La Jaguar S-Type puise ses gênes dans la banque d'organes de la division européenne du géant américain Ford, deuxième constructeur automobile mondial. Si les badauds la confondent souvent avec la Rover 75, l'erreur est due à la discrétion classieuse des deux autos, mais c'est aussi et surtout un hommage à la pureté et au raffinement de leurs lignes. Sous son emblème prestigieux, la S-Type rivalise directement avec les routières allemandes cossues, que sont l'Audi A6, la BMW Série 5 et la Mercedes Classe E.

On note toutefois que les Germaniques existent également en carrosserie break, ce qui n'est pas le cas de l'Anglaise. Et, si les références d'outre-Rhin brillent par le sérieux de leur construction, la Britannique leur oppose la noblesse intrinsèquement liée à son patronyme. Cossue, la S-Type est richement équipée, mais les puristes lui reprocheront néanmoins l'absence de cuir en série sur la finition de base. Son habitabilité est correcte, mais pas exceptionnelle, tandis que le volume du coffre est un peu juste en usage familial. On se consolera toutefois avec la présence systématique d'une banquette arrière dont les dossiers sont rabattables asymétriquement : un équipement pour le moins incongru sur une berline de prestige, mais ô combien pratique au quotidien !

La qualité d'assemblage est excellente, mais on est loin du rendu "fait main" qui prévalait sur les Jaguar d'antan, et l'on dénote quelques petites imperfections que l'on est en droit de critiquer à un tel niveau de gamme. Dans le même registre de doléances, il est regrettable que Jaguar ait sacrifié aux économies d'échelle, en dotant sa S-Type des commodos de bord, mais aussi de la clé de contact et des télécommandes, de certaines Ford. Une faute de goût qui ne saurait cependant remettre en cause la chaleur de l'ambiance intérieure et le sentiment de privilège que l'on ressent à se déplacer à son bord.