Premier pilote Français a remporter une victoire en championnat du monde F1. Maurice Trintignant a traversé 28 années de compétition. Il reste l'un des seuls pilotes à avoir côtoyé Nuvolari, Ascari, Fangio, Moss, Clark, Rindt... Il est aussi celui qui a vu la Formule 1 changer, passer des moteurs avant au tout à l'arrière...

En débutant avant guerre avec la Bugatti qui avait appartenue à son frère : Louis. Maurice Trintignant n'imaginait sans doute pas qu'il passerait 28 années de sa vie sur tous les circuits du monde.

Il y a croisé la route de dizaines de pilotes qui comme lui ont fait la légende du Sport Automobile. Les Fangio, Behra, Hawthorn, Nuvolari, Farina, Ascari, Moss, Rodriguez, Surtees, Clark et tant d'autres... Avec bravoure et ténacité, il a remporté des victoires en Grand-Prix et en endurance.

Véritable légende vivante, il est le doyen des pilotes de Grand-Prix. Ces exploits restent gravé dans les mémoires et les anecdotes sont nombreuses en ce qui le concerne. Ainsi à ses débuts quand à la libération, il participe comme de nombreux pilotes Français au Grand-prix du Bois de Boulogne. Il vient juste de ressortir de la grange, où il l'avait remisé, la vieille Bugatti 51 de ses débuts. La vénérable ancêtre a quelques problèmes d'alimentation en essence. Maurice se penche sur le carburateur et comprend que les souris ont fait de petites crottes qui bouchent les durits.

Jean-Pierre Wimille (grand champion Français) et Roland Bugatti (fils d'Ettore) se mettent à le questionner sur ses problèmes mécaniques. Il leur répond : "le carburateur est plein de pétoules (crottes de souris en provençal) !" Les deux hommes, rigolards le surnomment sur le champ : Petoulet. Ce surnom lui restera toute la vie.

Petoulet n'a peur de rien, mais pourtant il mettra un point d'honneur à conserver son intégrité physique. Expliquera t'il souvent à ses admirateurs. Quelquefois, malgré la prudence, la mort peut être au rendez-vous. Le 4 juillet 1948 sur le circuit de Berne, alors qu'au cours du week-end trois pilotes ont perdus la vie, Trintignant prend le départ de la course sur sa Gordini. Au 4ème tour, il dérape, heurte un arbre. Il est éjecté de sa monoplace et retombe sur la piste. Un concurrent ne peut l'éviter et lui roule dessus. Transporté à l'hopital, le chirurgien qui l'opère, après 9 heures de coma, lui retire la rate. Pendant qu'il recoud la plaie, le coeur de Petoulet cesse de battre, le praticien ne peut que constater la mort clinique du pilote. Pourtant, après 1 minute et 15 secondes, le muscle cardiaque du Français se remet en marche, il bat !

De son accident, Trintignant garde comme séquelles un crane fragile face au soleil, c'est pourquoi il garde toujours un bonnet de laine sur la tête.

Mais toutes les courses ne seront pas aussi dramatiques, et pour Petoulet les exploits et les victoires seront de la partie. Là aussi les anecdotes ne manquent pas. En 1953, Amédée Gordini pense que ses pilotes ne sont pas assez forts pour battre les Ferrari. Il fait alors appel à Juan Manuel Fangio. Piqué au vif, Trintignant va tourner, en course comme au essais, "autour" du pilote Argentin. Seul une panne mécanique (pont cassé) l'empêche de vaincre le champion du monde. 19 ans plus tard, il récidive. Cette fois, c'est pour prouver aux journalistes qu'il peut encore battre les plus jeunes que lui. Il met alors un point d'honneur a remporter la victoire à Pau, face à Clark qui dispose d'une monoplace plus performante.

Une petite dernière : en 1964, il est pilote officiel ford France, on lui confie une Cobra Daytona pour le Tour Auto. Bien entendu, il doit laisser le champ libre aux pilotes maisons plus jeunes et rapides que lui : Bondurant et Neerpuch. Pour faire plaisir à Ford France, il aquiesce. Mais sur la piste, la passion l'emporte et à Rouen dans la descente vers l'épingle du nouveau monde, il met l'ensemble des concurrents derrière sa Daytona. Les petits jeunes de Ford ne le rattraperont pas !...

Tout au long de sa carrière, les victoires seront nombreuses, mais il est impossible de les relater toutes ici. Les plus connues sont bien sûr les GP de Monaco 1955 et 1958 et aussi les 24 Heures du Mans 1954. Elles font partie de la légende du pilote d'Avignon qui a couru jusqu'à l'age de 48 ans et a sut s'arrêter à temps. Avant l'arrivée des sponsors et de la course à l'armement. Pour sa retraite, il a reprit le chemin des champs et est resté en Provence à cultiver le raisin pour en faire du vin.

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