de 10% des actifs français, soit environ 2.5 millions de personnes, est une arme de communication efficace dans des négociations au plus haut niveau. Toutefois, selon Sylvain Barde, ce chiffre peut engendrer une mauvaise perception des enjeux et des remèdes car il entretient la confusion entre l'usage et la production automobile.

Selon ce chercheur, la crise actuelle ne mettrait pas en péril les 2.5 millions d'emplois liés à la filière automobile (qui existent donc réellement) mais les 737.000 directement ou indirectement impliqués dans l'activité de production. Et là, on ne parle plus de 10% mais seulement de 3% des actifs. Les 1.8 million restants sont liés à la gestion du parc automobile (garagistes, assureurs, stations-services, entretien des routes...) et ne sont pas concernés par les difficultés évoquées par les patrons des groupes automobiles qui ne se privent pas de mettre en avant les fameux "10% d'actifs".

Notez tout de même qu'avant de se faire immoler, Sylvain Barde précise que tout ceci ne remet pas en cause le danger qui pèse sur plus de 700.000 emplois et les conséquences dramatiques que des pertes massives engendreraient. Son intention est simplement de poser le problème le plus clairement possible afin que les arbitrages à faire reposent sur des données exactes.

Et accessoirement, cela nous permet de donner du relief à un chiffre devenu slogan plus que donnée statistique.

via les echos