Le nouveau patron de Renault Sport Technologies, Remi Deconinck, était à Francfort. Moi aussi, c'était donc l'occasion de prendre rendez vous pour une causette presqu'informelle avec le blason sportif de Renault comme sujet essentiel. Mais pas que...

Si Rémi Deconinck assène régulièrement qu'il est là "pour faire du business", peut être faut il comprendre qu'il n'est pas là simplement par passion. L'objet badgé RS, bien que destiné à d'authentiques passionnés (notamment à notre époque autophobe), se doit de répondre à une demande réelle, à une clientèle constituée dont les goûts sont analysés, voire anticipés. On a tendance à croire que Renault Sport est un produit de communication à l'instar de la F1, ce qui est faux. La gamme Renault Sport est un produit qui doit être rentable comme tous les produits Renault. Logique.

L'aspect commercial fait donc plus que jamais parti de ses attributions et l'objectif poursuivi actuellement est la création d'un réseau Renault Sport intégré aux concessions Renault.

"En fait, selon la géographie des marchés demandeurs, l'envie de concessionnaires passionnés, des espaces Renault Sport seront créés dans certains show-rooms en France (objectif: 90 points de vente). Le but est d'apporter la qualité de service, la connaissance du produit et du sport auto qu'attend le client potentiel d'une RS. Nous nous adressons à des gens passionnés qui ont des exigences particulières."

Mais, selon R.Deconinck, ce panel de client n'est plus aussi cloisonné qu'avant. Il est clair que pour "faire du business", il est plus interessant d'élargir la cible à une clientèle moins typée racing, moins puriste. Le 'Renault Sport' essentiellement destiné aux "extrêmistes" n'a pas été jugé viable. Plus subtilement, Rémi Deconinck semble persuadé que l'image qui transpire de ce "purisme" peut valoriser le produit aux yeux d'autres clients.

Du coup, on comprend pourquoi la deuxième phrase la plus prononcée est "on y réfléchit, on travaille". Le badge Renault Sport est en constante mutation parce que la clientèle est elle aussi en mutation selon R.Deconinck. RS n'est pas dans le même schéma que BMW Motorsport qui a une "éthique" coulée dans le béton. Renault Sport s'adapte au marché et la dernière Megane RS DCi en est l'illustration:

"Elle est le résultat d'une analyse objective et même simpliste du marché. Elle se vend d'ailleurs très bien. Aussi bien que la version essence dont les ventes n'ont pourtant pas baissé". (35% des commandes proviennent des...entreprises!!)

ITW Remi Deconinck, DG de Renault Sport : "là pour faire du business"

Pragmatisme et opportunisme. Chez Renault Sport, pas de tabou, ni de citadelle imprenable, tout est sujet à réflexion.

Une Clio RS DCi ?

"Ca peut avoir du sens. On n'a pas ça dans les cartons mais ça peut être intéressant. Il nous faudrait le moteur qui va avec."

Déduisons que le 2.0l DCi M9R est peut être un peu lourd pour la Clio 3.

Un Koleos RS ?

"Je ne m'interdis pas d'y réfléchir. Le problème n'est pas d'accepter ou de refuser l'éventualité mais de déterminer à qui un Koleos RS pourrait s'adresser et qu'attendrait cette clientèle d'un tel véhicule."

Mais il faut quand même définir un cadre pour parler de Renault Sport non ? Le client qui achète une Mégane RS F1Team pour faire de la piste le Dimanche n'est pas le même qui achetera la RS DCi ?

"Je n'en suis pas si sûr. Les mentalités changent. Il faut que le produit apporte une réponse à une demande qui existe. Et le gars qui va tourner sur un circuit le week-end est certainement heureux d'aller au boulot dans un diesel en semaine"

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