Exhumons de nos archives une seconde enquête collant parfaitement avec la période de fin d'année. Il était question d'évaluer le niveau de générosité des automobilistes français à l'occasion de Noël. Nous recourions à trois comédiens qui se chargeaient d'interprèter plusieurs personnages. Père Noël escroc ou en détresse, saltinbanque, jeune amoureux en manque de moyen, jeune sdf, jeune femme en galère ou femme «associative», Caradisiac recherchait ce qui touchait le plus le coeur des français.



LES automobilistes, se sont montrés ET SANS SURPRISE peu généreux, se cachant derrière un air rêveur ou une indifférence parfois cruelle pour ne pas voir nos quémandeurs.






Les automobilistes français étaient-ils généreux ?







Trois acteurs se chargeaient de jouer plusieurs personnages durant deux journées à Paris dans des quartiers bien distincts pour définir la bonté des automobilistes. Caradisiac avait réalisé cette enquête dans trois lieux types. Ils opéraient rue du Louvre (quartier touristique et commerçant), place de l'Alma (quartier bourgeois) et près de la gare de Lyon (quartier populaire).


Caradisiac formulait une lettre au (faux) Père Noël dans l'espoir de le voir oeuvrer au sein de notre investigation. La réponse (hélas!) négative était diffusée aux enfants.


Cher Caradisiac,

Le ciel, le 12.12.2000


Je n’ai pas le temps de m’amuser avec vous. Je suis en train de lire les dernières lettres des enfants auxquels je vais donner des cadeaux. La prochaine fois, peut-être…. Mais je vous demande une chose : dites bien dans votre enquête que votre Père Noël n’est pas le vrai. Je ne voudrais pas que l’on croit que je fais la manche pour acheter des cadeaux aux enfants. J’ai suffisamment d’argent, pour cela. Joyeux Noël et surtout, n’oubliez pas de dire aux automobilistes d’être généreux avec les associations caritatives et les gens qui sont dans la rue.


Le Père Noël



Les automobilistes français étaient-ils généreux ?











Un Père Noël à la rue


Pierre, notre premier acteur entamait son rôle de Père Noël mendiant et égocentrique. Lors de sa quête, il affirmait aux «proies» être à la rue et ne pas avoir d'argent pour manger mais son message ne passait pas.

Ce mensonge n'était pas payant et Caradisiac percevait des conducteurs dubitatifs. Pourtant, l'un d'entre eux tentait de dialoguer mais n'accordait finalement pas le moindre centime à notre malheureux peu éloquent. Cependant, il finira par recueillir 5 francs des mains d'une jeune femme roulant rue de Rivoli dans une citadine. Une bonne surprise : une quarantaine d'enfants rencontraient Père Noël à la sortie de l'école. Tous le réclamaient ! Il remballa alors sa canette et fit un geste amical aux enfants.



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Un Père Noël au RMI


Samuel, notre second comédien interprètait un Père Noël au RMI, père de 4 enfants, désirant déposer au pied du sapin des cadeaux pour ses fils. La majorité des conducteurs n'y prêtaient pas attention ou détournaient le regard. Aucun quartier ne faisait recette. Le bilan se résumait à 6F50 de gain pour une heure de mendicité. Cette somme provenait d'un bmistes à la Place de l'Alma. Dans cette seconde interprétation, les «victimes» n'excellaient toujours pas pour leur générosité.



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Un Père Noël «associatif»


Notre premier quémandeur récidivait en costume de Père Noël. Il redemandait l'aumône mais au nom d'une association dont il ne connaissait pas l'existence. Il marmonnait quelques mots «humanitaires», «caritatifs» en énervant les conducteurs, qui déviaient ou observaient de travers ce vagabond. Nul n'adhérait aux propos du démarcheur. Les mauvais exemples ne payaient pas...



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Un jeune amoureux veut acheter un cadeau à sa future femme


Pierre s'aventurait pour une nouvelle collecte. Accostant les automobilistes au feu rouge, il n'était pas misérable mais juste en détresse. Notre jeune homme était amoureux et allait se marier le jour de Noël. Il avait pu acheter une alliance mais il espérait empocher 50 francs pour commander un parfum. Il suscitait des fous-rires mais n'obtenait pas le moindre centime. Un étudiant lui suggérait d'attendre d'obtenir ce montant pour lui offrir ce cadeau. Un couple plus âgé lui souhaitait bonne chance mais notre comédien ne décrochait toujours pas de monnaie en main propre. Un trentenaire lui répliquait qu'il y avait des gens plus désespérés.



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Un fan veut ériger une statue à son idole


Samuel revenait avec sa canette de soda dans l'ambition d'édifier une statue en hommage à la princesse Diana. Notre tragédien déchiré par ce destin brisé jouait son rôle et était joyeux à l'idée de se remplir les poches. Ses objectifs se révélaient risibles aux yeux des chauffeurs. Certains questionnaient notre imposteur pour se tenir au courant de la présence ou non d'une caméra cachée. Un homme en Mercedes dialoguait avec notre fan besogneux et approuvait son intention. Ce citoyen proposait de faire venir la foule vers cette statue et rendre hommage à la Princesse Diana. Aucune somme d'argent n'était versée dans la tirelire !



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Un jeune homme sans argent


Dans ses dernières répliques, Pierre incarnait un jeune homme en détresse vivant dehors. Cette approche était elle plus payante qu'un père Noël à la rue ? Notre sans domicile fixe agissait peut être trop gravement car les conducteurs remontaient vite leur fenêtre. Certains craignaient d'être agressés. D'autres apparaissaient hautains et intolérants. Un automobiliste était même en état de se battre. Les gens ne supportaient pas de voir Pierre s'appuyer sur leur voiture pour les taxer. Après 30 minutes de charité, notre pauvre ami n'endossait pas le plus petit des francs. Seul bénéfice, une cigarette offerte par une jeune femme sans argent sur elle.



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Une jeune femme branchée


Andréa, dans son attribution, exécutait une jeune femme en galère. Cette jeune femme souriante sensibilisait les conducteurs et conductrices. Par miracle, les vitres se baissaient de bon coeur et notre comédienne rendait les hommes plus à l'écoute, prêts à porter contribution. L'exercice durait lui aussi 30 minutes et la cagnotte affichait 21,50 francs. Cette collecte réalisée place de l'Alma était également exécutée près de la gare de Lyon. Le butin final plus maigre présentait un total de 10 francs. Pour terminer, l'exercice était rejouée rue de Rivoli mais c'était la fois de trop. Seul, un échange de propos avec une femme plus âgé se mettait en place.



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Une jeune femme «associative»


La seconde opération d'Andréa était la plus fructueuse de toutes les quêtes du dossier de Caradisiac. La recette : une jeune femme charmante mendiait pour une association d'un organisme divers. Elle tentait d'empocher un capital pour se prémunir d'une très prochaine tempête s'abbatant sur la France. Succés immédiat, elle accomplissait avec enchantement sa fonction et récoltait de l'argent quelque soit les lieux. Cet exercice durait en intégralité 1h 30 et les fonds récoltés s'élevaient à 55 francs. Seule contrainte pour Andréa : mettre sous les yeux des conducteurs la canette de soda personalisée pour l'heure aux couleurs d'une association inexistante. Etrangement, peu importe la vie de l'association. L'idée d'aider suffisait à la générosité pendant que des automobilistes se «cachaient» derrière leur portable, d'autres jouaient l' indifférence ou encore faisait signe qu'il ne donnait rien.


Conclusion

Deux journées de quête et 98 francs de recette accumulés par trois comédiens étaient les principaux chiffres ressortis lors de cette enquête. Nos interprètes tentaient de solliciter les automobilistes sans raisons apparentes. La morale était donc sauve mais nos amis automobilistes ne s'avéraient pas pour autant généreux avec ceux qui leur tendait la main sauf si une jeune femme charmante représentait une oeuvre associative.


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