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SUV, dégonfleurs et dégonflés

À quoi peut bien servir de dégonfler les pneus des SUV ? Est-ce à des militants écologistes de régir le parc automobile ? Ou à l’État qui a laissé pulluler ces engins inutilement gros et lourds, polluants et dangereux ?

Une photo de Léonardo Scotti pour "Le Monde".
Une photo de Léonardo Scotti pour "Le Monde".

Ça dégonfle sec à Paris à en croire l’AFP. Un collectif écolo, les « dégonfleurs de pneus » s’en prend de nuit aux SUV garés dans les rues de la capitale. Une lentille coincée dans le bouchon, on revisse un peu – mais pas trop - et pschittt, un pneu à plat dans l’heure. Reste à glisser un tract sous l’essuie-glace : « Attention ! Votre SUV tue. Nous avons dégonflé un ou plusieurs de vs pneus ».
Deux gamines qui pratiquent ce sport, interrogées par l’AFP, trouvent « hyper jouissif d'imaginer la tête des propriétaires le lendemain ".
D’accord, c’est crétin, et encore plus de cibler les SUV des « pauvres », ceux qui se garent en surface et n’ont pas un box sous leur immeuble ou une place dans le parking du coin. Et même dangereux : et si le bouchon trop resserré empêche le pneu de se dégonfler assez rapidement ? À 1 bar, rien de perceptible mais une fois sur autoroute ? Et si le tract n’est pas lu – qui lit une publicité ou un avis de contravention ? – et que le propriétaire, faute de pouvoir se garer, roule quelques dizaines de mètres de trop à plat, abîmant la structure du pneu et se contente ensuite de le regonfler. Et s’il reprend nuitamment le volant, pas encore sur la jante ? Doit-on mourir de rouler en SUV ?

SUV, dégonfleurs et dégonflés

Une déclaration de guerre

Je n’ai pas les mots pour qualifier la violence imbécile de cet acte. Et son inanité : je doute que quiconque ait remplacé son X3, son 5008 ou son Qashqaï par un break ou une berline après s’être retrouvé à plat. Et je redoute que cette violence se retourne, qu’un jour, un(e) dégonfleur.euse subisse le courroux du (de la) dégonflé.e – pardon je débute en écriture inclusive.
Une violence pourtant assumée : "Ce qu'on fait, c'est une déclaration de guerre, expliquent les gamines au reporter. Nous ne serons pas satisfaits tant qu'il sera possible de posséder un SUV en zone urbaine et tant que ces voitures ne seront pas toutes à la casse."
Comme si envoyer avant leur terme des voitures se faire broyer pour en construire d’autres qui les remplaceraient pouvait réduire les émissions de CO2…
Quitte à ne pas me faire des amis ici, je les comprends pourtant. D’une certaine manière, leur colère est légitime : le réchauffement climatique n’est plus une hypothèse, il se manifeste déjà et s’accélère même. Surtout, il concerne bien davantage le jeune dégonfleur que le vieux dégonflé si j’en crois la moyenne d’âge de l’acheteur de SUV.

Or, quand la mode des SUV a débuté il y a une quinzaine d’années cela faisait bien longtemps que les médias rabâchaient causes et conséquences de l’effet de serre. Conséquemment, à moins d’être sourd et aveugle – ce qui est incompatible avec le permis B – tout acheteur de SUV savait ce qu’il faisait lors de la signature du bon de commande, en l’occurrence, acquérir un véhicule moins aérodynamique, plus lourd, et donc bien plus gourmand en carburant et prodigue en CO2. Comparez un Captur à une Mégane, un 2008 à une 308, un GLC à un break classe C, vous trouverez un écart de consommation réelle de 10 à 20 %, ce qui n’est pas rien à l’échelle d’un parc de 39 millions de voitures. L’enjeu est bien au-delà de la polémique sur les jets privés ou sur le vol Toulouse-Barcelone.

Mais pendant ce temps, on préfère se gargariser des rejets évités par l’autre voiture en vogue, l’électrique. L’Agence internationale de l’énergie nous signale qu’ils sont plus qu’annulés par la vogue du SUV thermique. De même que celui-ci a étouffé tous les progrès en sobriété accomplis par les motoristes ces dernières années. Et ceci, je le répète, en parfaite synchronisation avec la prise de conscience des causes et effets du réchauffement climatique.

SUV, dégonfleurs et dégonflés

Les gros ne doivent pas courir trop vite

Bref, si j’excuse moins volontiers la coupable indifférence des dégonflés que la colère des dégonfleurs – mais pas leurs actions – ce n’est pas seulement parce que celle-ci est légitime, mais parce qu’elle prend sa source dans l’inaction des pouvoirs publics. Sur ce sujet comme sur bien d’autres, quand l’État ne joue pas son rôle de régulateur – se dégonfle en fait - le citoyen est tenté de s’en charger et pas toujours avec finesse.

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Car le SUV devait et doit être régulé ; que ce soit par l’homologation ou par la taxe. Que ces engins à tous points de vue aberrants – pollution, sécurité, dégradation des routes, parfois encombrement en ville – puissent désormais représenter 40 % des ventes en France comme presque partout ailleurs est un scandale. La France et/ou l’Europe n’aurait pas dû laisser faire ; nous ne sommes pas les États-Unis où souvent, le droit de chacun prime sur l’intérêt collectif, jusqu’à laisser des fusils d’assaut en vente (presque) libre. Aujourd’hui le malus au poids tape bien trop haut : 1 800 kg et les rares SUV thermiques concernés le sont déjà par le malus CO2.

Alors, que faire maintenant que ces millions d’engins sont là, et pour longtemps encore avec leur aérodynamique de chaudière et leurs 2 ou 300 kg en trop ? Si les rayer du parc est impossible et si taxer leurs actuels possesseurs serait injuste et inefficace, il est en revanche encore temps de réduire leurs nuisances.
Pour cela, j’ai une idée toute bête : réduire leur limitation de vitesse. Puisque le 80 km/h n’est guère populaire et que l’hypothétique instauration du 110 sur autoroute est unanimement rejetée, réservons-les aux SUV, seule façon de limiter leurs dégâts environnementaux en ramenant leur consommation à un niveau « normal » et en prime leur dangerosité : les 10 ou 20 km/h de moins compensant leur masse et leur hauteur de calandre. Façon aussi de réduire leur pouvoir de séduction et ainsi leur part de marché…
Comment faire ? Rien de bien compliqué : les masses à vide et les sCx de chaque modèle du marché européen sont aisément consultables et, après avoir défini des seuils tolérables, il suffirait de les croiser avec le fichier des immatriculations du SIV. Les radars déclencheraient à 80 et 110 km/h et les PV ne seraient envoyés qu’aux véhicules ne dépassant pas ces données de poids et d’aérodynamique. Ainsi, pas de jaloux, la plupart des gros monospaces et ludospaces (sans oublier les vans et camping-cars) seraient aussi concernés mais pas les petits SUV.

En étant taquin, on pourrait même les affubler, façon poids lourd, de deux autocollants 80 et 110 sur la malle, ce qui ferait tout de suite moins baroudeur…

Gonflé, non ?

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