Électrique : les équipementiers inquiets du cadeau fait à la Chine
Elle est la vedette de l’actuel Salon automobile de Francfort, elle est celle qui semble réconcilier l’automobile avec son environnement et avec les politiques et elle semble être celle qui redonnera à l’automobile sa vertu salie par les émanations du diesel. Celle-là est la voiture électrique, silencieuse, vierge en CO2 et qui peut même être ludique si l’on aime les départs arrêtés. La panacée ? Il faut voir plus large et plus loin. Et découvrir l’ensemble des enjeux. Terrifiant.
Carlos Tavares, le président du groupe PSA a mis en garde et les équipementiers automobiles s’en font l’écho. La marche forcée vers l’électrique a des airs d’hystérie collective qui détruira une industrie européenne qui fait travailler des millions de personnes pour s’en remettre à une région du Sud Est asiatique où la Chine imposera sa loi. Car les professionnels le disent, l’Europe est en retard sur l’électrique alors que les Chinois sont à l’heure. Au passage, il ne fallait pas s’endormir sur ses lauriers.
Mais c’est ainsi et la situation inquiète. L' association européenne des équipementiers automobiles (Clepa) par la voix de son président Roberto Vavassori se veut très claire : tout miser sur les véhicules électriques peut nuire à l'industrie européenne des équipements automobiles avec, à la clef, le transfert d'un nombre important d'emplois vers la Chine. "Nous devons proposer une période de transition raisonnable, susceptible de nous empêcher de faire à nos amis chinois des cadeaux involontaires" a-t-il précisé,
En effet, la Chine, avec le Japon et la Corée du Sud, domine le marché de la production de batteries pour de tels véhicules. Les constructeurs européens débourseraient entre 4 000 et 7 000 euros à destination de la Chine pour des batteries devant équiper chaque voiture électrique produite en Europe. À ce rythme, les quelque cinq millions d'emplois en Europe revendiqués par les équipementiers ne seront plus qu’un souvenir. Quant à l'industrie automobile dans son ensemble, elle représente environ 12,6 millions de postes dans l'Union européenne, soit quelque 5,7 % du total des emplois dans la région.
On voit le danger si bien que des voix s’élèvent pour envisager d'autres pistes que le tout électrique. Optimiser l'efficacité énergétique des moteurs à combustion est encore possible alors que d’autres exhortent de ne pas biffer les carburants de synthèse, censés être neutres en carbone et qui auraient l'avantage de pouvoir être utilisés dans les stations essence et moteurs existants. Des voix inaudibles avant le dieselgate et maintenant encouragées. Mais n’est-ce pas déjà trop tard ?
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