Le triomphe et la fête

La performance de Monaco mais aussi une nouvelle réglementation qui limite la distance des Grands Prix à 300 km et interdit l'usage des carburants spéciaux pour 1958 ouvrent de nouvelles perspectives à l'équipe Cooper. Légère et peu gourmande, la Cooper peut couvrir la distance sans ravitailler. C'est un atout de taille, d'autant que la puissance des "gros" moteurs va diminuer sensiblement en fonctionnant avec de l'essence commerciale. Il y a un coup à faire pensent en chour Cooper et Brabham, mais le 1500 Climax n'est tout de même pas à la hauteur de la tâche. Rob Walker, qui aligne une Cooper F2 pour Stirling Moss est lui aussi tout autant convaincu et il aiguillonne Climax pour la production d'un nouveau moteur, en assurant la firme du financement du projet. Réalésé à deux litres, le quatre cylindres passe ainsi à 175 ch et les ambitions conjuguées de Cooper, Walker, Moss et Brabham deviennent nettement plus réalistes.

Dès l'ouverture de la saison 1958, Moss démontre la supériorité du nouveau cocktail en s'imposant au GP d'Argentine. Sous une chaleur torride, la Cooper a tenu la distance sans aucun arrêt alors que les autres équipes ont été contraintes non seulement de ravitailler mais aussi de changer plusieurs de pneumatiques. La légéreté et l'agilité de la Cooper a fait merveille, même si Moss passe la ligne avec des pneus usés jusqu'à la corde. Quatre mois plus tard, Maurice Trintignant gagne à Monaco sur une autre Cooper de l'équipe Walker animée cette fois par un nouveau Climax 2.2 litres de 194 ch. Impressionné par ces succès, le PDG de Climax se décide enfin à mettre en chantier un vrai moteur 2.5 litres pour la saison 1959. Livré aux équipes Cooper et Walker, le Climax avec ses 240 ch n'est toujours pas un foudre de guerre mais combiné aux 450 kg de la petite monoplace, il ne va tarder à faire des merveilles. Brabham gagne à Monaco, mais les sceptiques invoquent toujours le caractère spécifique du tracé permettant d'exploiter la maniabilité de la Cooper. Toutefois, lorsque Moss s'impose à 200 km/h de moyenne à Monza, le doute n'est plus permis et les fausse bonnes excuses n'ont plus cours.

Les Cooper sont bien devenues de redoutables bêtes de course malgré le manque de noblesse de leur mécanique. Plus puissantes (de 50 ch), mais aussi plus lourdes (au moins 100 kg), les meilleures monoplaces à moteur avant, comme les Ferrari ou BRM, ne peuvent plus surmonter le handicap et semblent soudain complètement démodées. Brabham, champion du monde "à l'arraché" en 1959, sera irrésistible l'année suivante en remportant cinq victoires consécutives et un nouveau titre mondial devant son équipier Bruce McLaren. "Avec la Formule 2.5 litre, nous avons vécu nos plus belles années" se souvient John Cooper, "Avec Jack et Bruce on travaillait toute la nuit sur les voitures, Nous n'avions qu'un camion, deux voitures, un mulet sur une remorque et quatre mécaniciens. Nous formions une vraie famille et on s'amusait bien."

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