J'ai conduit la Praga Bohema et je n'en reviens toujours pas
ESSAI – Venue du pays des Skoda, cette supercar inconnue ressemble à un gros insecte, pèse deux fois moins lourd qu’une Bugatti Chiron et affiche une qualité de fabrication digne des Pagani. Elle répond à une philosophie similaire à celle de l’Aston Martin Valkyrie avec un niveau délirant de performances sur circuit et une polyvalence routière limitée. Surtout, elle doit pouvoir rester plus fiable ! Laissez-moi vous vous racontez les choses sidérantes que l’on découvre au volant de la Praga Bohema.

Sommaire
Note
de la rédaction
17,6/20
EN BREF
995 kg à sec !
710 chevaux
0 à 100 km/h en 2,3s
317 km/h
950 kg d'appui à 250 km/h
1 716 000€
Tout le monde connaît le nom de Skoda, cette marque automobile tchèque qui fait actuellement office de locomotive du groupe Volkswagen sur le marché Européen. Certains se souviennent aussi celui de Tatra, réputé jadis pour ses voitures ingénieuses et originales (dont le modèle 97 aurait peut-être même servi d’inspiration à la toute première Coccinelle). Mais figurez-vous qu’à la fin des années 20, la marque Praga vendait plus de voitures neuves dans le monde que Skoda et Tatra.
Nationalisée après la seconde guerre mondiale puis redevenue privée en 1992 à la faveur de la chute de l’Union soviétique, Praga se décrit désormais comme un groupe industriel fabricant aussi bien des motos que des avions, des camions de compétition pour le Dakar et des karting ! Outre une activité de bureau d’étude pour l’industrie automobile, Praga conçoit aussi des voitures de course depuis le début des années 2010. Avec la Bohema présentée officiellement en 2022 et mise au point jusqu’à cette année, le constructeur se positionne carrément sur le terrain des supercars routières les plus exclusives du marché avec une auto facturée 1 716 000€ TTC. Oui, on parle d’un prix d’achat proche de celui de machines comme la Pagani Utopia que nous essayions en 2024 sur Caradisiac. A ce stade de lecture, vous pensez sans doute qu’on parle de l’un de ces innombrables projets de marques inconnues aux promesses irréalistes. C’est exactement ce que je m’étais dit en découvrant pour la première fois des images de la Praga Bohema il y a quelques années sans y prêter attention plus que ça.
Un gros insecte léger comme une plume
L’attention, justement, devient totale lorsqu’une Praga Bohema rentre dans votre champ de vision. Longue comme un Peugeot 3008 (4,51 mètres), large comme un Range Rover (2,00 mètres), dix centimètres plus basse qu’une Lamborghini revuelto (1,06 mètres de haut) mais surtout creusée de toute part comme un prototype de course, cet alien tchèque évoque immédiatement, malgré sa tête d’insecte à quatre petits yeux, la silhouette d’une Aston Martin Valkyrie. Pas étonnant, d’une certaine façon, puisque ces deux autos embrassent exactement la même philosophie technique de base : une monocoque carbone encadrée par des suspensions à doubles triangles et poussoirs intégrés au châssis, une carrosserie conçue pour générer beaucoup d’appui aérodynamique, une mécanique installée en position centrale arrière et un ensemble le plus léger possible.


Alors qu’une super-sportive légère comme la McLaren 750S pèse 1 277 kg à sec et que la Valkyrie émarge à 1 340 kg à sec, la Bohema revendique 995 kg seulement ! La Tchèque bénéficie pour cela de l’absence de moteur hybride ou d’un gros V12 atmosphérique Cosworth. Même si l’auto devait initialement s’équiper d’un V10 atmosphérique (celui de Lamborghini et d’Audi), elle utilise dans sa version finale un V6 biturbo 3,8 litres. Il s’agit du bloc de la Nissan GT-R, préparé par l’Anglais Litchfield et totalement revu (il gagne un carter sec et une cartographie spécifique pour grimper à 710 chevaux et 725 Nm de couple).

Une véritable excellence dans la finition
Une fois passé le choc visuel à observer une telle machine dans le paddock du Circuit Paul Ricard à côté de sportives déjà plus habituelles, on s’étonne de voir dans le détail une finition aussi parfaite et même une ergonomie innovante. Car derrière la carrosserie « tout-carbone » aux panneaux si complexes, la voiture possède l’habitacle le plus fascinant qu’il m’ait été donné de visiter. Vu de l’extérieur, il paraît invivable à deux et oblige à de vraies contorsions pour y rentrer (la portière dépasse à peine l’encadrement de la vitre). Mais une fois à bord, le siège intégré au châssis révèle une position de conduite très différente des autres voitures de sport : le buste presque allongé, les genoux beaucoup plus hauts que les fesses comme dans une Formule 1, on découvre une vision panoramique parfaite à 180 degrés et on se sent comme un gros fœtus dans un environnement idéal !


Autre surprise, la qualité d’assemblage et des matériaux de cet habitacle si exigu tend sérieusement vers l’excellence. Il n’y a pas de vraie planche de bord et uniquement un support pour smartphone (si vous voulez de la navigation et de la musique), l’instrumentation s’affichant sur le volant avec des commandes de climatisation situées sur le plafonnier. Mais on n’y touche que du bel Alcantara (les clients peuvent aussi opter pour du cuir), des pièces en fibre de carbone ou des boutons au ressenti cossu. Et le plus fou c’est qu’une fois à deux dans la voiture, personne ne se gêne même avec deux grands gabarits grâce à une séparation qui permet de frotter ni les épaules ni les jambes contre son passager. Incroyable, vraiment, de bénéficier d’une telle finition à bord d’une supercar à la philosophie aussi extrême. Surtout quand il s’agit de la toute première voiture de route d’un nouveau constructeur !


Comme dans une McLaren F1 ou une Pagani Utopia, il y a deux boîtes dans les ailes pour ajouter 100 litres de « coffre ». Peut-on partir en voyage avec une Praga Bohema ? Vous allez voir dans la page suivante qu’il faudra pour cela un peu de courage.
Chiffres clés *
- Taux d'émission de CO2 : NC
- Date de commercialisation du modèle : Non communiquée
* A titre d'exemple pour la version .
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