La Commission européenne va ainsi lancer en ce mois de septembre une étude en vue de déterminer si Uber est un service de transport ou un service numérique. De prime abord, cela ne change rien à l’affaire, mais à y regarder de plus près, on se rend compte qu’entre les deux définitions, il y a bien deux régimes juridiques et deux approches différentes du point de vue des règles à appliquer.

Cette distinction permettrait de déterminer si le groupe américain se livre, ou non, à une concurrence déloyale vis-à-vis des taxis européens. La société californienne s’annonce comme une plate-forme en ligne mettant en relation des chauffeurs volontaires et des utilisateurs. Cependant, si elle était considérée comme une entreprise de transports, elle serait soumise à des règles plus strictes en matière d'accréditation, d'assurance ou de sécurité. Autant de contingences actuellement oubliées ce qui fait dire aux taxis qu’Uber contourne les obligations, jusqu’à exercer une concurrence illégale.

C’est donc une stratégie européenne qui se dégage de cette initiative face à Uber. Les lois nationales encadrant l'exercice de la profession de taxis seront d’ailleurs passées en revue dans l'ensemble des pays membres afin de déterminer si une loi européenne est nécessaire. Dans le même temps, l'exécutif européen continuera d'examiner les plaintes déposées par Uber contre les interdictions prononcées à son encontre par la justice allemande et la justice espagnole, ainsi que contre la loi française dite «Thévenoud» de 2014.

Un jeu subtil à deux bandes aux enjeux certains car l’ère de l’économie collaborative est ouverte et s’il n’est pas question de laisser faire n’importe quoi à n’importe qui, il n’est pas plus envisageable de revenir au statu quo ante. Les acteurs européens évoluent donc sur une fine pellicule de glace prête à craquer au moindre faux pas pour engloutir tout un système.

Car en face, les acteurs concernés ne sont pas des petits joueurs. Les réservations mondiales devraient être multipliées par plus de trois cette année, à 10,84 milliards de dollars, pour ensuite monter à 26,12 milliards en 2016, selon un document préparé par Uber et des banquiers chinois pour attirer de nouveaux investisseurs. Le groupe a récemment été valorisé par des investisseurs à 50 milliards de dollars, un record mondial pour une entreprise technologique non cotée en Bourse.