Le projet de développement des biocarburants en France voulu par le gouvernement se concrétise. La première des 500 pompes vertes a vu le jour et fermé aussitôt à Paris. Qu’en pensent les acteurs principaux ? Quels sont les objectifs de l’Etat? Du pied de betterave à la pompe, voici le destin des biocarburants.

Le plan présenté par le « professeur » de la F1, Alain Prost, se concrétise petit à petit. Les ministres de l’économie et de l’agriculture ont inauguré la première pompe verte alimentée en E85 (bioéthanol). Seulement dans la foulée, cette pompe verte a du être fermée car le bioéthanole qu'elle contient n'a pas encore été agréé par les douanes françaises. Cet incident ne devrait être qu'une question de jours selon le gouvernement qui a annoncé également la création de distillerie et l’exonération de TIPP (taxe intérieure sur les produits pétroliers) sur ce produit.

Les agriculteurs se réjouissent de cette nouvelle, qui vient relancer l’économie de la terre. Tout semble rouler pour les biocarburants. Pourtant toutes les voix ne s’accordent pas. Si les verts se réjouissent d’un certains bienfaits pour l’air avec l’usage de biocarburants, ils s’inquiètent des conséquences d’une culture massive des matières premières (engrais, pesticides, irrigation, etc.), de la possible utilisation d’OGM et de la viabilité des carburants verts. Rappelons que les biocarburants proviennent de la biomasse. Et la biomasse n’est pas issue de l’agriculture biologique.

Il n’y a donc pas de maîtrise sur l’appellation « biocarburants ».

Dans son combat pour l’usage d’énergie alternative, l’Etat a concentré ses efforts sur le développement de l’E85 (bioéthanol) pour les véhicules essence, laissant de côté momentanément le diester (biodiesel) pour les véhicules diesel qui représentent près de 70% du parc automobile Français. Un choix qui semble ambiguë au premier abord puisque la consommation annuelle française en essence représente 12 millions de m3 alors que le diesel s’établit a 40 millions. Malheureusement le rendement du diester à la production n’est pas aussi efficace que l’éthanol. Même si l’on comptabilise les dérivés ou sous produits (glycérine pour l’industrie cosmétique, tourteaux).

Exemple :

Bioéthanol : Avenir concret ou poudre aux yeux ?

Diester : Avec 4 millions d’hectares dédiés au colza on obtient environ 5 millions de m3 alors que la consommation de gasoil est de 40 millions de m3 par an en France.

Bioéthanol : Avenir concret ou poudre aux yeux ?

Ethanol : Avec 4 millions d’hectare entièrement dédiés à la culture des betteraves, on obtiendra 12 millions de m3 alors que la consommation est de 12 millions de m3.

" Aujourd’hui, le biocarburant le plus développé est le biodiesel. Et principalement en France, le diester. Le diester est issu de la transformation des huiles végétales. Cette huile est ensuite partiellement raffinée avant d’être mélangée avec de l’alcool méthylique. Cette réaction génère le biocarburant diester, mais également de la glycérine très utilisée en cosmétique et des tourteaux (graines asséchées) très nutritive pour les animaux. Le diester est une marque choisit par la filière agricole. C’est le produit le plus adapté. Le plus facile à mélanger. Jusqu’à 30 % il n’y a pas besoin de modification nécessaire du véhicule. Alors que la norme administrative est fixée par l’administration à 5% ... La seule contrainte pour le diester est la ressource de production. Le rendement à l’hectare est faible et les surfaces agricoles disponibles pour produire des huiles végétales sont limitées. Donc 30 % aujourd’hui c’est impossible sur le pole Gasoil", explique Jean François Gruson, adjoint au directeur des études économiques de l'IFP (institut français du pétrole).

Voilà pourquoi les pouvoirs publics ont décidé de miser sur l’E85. Le bioéthanol est un carburant contenant 85 % d'éthanol et seulement 15 % d'essence. Produit à base de matières premières agricoles (canne à sucre, betterave, etc.), ce biocarburant possède un pouvoir énergétique moindre que celui de l'essence. Avec un litre d'E85, on fait un tiers de distance de moins qu'avec un litre d'essence sans plomb. Au Brésil, l’usage de l’éthanol est monnaie courante depuis les années 70 et grâce à l'« essence verte », le pays a déjà réduit l'émission de gaz à effet de serre de plus de 13 %. Seulement le modèle (vertueux) brésilien fondé sur la culture de la canne à sucre est impossible à calquer en France. Car la canne à sucre qui permet la production d'éthanol demande beaucoup moins d'attention pour pousser que la betterave et ses résidus : la « bagasse », servent à alimenter les centrales électriques.


Les objectifs du gouvernement

L’ouverture de 500 pompes vertes en 2007 (bioethanol et diester)

Un prix de vente inférieur ou égal à 80 centimes le litre

Développement du parc automobile « flexfuel » (5 constructeurs)

Création de 21 nouvelles usines spécialisées dans la fabrication d’éthanol

Production fixée à 5,75 % de biocarburant d’incorporation dans l'essence pour 2008, 7 % en 2010 et 10 % en 2015

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