L’édition 2003 du Salon de Genève consacre 800 m2 à Franco Sbarro, l’un des désigners les plus inventifs des années 80. Caradisiac a profité de cette occasion pour connaître son opinion sur les tendances actuelles. Confidences.

Caradisiac : Pensez-vous que la 73e édition du salon de Genève sera une bonne cuvée ?

Franco Sbarro : De façon générale, j’ai remarqué que, dans la morosité, on réagit positivement. Même s’il faut tenir compte de la baisse actuelle des ventes de voitures, je pense que le salon sera très intéressant. On devrait même avoir quelques belles surprises. Il ne faut pas oublier que cette année sera marquée par l’ouverture d’une nouvelle salle qui va donner aux visiteurs plus d’espace et donc plus de plaisir.

Caradisiac : La 73e édition du Salon de Genève vous consacre une exposition de 800 m2 baptisée "créativité et passion". En quoi cette rétrospective va-t-elle consister ?

Franco Sbarro : Cette exposition aura plusieurs axes. Le premier consiste en un parcours initiatique depuis le dessin. Les visiteurs pourront donc assister à la réalisation en direct d’esquisses, mais aussi s’essayer au dessin. Le public pourra ensuite suivre toutes les étapes de la création de la Crisalys et différentes interprétations sur ce modèle.

À découvrir aussi l’Issima, un prototype équipé de deux moteurs Alfa Romeo, l’Isatis, ainsi que des déclinaisons sur base de Citroën Berlingo : le grand Angle ; la Caléo, dédiée aux sports aquatiques ; le taxi londonien et un Berlingo 6 roues motrices.

Enfin, la prévention et l’éducation ne sont pas oubliées avec la reconstitution d’un circuit.

Caradisiac : Parallèlement à cette exposition, comptez-vous révéler de nouvelles études ?

Franco Sbarro : Oui, tout à fait. Elles seront au nombre de cinq. À côté de celle qui a été développée par les élèves de mon école, je présenterai une vision du tout-terrain extrême sur base de Berlingo, nommée Citroën "Bourlingueur". Je dévoilerai aussi trois déclinaisons du concept que j’appelle "Unité Motrice Autonome" qui consiste à optimiser au maximum la place dans le véhicule. Ainsi, j’ai intégré dans une même roue un moteur de 160 ch, un radiateur, des freins, une batterie et un réservoir de 3 litres, c’est-à-dire un ensemble totalement indépendant. De là, j’en ai dérivé trois versions : la première disposant d’une seule roue avec deux roues latérales à la façon d’une moto ; la seconde possédant trois roues avec une roue motrice à l’arrière et deux roues à l’avant ; la troisième plus classique, à quatre roues, disposant de quatre places mais aussi et surtout d’un vrai coffre. Une première, car beaucoup de sportives sont trop exclusives et donc peu pratiques.

Caradisiac : avec quel véhicule roulez-vous quotidiennement ?

Franco Sbarro : Je roule avec beaucoup de voitures car je suis obligé de tester les modèles sur lesquels je vais travailler. Je pourrais donc changer tous les jours de véhicule, ou presque.

Ainsi, je conduis régulièrement des 607, 206 cc, des Berlingo, des C3, des Alfa Romeo ou même des Citroën C5. Pour moi, la C5 n’est pas excitante, mais elle bénéficie d’un vrai sérieux de fabrication et il faut savoir que c’est un modèle qui se vend bien en Suisse car elle arrive à séduire des possesseurs de BMW.

Pour ma part, comme je fais peu de kilomètres, je recherche avant tout la discrétion car j’ai besoin de comprendre la voiture.

Caradisiac : Avez-vous eu récemment un coup de cœur pour une voiture ?

Franco Sbarro : Aujourd’hui toutes les voitures sont intéressantes. Néanmoins, j’avoue un petit faible pour les réalisations de Walter de’Silva comme par exemple les Alfa 147, 156, 156 SW ou la 166.

Il me tarde déjà de voir les nouvelles Seat.

Caradisiac : De façon plus générale, que pensez-vous des productions françaises actuelles ?

Franco Sbarro : Aujourd’hui, on peut vraiment dire qu’il y a des véhicules pour tous les goûts. Peugeot a le vent en poupe car toute sa gamme remporte un grand succès auprès du public, mais je pense que cela est dû également au succès en rallye.

Citroën marche bien également avec la C3 et la Pluriel devrait susciter un très grand engouement.

Enfin, Renault a misé sur la carte de l’avant-gardisme. Ils ont osé et ils méritent d’être récompensés. Même si je trouve les Avantime et Vel Satis très intéressantes, je reste perplexe devant leur face arrière, mais avec le temps, on s’y habitue.

À la différence d’Avantime et de Vel Satis, qui dominent le conducteur, avec Mégane II, c’est le contraire, d’où ma préférence pour ce dernier modèle.

Caradisiac : N’auriez-vous pas aimé être responsable du design d’un constructeur ?

Franco Sbarro : Jamais de la vie. J’aime trop ma liberté pour cela. Pour moi, le plus important est la rencontre qui va aboutir à la réalisation d’une voiture unique et il faut bien reconnaître que l’administratif et les contraintes d’un constructeur ne me conviennent pas. Quand je vois Patrick Le Quément, Chris Bangle… je ne suis pas sûr qu’ils soient toujours heureux, même s’ils exercent une profession qui fait rêver beaucoup de monde.

Caradisiac : La Suisse est un pays européen où le tuning est très répandu, que pensez-vous de cette tendance ?

Franco Sbarro : Si le passionné a un moyen de se faire plaisir, c’est l’essentiel. En plus, parfois, cela apporte une réelle touche personnelle très intéressante, mais pour ma part, je trouve que les modèles de série sont déjà très beaux d’origine.

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