Quelle ambiance au Conseil national de la Sécurité routière (CNSR), qui était réuni ce lundi matin à l'Assemblée nationale ! On se tire dans les pattes, on se réprimande, chacun y va de sa petite voix dissonante. Et tous espèrent être entendus par l'actuel ministre de l'Intérieur qui préparerait « une batterie de mesures sur la Sécurité routière » au mois de janvier prochain.

C'est d'ailleurs la principale instruction de cette nouvelle séance du CNSR. Il est même étonnant de voir que les idées reprises dans les médias depuis le début de l'après-midi soient celles concernant les cyclistes. Certes, il a bel et bien été question de renforcer le dispositif répressif les concernant, quand ils ne respectent pas les feux tricolores et les priorités, mais tout cela ne pourrait se faire, selon toute vraisemblance, sans une évolution réglementaire et législative, loin d'être à l'ordre du jour au Parlement.

En attendant, c'est en janvier que l'on connaîtra, entre autres, la décision de Bernard Cazeneuve au sujet de l'expérimentation de l'abaissement de la vitesse limite de 90 à 80 km/h sur les routes bidirectionnelles du réseau secondaire. Quand ? Comment ? Où ? La seule quasi-certitude qui est loin de faire l'unanimité au CNSR, c'est que le ministre de l'Intérieur ne choisirait pas une expérimentation généralisée à l'ensemble du réseau en question, comme il l'avait d'ailleurs lui-même laissé entendre lors du précédent CNSR de juin.

Une expérimentation localisée qui agace au plus haut point les fervents défenseurs de cet abaissement de la vitesse limite, seule mesure efficace selon eux pour faire baisser la mortalité routière. Qui sont-ils ? Il s'agit par exemple de Philippe Lauwick, le président de la commission "vitesse" du CNSR qui a formulé cette recommandation de baisser la limitation de vitesse. Derrière lui, forcément, le Comité des experts qui est à l'origine des pistes de réflexion et donc des recommandations - dont celle-ci - des commissions du CNSR. Parmi ces experts, il y a les professeurs Bernard Laumon et Claude Got. Et parmi leurs soutiens, il y a Chantal Perrichon, la présidente de la Ligue contre la violence routière.

Chacun à leur tour, ces divers protagonistes ont rappelé que sans mesure forte - entendez sans mesure « de rupture », comme le fut l'arrivée des radars automatiques en 2003 -, l'objectif gouvernemental de passer sous le seuil des 2 000 tués d'ici à 2020 ne sera pas tenable. Et la promesse des futures annonces gouvernementales en janvier ne semble pas les rassurer. « Quand on entend dire qu'il va y avoir des mesures tous azimuts (…), cela signifie qu'il n'y a pas de direction où aller… On n'a pas besoin d'un ministre azimuté, mais d'un ministre qui prend des décisions efficaces ! »", a notamment lâché le professeur Got.

Comme précisé dès le début de cet article : l'ambiance était ainsi des plus tendues au CNSR de ce lundi matin ! Et il se pourrait bien en effet que les futures annonces de Bernard Cazeneuve soient moins répressives que celles espérées par les experts et une partie non négligable du CNSR. Verdict à suivre le mois prochain.