Alchimie savante de raffinement et de vitesse, les Jaguar ont marqué plus que toute autre marque britannique l'histoire de l'automobile. Une noble tradition nourrie de passions pour les belles mécaniques qui donna naissance à des autos de légendes. Jaguar, c'est l'élégance automobile, reconnaissable à son incomparable logo, soulignant l'aspect félin des carrosseries, mais aussi la vélocité des modèles sportifs.

La saga Jaguar

Tout commença un peu par hasard, lorsque la famille d'un certain William Walmsley vint s'installer en face de la maison de William Lyons, un autre fils de bonne famille. Passionnés de motos, les deux William nouent rapidement une solide amitié et disputent quelques courses dans la région de Blackpool au nord-ouest de l'Angleterre. Lyons souhaitant emmener en ballade ses petites amies confectionne un joli side-car aux lignes fuselées qui remporte un beau succès. Les commandes affluent et les deux William s'associent alors en 1922 pour lancer une petite production sous la marque Swallow Side cars.

Un side-car pour amoureux

Le dessin et la qualité des produits font affluer les commandes et au bout de cinq ans, la firme est déjà solidement implantée. Si Walmsley se contente de ce succès, Lyons voit déjà plus grand. Il fonde une division carrosserie automobile en 1927 et propose des "robes" spéciales et élégantes pour les rustiques Austin Seven. C'est un nouveau succès et la production de carrosseries bientôt étendue à une foule d'autres modèles devient l'activité principale puis unique de la société qui emménage à Coventry en 1928. Trois ans plus tard, Lyons présente au salon de Londres sa première automobile "maison": la SS1. Elle résume déjà toute la philosophie des futures Jaguar: élégance, performance et surtout un tarif calculé au plus juste. Avec le superbe roadster SS 100, première Jaguar du nom, lancé en 1935, la jeune firme assoit définitivement sa réputation.

XK 120 - 1948 : plus de 200km/h !

Au lendemain de la guerre, tout est à reconstruire dans une Angleterre dévastée par les bombardements et soumise à de sévères restrictions. William Lyons ose alors un pari des plus audacieux en lançant le roadster XK 120. Animé par un six cylindres moderne et puissant, superbement carrossé, il dépasse les 200 km/h en 1948. Un défi irréaliste à une époque où les constructeurs produisent des mini-voitures économiques. Pourtant, le succès est là. En entrepreneur avisé, Lyons a décelé le formidable potentiel d'un marché américain en pleine euphorie. L'exportation des roadsters, puis de la fabuleuse Type E, les succès en compétition feront sa fortune. L'euphorie va durer pendant quinze ans, avant que les Etats Unis n'édictent les premières lois antipollution et ne défigurent les sublimes Jaguar avec des accessoires de sécurité.

Les années noires

Souhaitant prendre une semi-retraite en 1966, William Lyons alors âgé de 65 ans, passe un accord avec la puissante BMC (Austin, Morris, etc...) et forme le groupe BMH. Deux ans plus tard, la machine s'emballe. Le gouvernement travailliste décide la fusion des deux grands groupes britanniques MBH et Leyland au sein d'une société nationalisée: la British Leyland Motor Corporation. Ecarté totalement, Sir William Lyons voit peu à peu sombrer Jaguar dans le chaos. Les grèves se succèdent. Jaguar perd peu à peu et à juste titre sa réputation de fiabilité.

Jaguar frôle même la liquidation en 1979, réussit à survivre avant d'être privatisé en 1985 par le gouvernement Thatcher. John Egan, le nouveau président remet de l'ordre dans la maison, rétablit une qualité digne de la réputation de la marque et engage Jaguar avec succès en compétition. En trois ans, Jaguar retrouve la prospérité et peut désormais renouveler totalement une gamme vieillissante. Un succès qui ouvre bien des convoitises chez les "grands". Après des contacts avec la General Motors, c'est Ford qui enlève la mise en novembre 1989. Jaguar peut désormais compter sur des finances solides tout en préservant son identité.

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