Champion d’Allemagne

A la fin de l’année 57, Maserati se retire partiellement de la compétition et Jean s’oriente vers l’autre grande patrie du sport automobile, l’Angleterre, en signant chez B.R.M qui a le plus grand besoin d’un pilote combatif et bon metteur au point. Chose rare à l’époque, le tempérament latin et impulsif du français s’accorde à la "pondération" toute anglo-saxonne de ses employeurs. Il est vrai, cependant, que Jean a donné à l’équipe de Bourne une belle victoire au G.P de Caen au mois de juillet 57 alors que tous les autres pilotes contactés avaient refusé de conduire la voiture jugée peu performante. Si, pour Ferrari, en 58, la grande menace vient des voitures vertes, il s’agit cependant des Vanwall de Moss et Brooks et non des BRM, qui souffrent d’un mal chronique au niveau du freinage. Malgré les promesses entrevues à Reims, où Behra se mêle à la bataille en tête avec Fangio et Moss, avant d’abandonner et une troisième place en Hollande derrière son équipier Harry Schell, les voitures de Bourne décevront et le français se consolera une nouvelle fois dans les épreuves sport et dans la Formule 2 renaissante. Pilote, chez Porsche en sport, Jean remporte une série impressionnante de succès au volant des petites RS et RSK dont la 3e place au Mans, une 2e place à la Targa Florio et outre-Rhin, il devient le premier français champion d’Allemagne en signant trois victoires consécutives.

Profitant de sa présence chez Porsche, il remanie un spider RSK pour la Formule 2-1500. Transformé en monoplace profilée à conduite centrale, Behra sait que sur un circuit rapide comme Reims, la Porsche bien que moins puissante que les Cooper et autres Ferrari a de grandes chances de bien figurer. Le résultat dépasse les espérances, car le français laisse à quelques 40 secondes les Cooper de Moss, Brabham, Trintignant et la Ferrari de Collins, signant ainsi une de ses plus belles victoires.

L’année suivante, Behra signe pour Ferrari qui vient de perdre son premier pilote, Hawthorn le champion du monde sortant. A Monaco il mène la course pendant 20 tours, mais la mécanique une nouvelle fois le trahit. Ensuite à Reims après avoir calé au départ et perdu une vingtaine de secondes, il passe en tête 11 tours plus tard avant d’exploser son moteur. Malheureusement, l’ambiance n’est pas au beau fixe, chez Ferrari car Tavoni le chef de l’écurie ne veut pas tenir compte des conseils du français pour le réglage des voitures et les heurts son nombreux et parfois violents…

Après les 24 heures du Mans, qu’il dispute avec Gurney sur la très belle "Testa Rossa" 3 L, la rupture est consommée.

Behra va conduire désormais ses propres voitures, un spider RSK et la spéciale à conduite centrale.

Behra constructeur

Début 1959, Jean construit avec l’aide d’un de ses amis Alexandre de Tomaso, une monoplace F2 à moteur Porsche 1500 : La Jean Behra Porsche. Lié par son contrat à Ferrari, il ne peut la piloter lui-même au GP de Reims. Confiée, à Hans Hermann, la petite voiture bleue échoue de très peu derrière la Borgward de Moss. Encouragé par ce résultat et connaissant la prochaine limitation de cylindrée à 1500 cm3 pour la formule 1 Jean décide de "raccrocher" à la fin de la saison pour se consacrer à la création d’une écurie portant les couleurs françaises, en effet le XXX à pratiquement disparu du monde des circuits depuis près de quatre ans.

Malheureusement ce projet ne verra jamais le jour, car le 1er août la mort va emporter celui qu’elle a tant de fois épargné. Celui qui avait été surnommée "le champion le plus recousu du sport automobile" ne verra jamais triompher sa voiture, et il faudra attendre encore quelques longues années avant de revoir du bleu sur les circuits. Matra, puis Renault et maintenant Ligier ont fait briller de nouveau les couleurs françaises, et un pilote français a maintenant les moyens d’être champion du monde sur une voiture bleue. Jean Behra n’aura pas eu cette chance mais il convient de ne pas oublier ce champion généreux qui a marqué d’une empreinte indélébile une époque glorieuse et qui, certainement est aussi un peu à la source des succès actuels.

Palmarès en championnat du Monde des Conducteurs

1952 – 3e GP de Suisse – Gordini

— 7e G P de l’A.C.F – Gordini

— 5e G P d’Allemagne – Gordini

9e championnat du Monde : 6 pts

1953 – 6e G.P d’Argentine – Gordini

— 10e G P de France – Gordini

1954 – 6e G P de France – Gordini

— 10e G P d’Allemagne – Gordini

20e championnat du monde.

1955 – 3e G P de Monaco – Maserati

— 8e G P de Hollande – Maserati

8e Championnat du Monde : 6 pts

1956 – 2e G P de Monaco – Maserati

— 7e G P de Belgique – Maserati

— 3e G P de France – Maserati

— 3e G P d’Angleterre – Maserati

— 3e G P d’Allemagne – Maserati

4e championnat du Monde : 22 pts

1957 – 2e G P d’Argentine Maserati – 6e G P de France – Maserati

— 6e G P d’Allemagne – Maserati 9e championnat du Monde : 6 pts

1958 – 5e G P d’Argentine Maserati – 3e G P de Hollande B R M – 4e G P de Portugal – B R M 10e championnat du Monde : 9 pts

1959 – 5e G P de Hollande – Ferrari 12e championnat du Monde : 2 pts

Autres grandes victoires

1951 : 2e G P des Sables d’Olonne – Gordini 1500

1952 : 1er G P de France 2 l. – Gordini 2 l

1954 : 1er G P de Pau – Gordini 2,5 l. F1

1er coupe du salon à Monthléry – Gordini 3 l.

1955 : 1er 1000 km du Nurburgring Maserati 3 l.

1er Supercotemaggiore (Monza) (L. Musso)

1er 1000 km de Paris (L. Rosier)

1956 : 2e tour de France avec José Behra Porsche 356

1957 : 1er G P de Suède Maserati 3 l.

1er 12 heures de Sebring (Fangio)

1er Silverstone F1 – BRM

1ER G P de Caen F1 – BRM

1958 : 3e 1000 km de Buenos-Aires (Moss) Porsche RS

2e Targa florio (Scariatti) Porsche RSK

3e 24 Heures du Mans (Herrmann) Porsche RSK (1e indice)

1er coupé du Rhin (Porsche RSK)

2e Zeltweg (Porsche RSK)

4e tourist trophy (E. Barth) (Porsche RSK)

1er Avus Porsche RSK

1er Riverside Porsche

1er G P du Venézuela Ferrari (J. Lucas)

Champion d’Allemagne voitures de sport

1er G P de Reims F2 Porsche Spéciale

1959 : 2e 12 heures de sebring (C. Allisoni) Ferrari 250 TR 3 L.

1er Silverstone

A.B. 24 h du mans (Gurney) (record du tour) : coéquipier de J. Behra pour les épreuves d’endurance.

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