La crise financière devenue économique a placé en première ligne la plus belle mais aussi la plus dispendieuse des danseuses de l'univers automobile, la compétition. Un monde qui a évolué au fil des années vers un professionnalisme exacerbé qui lui a certes donné son inimitable cachet contemporain. Mais cette mutation a aussi engendré un système de fonctionnement interne répondant, à son tour, aux seuls canons du profit maximum.

La conjoncture a radicalement changé et ce revers de fortune semble intimer l'ordre à tous les acteurs industriels de nettoyer les écuries d'Augias. Une opération qui ne fait qu'exacerber les dysfonctionnements dont s'était jusque là accommodé le sport automobile. Que sera la saison 2009 en haut lieu ? La question a été posée à divers acteurs du monde sportif. A travers eux, regardons froidement les choses en face.

Le GP2, anti-chambre de la Formule 1, ne compte à l'heure actuelle qu'à peine dix pilotes engagés. D'aucuns disent que les écuries sont suspendues à la décision d'un Bruno Senna sur son avenir. Mais les mêmes oublient de préciser que des équipes sont à vendre en secret parce qu'elles vivent avec des ardoises terrifiantes, que des copropriétaires ont fait cadeau de leurs parts à ceux qui y croient encore et qu'une étude sur "une perfusion occulte" des organisateurs pour "faire comme si" est en cours. Quant à la faillite de Mecachrome, qui fournit les moteurs, on ne pipe mot. Et pour cause, car rien ne dit que le repreneur Thales voudra, en plein plan social, poursuivre une aventure automobile qui a fatigué les anciens propriétaires canadiens.

Le sport-automobile en crise: Le GP2 aux abois, Renault Sport sur la sellette, Mecachrome en faillite et puis quoi encore ?

En Formule 3, il a fallu mettre la F3euroseries avec l'espagnole, l'anglaise et l'allemande pour avoir vingt sept voitures en piste lors des derniers tests hivernaux en Espagne. En World Series Renault, il y a sept pilotes inscrits à ce jour. Des bruits courent, enfin, selon lesquels Renault Sport pourrait en fait tout arrêter car le gouvernement français va verser quelques milliards pour sauver une marque dont l'image est liée à un sport automobile qui a tous les atours du coupable idéal d'une la situation financière difficile.

Au moment de faire ce noir état des lieux, un de nos interlocuteurs en totale immersion dans le milieu concluait ainsi ses propos: « En fait, le Titanic coule, on continue à vendre aux pilotes des billets de croisière au prix fort et pendant ce temps là il y a des dizaines de joueurs de violon qui entonnent l'air de "comme si de rien n'était ». En fait, ce qui manque le plus à notre sport, ce sont les vraies valeurs humaines et une bonne dose de pudeur. » Fermer le ban.