On trouve aujourd’hui dans les colonnes des petites annonces la seconde génération de la Laguna à des tarifs défiant toute concurrence. Alors faut-il foncer tête baissée, ou y a t-il anguille sous roche ?

La Laguna 2 est apparue sur le marché au tout début de l’année 2001. Les premiers modèles ont donc aujourd’hui plus de 6 ans et demi, et leurs prix ont donc beaucoup baissé. Mais en regardant de plus près les annonces, (nul besoin d’une loupe, je vous rassure) on se rend très vite compte que les tarifs affichés sont en dessous, parfois largement, de la cote "réglementaire". En effet, certains modèles essence paradent largement sous la barre des 6 000 €, voire même celle des 5 000… Hallucinant lorsque l’on sait que le prix d’une telle familiale devrait tourner plutôt entre 6 et 7 000 € pour cette année-modèle, comme c’est le cas pour la concurrence (Peugeot 406, VW Passat, Toyota Avensis, ou Opel Vectra…). Et n’allez pas croire que des kilométrages hors norme l'explique, au contraire ! Certains modèles sont même en dessous de la moyenne, avec moins de 100 000, voire 80 000 km dans les Durit. Contre un chèque équivalent, on trouve même des diesels dCi, certes un peu plus kilométrés.

Une aubaine en apparence

Pour une famille, de tels prix représentent une véritable aubaine. En effet, la Laguna 2 est une familiale cossue et confortable, bien équipée, avec notamment des gadgets innovants pour l’époque (carte de démarrage, alerte de pression des pneus, etc…). Ses motorisations sont sobres et performantes, les diesels en particulier. Elle est également spacieuse, dispose de nombreux aspects pratiques (merci le hayon !), et d’une finition plus qu’honorable. Atout non négligeable, elle fut la première voiture au monde à disposer des cinq étoiles au résultat du crash-test Euro-NCAP ! Le rêve donc, pour tout père de famille, soucieux de transporter celle-ci dans de bonnes conditions de confort et de sécurité. Mais… car il y a évidemment un mais !..

Une fiabilité plus qu'incertaine

La faille de la familiale au losange réside dans une fiabilité que l’on peut pour le moins qualifier de problématique. Du moins le fut-elle durant les 3 premières années de commercialisation. Mais même par la suite la tempête ne s'est pas calmée, et sont apparus de gros soucis mécaniques, qui ont continué à entacher sa carrière. Citons pêle-mêle les soucis les plus récurrents que les propriétaires ont pu rencontrer, et qui ont donné du fil à retordre aux chefs d’atelier du réseau de la marque. Notez que le constructeur participe parfois aux factures, mais souvent de façon notoirement insuffisante.

  • Soucis mécaniques :

Casses de turbo sur les 1.9 dCi 120 ch., qui peuvent entraîner la mort du moteur. Renault prend heureusement les frais en charge, mais seulement si la voiture à moins de 5 ans, et moins de 150 000 km. Usure prématurée des rotules de suspension, qui ont conduit à un grand nombre de contre-visites au contrôle technique. Défaillances de boîte 6 vitesses sur les modèles équipés (nécessite souvent un remplacement complet). Remplacement prématuré du pot catalytique sur les diesels Encrassement répété de la vanne EGR (pertes de puissance) Usure prématurée des disques et plaquettes arrière sur la version Estate. Usure accélérée des gommes, surtout sur les montes en 17 pouces de marque Continental.

  • Soucis électroniques :

Carte de démarrage inopérante car trop fragile sur les premiers modèles. Batterie faible ou qui se décharge en moins de deux semaines (surtout millésime 2001). Allumages intempestifs de voyants d’alerte au tableau de bord. Combiné d’instrumentation défaillant et à remplacer entièrement sur de nombreux modèles. Vitres électriques (fonction impulsionnelle aléatoire, sécurité anti-pincement mal calibrée qui empêche la vitre de remonter…) OUF !! Il n’y a guère que la finition qui rattrape un peu ce vilain tableau. Vous comprendrez donc que si nous ajoutons à tout cela le fait que la Laguna 2 est sur-représentée sur le marché de l’occase, et que même les concessionnaires Renault ne veulent plus le reprendre car ils ne savent plus quoi en faire, tous les ingrédients sont réunis pour faire baisser les prix de cette berline.

Alors au final : bon plan ou pas ?

C’est à vous de voir, car évidemment on peut tomber sur un modèle sans histoire, que l’on aura payé une bouchée de pain. Mais ça reste un achat risqué. A moins bien sûr que vous ne disposiez d’un budget plus conséquent, et que vous puissiez vous offrir le luxe d’un modèle restylé (depuis mars 2005), à la fiabilité presque "normale". Mais dans ce cas, la Laguna n'a plus rien d'une "bonne affaire". Et oui, vous connaissez la maxime : "on ne peut pas avoir le beurre…"