Il manqua souvent de tout, d'argent, de méthode, du sens des affaires, mais jamais de passion. Il fut mécanicien, pilote, constructeur et ses talents multiples lui valurent le respect des plus grands. A la fin de sa vie, il laissa sa griffe sur de paisibles Renault qui se découvrirent soudain un tempérament de feu.

A Bazzano, un petit village près de Bologne où le quotidien semble se répéter à l'infini, le passage du Tour d'Emilie prend une dimension exceptionnelle. En 1907, les automobiles sont peu nombreuses et les courses automobiles encore plus rares. Dans la foule, un garçon de huit ans reste fasciné par le spectacle, longtemps après que la poussière soulevée par les bolides se soit dissipée. Ce fils de paysans sans terre, s'appelle Amedeo Gordini. Il est l'un de ces gosses qui n'aura jamais d'enfance. Orphelin, il rejoint la banlieue de Bologne et, à dix ans entre comme apprenti chez un forgeron. Les tâches sont ingrates et les journées interminables, mais déjà sa dextérité et son sens inné de la mécanique, étonnent et lui valent l'estime de ses aînés. Peu à peu les portes s'ouvrent et à vingt ans, il travaille sur des mécaniques d'exception.

Amoureux de Paris

En 1925, il visite le Paris des "Années folles" et, grisé par l'ambiance, dépense sans compter. L'argent du billet de retour pour l'Italie s'est évanoui dans les nuits parisiennes et il est alors "contraint" de s'établir en France. Il trouve du travail dans un garage Fiat, puis s'installe à son compte l'année suivante. C'est en 1930 que Gordini devenu Amédée depuis sa naturalisation française débute en course. Il lui faudra patienter cinq ans avant de décrocher ses premiers succès. Avec des petites Simca-Fiat préparées par ses soins et pouvant compter sur une incroyable endurance physique, il va triompher à trois reprises au Bol d'Or, une épreuve disputée en solitaire sur 24 heures. Henri-Theodore Pigozzi, le fondateur de Simca lui apporte alors son soutien avant d'en faire le représentant officiel de la marque en compétition. A partir des minuscules Simca 5 et des nouvelles "8" 1100 cm3, Gordini développe des versions légères, bien profilées et rapides qui vont s'octroyer de nombreux succès. Le plus beau aura pour cadre les 24 Heures du Mans 1939, où Gordini enlève sa classe, l'indice et une belle 10e place au classement général. Après une autre victoire à Reims, la voiture est remisées. Le monde se prépare à la guerre.

Gordini constructeur

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