Il aura fallu qu'une application UberPop se rappelle au bon souvenir de l'actualité pour se rendre compte de la pétaudière qu'est devenue l'activité consistant à transporter la personne. Avant il y avait les taxis et les transports en commun. Ensuite sont arrivés les véhicules de transport avec chauffeur qui se sont attirés les foudres des acteurs historiques précités qui doivent s'acquitter d'une coûteuse licence et passer sous les fourches caudines d'une réglementation stricte. Puis s'est installé dans le paysage UberPop qui excède un peu plus les premiers cités tout en fâchant les seconds qui s'étonnent de voir cette nouvelle concurrence afficher souvent la même enseigne que la leur...


Pendant ce temps, l'Etat et ses institutions parlent beaucoup mais ne font pas grand chose. Et pour cause : le droit n'avait pas vraiment prévu cette révolution. La justice aime à le signaler. Exemple ? Depuis le début de l'année, de nombreux chauffeurs du service UberPop ont été interpellés pour exercice illégal de la profession de taxi. Et on ne rigole pas avec cette infraction : les interpellés encourent une condamnation pouvant aller jusqu’à un an d’emprisonnement, 15 000 euros d’amende, une suspension de cinq ans du permis de conduire et la confiscation de leur véhicule. De quoi motiver pour chercher un autre métier.


Vraiment ? Pourtant, un chauffeur UberPop a été relaxé à Paris, le jeudi 11 juin. Il était poursuivi pour cet exercice illégal de l'activité d'exploitant de taxi. La décision était attendue car il s'agissait de la première en correctionnelle dans ce type d'affaires. Et le tribunal correctionnel de Paris a estimé que "le transport onéreux d'une personne est insuffisant à caractériser le délit d'exploitant de taxi sans autorisation de stationnement, qui suppose que soit caractérisé un stationnement ou une circulation sur la voie publique en quête de clientèle".


De quoi semer la confusion et exacerber les tensions. Une conjoncture qui peut finir mal : un chauffeur UberPop à Nantes en a fait la triste expérience en se faisant agresser par un groupe de six ou sept taxis qui lui ont fait découvrir les rudiments de la pression psychologique et la déception de voir son véhicule dégrader. A Nice, des taxis se font passer pour des clients pour monter des guet-apens. Vous avez dit pays de droit ?


Last but not least, les croisés d'hier deviennent les suppôts de demain. Le conseiller en communication du secrétariat d'Etat aux Transports est ainsi devenu directeur de la communication de la filiale française de Uber, l'entreprise de voitures de transport avec chauffeur (VTC). La commission de déontologie de la fonction publique n'a rien trouvé à y redire. Il s'appelle Grégoire Kopp et il est du genre contorsionniste lorsqu'il tourne casaque. Sur son réseau social, il a expliqué qu'après avoir dénoncé les méthodes des dirigeants de l'entreprise, il espère désormais, contribuer à leur réflexion stratégique" tout en reconnaissant qu'"UberPOP n'a pas de cadre légal, tout est à écrire". Donc, c'est illégal mais bien payé et on va régulariser tout ça en prenant le temps qu'il faudra puisque l'activité fait florès. Un vrai Far West.