John Cooper fit entrer la formule 1 dans son ère moderne, mais celle-ci s'empressa de l'oublier. Il ensorcela ensuite la Mini. Sous le charme, elle fit sa gloire et sa fortune.

Aujourd'hui, John n'est plus là, mais l'esprit Cooper continue de hanter la Mini.

Invité de Rover au Mondial de l'Automobile 1990, pour le second lancement de la Mini Cooper, John Cooper ne dissimule pas son plaisir. Il est doublement heureux. Après une longue éclipse, sa "Mini vitaminée" repart pour une nouvelle carrière et puis, ce jeune homme de 67 ans, facétieux et un peu cabotin retrouve avec plaisir le feu des projecteurs. Affable et jamais à court de bons mots, il ne donne pas l'air de s'ennuyer au cours de cette pesante opération de marketing, même si son regard s'attarde chaque fois un peu plus longuement sur les jolies hôtesses préparant le buffet...

Plus tard, quand le cercle se fit plus intime, John Cooper fut réellement surpris par l'hommage de quelques-uns. Le "père" de la Mini Cooper, n'était-il pas aussi cet artisan qui défia un Enzo Ferrari déjà tout puissant, l'homme qui imposa le moteur arrière en Formule 1 ? Sensible à ces honneurs, il minimisa avec une sincérité non feinte son rôle et son influence : "Nous n'étions pas les pionniers du moteur central. Tributaires des fournisseurs, nous n'avons fait que nous soumettre à la nécessité. Limités dans nos moyens, comme dans nos connaissances, nous nous sommes simplement efforcés de nous adapter et étions heureux, quand un de nos trucs pouvait pallier à nos insuffisances."

Et ces "trucs" (agilité, légèreté, simplicité), il sut les utiliser au maximum, retournant en sa faveur ce qui, à priori, pouvait le désavantager. En somme, parce qu'il était pauvre, John Cooper fut contraint d'être astucieux. Il lui fallut dix ans pour arriver au sommet. En janvier 1958, au Grand d'Argentine, Stirling Moss conduit pour la première fois une Cooper à la victoire. Trintignant récidive à Monaco, mais les observateurs parlent toujours de chance. Quand, Moss encore, triomphe l'année suivante à plus de 200 km/h de moyenne à Monza, le doute n'est plus permis et les fausses bonnes excuses n'ont plus cours. Brabham et Cooper sont Champions du monde en 1959 et 1960, les grosses Formules 1 à moteur avant sont bel et bien démodées. Animées par des mécaniques sans noblesse et à la puissance comptée, ces petites monoplaces à moteur central viennent de bouleverser hiérarchie et croyances en Grand Prix. "J'ai réalisé que nous venions de vivre nos plus belles années." John Cooper avait compris dès 1961 que l'empirisme bon enfant était dépassé en F1. C'est le moment qu'il choisit pour tenter de donner un confort financier à la Cooper Car Company. Très active, la société n'en restait pas moins des plus artisanales et ne générait que de maigres profits. Charles, le père et l'associé de John, y régnait en despote. C'était, en outre, un horrible pingre. La petite histoire raconte qu'au lendemain des courses, il fouillait les poches de John pour vérifier que celui-ci ne dissimulait pas une prime de course en espèces sonnantes et trébuchantes ! John fatigué de "trouver encore des trucs" pour financer ses F1 cherche depuis longtemps le soutien d'un constructeur.

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