Du costume cravate à la tenue futuriste semblant sortir tout droit de la "Guerre des Etoiles" en passant par les humbles combinaisons de mécanicien, l'allure des pilotes des 24 Heures du Mans n'a cessé d'évoluer pendant plus de 80 ans. Petit défilé de mode...

Avant que la Fédération Internationale de l'Automobile n'impose des codes stricts en matière de sécurité à la fin des années soixante, la tenue vestimentaire n'obéissait à aucune règle. Tout était permis et la plus grande diversité régnait dans les paddocks. Au lendemain de la Grande Guerre, ce sont les références aux "As" de l'aviation qui inspirent le plus grand nombre qui enfilent alors des vestes de cuir, des gants un serre-tête, des lunettes biseautées et de hautes chaussures lacées. Toutefois, cette tendance ne saurait résumer à elle seule l'incroyable disparité des origines sociales des équipages. Selon leur fortune ou leur origine, les uns arboraient, en effet, des ensembles de "sportsmen" chics et élégantes qu'ils auraient porté sur un parcours de golf ou dans un Yacht Club, alors que les plus humbles, souvent pilotes et mécaniciens, gardaient leurs tenues de travail. Ces combinaisons en grosse toile bleue marine laissèrent vite la place à des combinaisons plus fines, bleu ciel ou blanches, nettement plus seyantes qui furent adoptées par la majorité des pilotes jusqu'à la fin des années cinquante. Une relative uniformité qui n'empêchait pourtant pas certains d'affirmer leur goût pour élégance (chemise blanche et cravate pour Charles Pozzi, gilet et noeud papillon pour Mike Hawthorn) alors que d'autres, plus rares, se glissait toujours au volant en costume trois pièces et chaussures de ville... Toutefois, l'évolution technique qui ne cessait de réduire la taille et la hauteur des postes de pilotage amena une normalisation des tenues au milieu des années cinquante visant avant tout à une plus grande efficacité. Une période qui correspond également à la généralisation des casques ainsi que des chaussures fines et souples destinées à mieux ressentir le pédalier.

L'influence américaine

C'est d'Amérique qu'arrive la nouvelle mode à l'aube des années soixante. Les combinaisons une ou deux pièces se font plus près du corps, se parent encore timidement d'écussons publicitaires tandis que les nouveaux casque "Jet" dotés de visières et rembourrés de mousse améliorent confort et sécurité. Trop de pilotes meurent encore dans les incendies et en 1970, la FIA décide de rendre obligatoire les combinaisons en "Nomex" ignifugées, ainsi que toutes une panoplie de gants, de chaussures et de sous-vêtements. Au fil du temps, cette tendance ne fera que s'amplifier avec l'usage de nouveaux matériaux encore plus résistants qui font ressembler de plus en plus les pilotes à des astronautes. Une ressemblance accentuée par l'avènement du casque intégral qui a impliqué peu après le port de cagoules ignifugées, ne laissant plus apparaître que les yeux du pilote. Depuis un quart de siècle, la mode s'est ainsi normalisée mais elle ne s'est pas figée. A l'image du sport-automobile, les tenues sont en constante évolution et l'on a vu apparaître ci et là des combinaisons réfrigérées intégrant de minuscules circuits de refroidissement dans leurs fibres ou d'autres empruntant des techniques aéronautiques visant à réduire les forces gravitationnelles, alors que les casques désormais moulés sur mesure sont dotés de radios et reliés à une bonbonne d'air de survie.

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