Un rêve d’enfance se réalise :

Dès 1950, ce méridional volontaire et batailleur essaye de concrétiser un vieux rêve d’enfance : devenir coureur automobile. La transition entre le deux roues et la voiture de course n’est pas toujours évidente mais Jean à force de travail et de persévérance sait au fond de lui-même qu’il y arrivera. Pour sa première course, il s’est vu prêter une Maserati 150 à compresseur avec laquelle il gagne au Mont-Ventoux, remportant le même jour le classement moto. L’année suivante, il court à Montlhéry sur une Talbot 4,5 l type le Mans ; il ne remporte pas la course, mais quelqu’un le suit avec attention : Amédée Gordini, qui quelques temps plus tard après des essais plus qu’encourageants, lui confie l’une de ses voitures pour le grand prix des Sables d’Olonnes. Avec cette monoplace, Jean va pouvoir exprimer pour la première fois son grand talent car il terminera second dans les roues de Maurice Trintignant sur une voiture identique – résultat plutôt encourageant pour une première vraie course !

Le jour de gloire…

Intégré à la petite équipe Gordini, Behra dispute les Grands Prix avec la Six cylindres deux litres qu’il amènera notamment à la septième place à Berne, puis à la cinquième en Allemagne. Mais c’est en France, qu’il remporte sa première grande victoire internationale, au Grand Prix de France à Reims disputé dans une période de transition en Formule 2, devançant les Ferrari de Simon, Farina et Ascari.

Un Français vainqueur en France sur une voiture bleue, il n’en faut pas plus pour que Jean devienne la nouvelle idole du public, qui voit en lui le symbole et le renouveau du sport automobile français qui après les tragiques disparitions de Jean-Pierre Wimille et Raymond Sommer, traversait une période sombre. Désormais, l’attention du public peut se cristalliser autour d’un nom : BEHRA.

Un nom qui pour toute une génération représentera une voie à suivre et fera naître de nombreuses vocations chez des "jeunes garçons" que l’on retrouvera une dizaine d’années plus tard, contribuant les uns chez Matra, les autres chez Alpine Renault à la grande renaissance du Sport Automobile Français.

Après avoir conquis le public français par sa prestigieuse victoire de Reims, le pilote niçois ne se repose pas pour autant sur ses lauriers et quelques temps plus tard c’est le Mexique qui sera le théâtre de ses nouveaux exploits. Une Gordini 2,3 l sport est en effet inscrite à la légendaire Panaméricaine avec Behra à son volant. Sans aucune reconnaissance préalable, sur des routes caillouteuses et bordées de précipices, le Français remporte la première étape avec dix-huit minutes d’avance… Malheureusement, dès la seconde étape, la Gordini plonge dans un profond ravin, la voiture est détruite et la course terminée pour Jean qui s’en tire miraculeusement avec le nez cassé et un tassement de vertèbres.

Cet épisode illustre parfaitement le comportement de Behra en course : vaincre ou casser. Une ligne qu’il suivra tout au long de sa carrière quels que soient l’enjeu et les risques.

Dans le peloton de tête avec les plus grands

1953 et 1954 : les vaillantes Gordini demeurent rapides mais s’essoufflent à suivre leurs puissantes rivales et les faibles moyens financiers de la petite entreprise ne peuvent redonner puissance et fiabilité aux voitures. Malgré une victoire au Grand-Prix de Pau devant la Ferrari de Trintignant, Jean décide de passer chez Maserati pour la saison suivante.

Pilote d’usine à part entière, le français possède maintenant les moyens de se battre pour les premières places, mais les Mercedes de Fangio et Moss restent intouchables.

Parallèlement à la Formule 1, il existe chez Maserati un programme sport avec la jolie 3 l. Associé à Moss pour les 1000 km du Nürburgring, ils sont longtemps en tête jusqu’au moment où le moteur lassé par le tempérament explosif de ses deux pilotes finit par céder. Qu’importe, ils passent tous les deux sur la seconde voiture de Schell-Taruffi et à eux quatre, ils amènent "la rescapée" à la victoire.

En fin de saison, Behra signera deux autres victoires en sport, avec Musso à Monza puis aux 1000 km de Paris à Montlhéry avec Louis Rosier.

1956 : en tête du championnat du monde :

Mercedes se retire, Fangio va chez Ferrari et Moss rejoint Behra chez Maserati. Au grand Prix d’Argentine, le français s’empare du commandement devant Fangio, mais à la mi-course il fait un tête à queue et l’Argentin en profite pour passer. Rageur, Jean refait son retard tour après tour, revient et repasse. Fangio, qui, peu après, part à son tour en tête à queue, calant son moteur. Poussé par ses compatriotes commissaires de piste, l’Argentin reprend la piste et remporte une victoire contestée. Victime du Chauvinisme sud-américain, Behra sera considéré longtemps comme le vainqueur moral de cette course. Trois mois plus tard, au Grand Prix de Monaco, Moss signe une très belle victoire devant Fangio qui avait dû s’arrêter sur ennuis de moteur et changer de voiture. Pratique courante à l’époque, où le second pilote, en l’occurrence Peter Collins, était arrêté par le chef de stand au profit de son leader, Behra terminait troisième, et par un savant calcul se retrouvait en tête du championnat du monde, Fangio devant partager les points avec Collins.

Le Français terminera encore troisième à Reims, Silverstone et au Nürburgring, les Ferrari trustant les victoires. A la fin de l’année, Fangio était de nouveau champion du monde en partie grâce à la sportivité de Peter Collins, qui lui-même en course pour le titre, lui donnera sa Ferrari pour terminer derrière Moss en Italie et récolter ainsi les points nécessaires à son sacre. La belle régularité de Behra aux places d’honneur lui vaudra la quatrième place au championnat derrière le trio maître.

L’année suivante, il sera encore second en Argentine, vainqueur à Casablanca hors-championnat mais le plus souvent trahi par sa mécanique, c’est dans les courses sport qu’il obtiendra ses plus grands succès : une première place en Suède devant Moss et les 12 Heures de Sebring avec son maître, Fangio, comme équipier.

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