Dans une conjoncture où l’on toilette les réglementations pour mieux atteindre les objectifs d’une plus grande concurrence corollaire à une guerre des prix, la formation du permis de conduire ne pouvait rester plus longtemps à l’abri des nouveaux acteurs prêts à prendre leur part de marché. Et ce d’autant moins qu’en France, obtenir son permis de conduire plus vite en dépensant moins est devenu un  objectif clairement affiché par un gouvernement qui a mis au point une loi Macron aux multiples conséquences.

Une législation dont s’est saisie l’enseigne Ornikar qui se targue de donner des cours de conduite à des prix défiant toute concurrence. C’est à Nantes qu’elle a décidé de se lancer avec le concept d’une  heure d'entraînement à la conduite sur une voiture à double commandes au tarif de 35 euros. Le numérique allié à des moniteurs indépendants est l’avers et le revers d’une stratégie qui risque de faire des ravages parmi les auto-écoles. Car à ce prix, il y a fort à parier que l’attention des 1,3 million de jeunes et moins jeunes qui passent leur permis chaque année sera captée.

Depuis deux ans, Ornikar proposait déjà de passer le code en ligne à un prix défiant toute concurrence: moins de 50 euros. Au-delà du prix, Ornikar promet aussi plus de souplesse aux candidats. Ils peuvent bénéficier de cours qu'ils ont pu réserver en ligne, dont ils ont choisi l'heure et l'endroit. La clef du concept repose sur un réseau de moniteurs indépendants, qui possèdent leur propre voiture, et qui ne dispensent pas officiellement de cours. En fait, ils proposent leurs services bénévolement et ne font que louer leur véhicule à double commande pour une heure ou plus.   

Ornikar peut ainsi contourner la réglementation des auto-écoles et se passer de l'agrément de la préfecture nécessaire à toute école de conduite pour œuvrer. Ornikar prépare déjà plus de 4.500 candidats au code, et se revendique déjà comme la première auto-école de France. Une situation à la Uber mais qui semble cette fois tout à fait claire d’un point de vue légal, ce qui exaspère les auto-écoles. L’inquiétude de Bruno Garancher, le président de l'association des auto-écoles françaises est réelle : "quand vous additionnez le statut de micro-entrepreneur et la disparition de la TVA, vous avez effectivement une marge qui se créé, qui permet de se situer entre le consommateur et le producteur, et de rafler la mise." La révolution est en marche.