En France, l’affaire semble réglée. Après des années de douce euphorie, durant lesquelles les clients des concessions n’avaient plus que le mot diesel à la bouche (jusqu’à 77% des ventes de voitures neuves en 2008), le soufflé semble bel et bien retomber. La part des motorisations diesel dans les immatriculations de voitures particulières est repassée sous la barre des 64% l’an dernier, valeur inédite depuis 2002. Mieux : de janvier à avril 2015, ce chiffre est tombé à 59%.  Principales raisons de cette baisse, le barème de moins en moins favorable du bonus écologique, la prise de conscience que le surcoût à l’achat d’une motorisation diesel n’est amorti que si l’on roule beaucoup (environ 20 000 km/an), la peur des montants parfois effarants des réparations sur ces mécaniques sophistiquées, et le fait qu’un nombre croissant de constructeurs font de plus en plus souvent l’impasse sur ces moteurs pour leurs petits modèles. Sans oublier, même si son effet reste difficile à quantifier, l’argument culpabilisant du rejet des particules dans l’atmosphère, auquel sont sensibles les habitants des grandes villes.

Pour autant, la baisse des ventes de diesel est loin d’être une généralité dans le reste de l’UE. En Allemagne, Autriche, Hollande, Angleterre, Irlande, Italie, Grèce et Finlande, les consommateurs ont acheté plus de diesel en 2014 qu’en 2013. La hausse est particulièrement marquée en Hollande (de 24,8 à 27,1%) et Grèce (de 57,9 à 63,5%). Enfin, à l'échelle de l'Europe de l'ouest, les ventes de diesel demeurent majoritaires avec une part de marché de 53,1 % en 2014 (53,3 % en 2013).

Cela serait plutôt une bonne nouvelle pour les constructeurs - notamment français - qui ont massivement investi dans les technologies diesel et cherchent des débouchés à l’international. Dans leur ligne de mire, des marché en croissance comme l’Inde - près de la moitié des voitures neuves y carburent au diesel - avec comme avantage industriel des normes antipollution nettement moins sévères qu’en Europe, ce qui abaisse les coûts de production. Et, de façon plus étonnante, des pays où les volumes de vente de diesel sont encore très faibles comme les Etats-Unis ou le Japon, mais où la demande croît régulièrement. Chez les équipementiers, on se veut d’ailleurs très confiant quant à l’avenir du diesel : « La tendance se rééquilibre en Europe, mais il y aura une croissance du diesel dans le monde entier pour les années à venir », résume un responsable de Bosch.


Le diesel fait de la résistance

A en croire constructeurs et équipementiers, le diesel reste une technologie d'avenir. Parmi leurs objectifs, le marché américain où ce type de motorisation connaît une très légère croissance.