Le temps des galères

Vainqueur de la finale devant le déjà expérimenté Patrick Depailler, François gagne une F3 pour la saison 1967 et choisit une Alpine. La voiture est dépassée et le jeune pilote découvre un monde qui lui est totalement inconnu "Pour moi, on possède une monoplace, on se pointe le jour de la course et on roule le plus vite possible. J'ignorais par exemple qu'il fallait changer les rapports de boîte pour les adapter à chaque tracé. D'ailleurs je n'avais pas d'outils !", Bientôt complètement "fauché", il va vivre une véritable descente aux enfers. Hôtels minables, sandwiches, nuits blanches au volant de la vieille 404 tirant le plateau avec la F 3, chaque déplacement tourne à l'épopée. Pourtant, il tient bon, croit en son talent, renforce sa détermination au fil des épreuves et un an après ses débuts improvisés, son approche est déjà plus professionnelle que celle de bon nombre des rivaux. Ainsi, il sera l'un des pionniers en France du sponsoring moderne en 1968, innovera en terme de communication jouant de son charme et de son pouvoir de séduction. Des fonds de grille sans gloire, il se propulse sur la plus haute marche du podium en F3 et son titre tout neuf lui ouvre déjà les portes de la Formule 2. Il y a peu de débutants en 1969 et ses nouveaux "camarades de jeu" s'appellent Rindt, Hill, Stewart, Ickx, Beltoise...Lequel Beltoise, en épousant Jacqueline, vient de devenir son beau-frère. François fait ses classes, mais ne fait pas de complexes vis-à-vis de ses aînés. Il ne manque pas de culot même et le prouve en s "club de pilotes". Un an plus tard, il réussira à imposer son poulain à Ken Tyrrell, après que Servoz Gavin soit parti vivre d'autres aventures. Tyrrell échaudé par le comportement de Johnny impose à sa nouvelle recrue une discipline de fer et ne lui laisse que peu liberté. Stewart, de son côté, l'adopte immédiatement, en fait son élève, puis son ami. Conscient du rare privilège, François progresse rapidement et son talent s'affirme de courses en courses. En 1971, sous le soleil du Castellet, l'équipe signe le premier doublé d'une longue série. François second franchit la ligne les deux bras levés, comme un vainqueur. Le public lui réserve une formidable ovation sachant intuitivement que ce jeune homme rayonnant de bonheur ne saurait tarder à gagner un Grand Prix. Ce sera chose faite aux Etats-Unis, lors de l'ultime épreuve de la saison. Treize ans après Maurice Trintignant, un pilote français remporte enfin un Grand Prix. La France a trouvé son héros, d'autant que son charme et sa personnalité débordent bien au-delà du milieu automobile. François est comblé, lui qui adore être aimé et admiré. Il devient un personnage que les médias s'arrachent et mannequins, stars de cinéma se bousculent dans son sillage.

Sa vie privée n'empiète en aucune façon sur sa carrière. François n'est pas du genre à se reposer sur ses premiers lauriers. La saison 1972, plus difficile avec des Tyrrell qui ont perdu de leur superbe, l'amène à travailler davantage la mise au point et cultiver une grande sensibilité aux réglages. Il multiplie aussi les expériences en allant tenter sa chance en Canam et même gagner une course devant les surpuissantes Porsche turbo. Il est devenu un pilote complet. A ses dons naturels, il a ajouté d'excellentes dispositions d'essayeur aussi bien chez Tyrrell que chez Matra en proto. En 1973, il sent prêt à assurer la succession de Stewart. Une défaillance mécanique ? une crevaison ? Un rail mal placé dans une courbe rapide ne en lui laissera pas le temps.

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