C’est à l’aune de ces théories que je me risque ici à quelques élucubrations. En effet, Pierre-Noël Giraud diagnostique un monde dans lequel les inégalités s’accroissent non pas tant d’une grande zone économique à l’autre, ou à l’intérieur seulement d’un même pays. Non, l’accroissement des inégalités n’a en réalité que faire des frontières. On assiste donc à l’émergence, selon lui, de groupes de personnes qu’il qualifie de « compétitifs » mais aussi à l’émergence de groupes de « protégés », deux groupes qui au final s’en sortent le mieux. L’originalité de sa pensée réside bien là : ces groupes se développent dans l’ensemble des pays.


A l’aune d’une telle analyse, essayons de comprendre l’offre automobile actuelle et sa possible évolution. Pas plus tard qu’hier soir, je vous proposais une revue de presse autour de Peugeot en Afrique. L’article se concluait sur le « vœu » d’un dirigeant de la marque de proposer un véhicule spécifique aux marchés africains subsahariens. Sans doute un tel véhicule adviendra-t-il, peut-être développée à partir du Hoggar (cf. photo) existant déjà en Amérique du Sud.


Comme le démontre Renault avec Dacia en Europe, l’offre des constructeurs devrait subir une profonde mutation dans les années à venir. Si Renault, avec Dacia, vise à proposer partout au monde à la fois des véhicules de gamme moyenne, de low cost et, à travers Infiniti (qui appartient à son allié Nissan) seulement pour le moment des véhicules haut de gamme partout au monde, ce n’est pas un hasard. Chez les constructeurs européens, Renault, avec son allié japonais Nissan, est même plutôt en avance sur les mutations à venir. Car à n’en pas douter, les nouveaux constructeurs venus d’Asie (notamment chinois) vont aller vite, très vite : ils vont à terme proposer des véhicules low cost, de moyenne gamme et de haut de gamme. Pourquoi ? Parce qu’ils bénéficient de l’expérience de leur propre marché intérieur, lequel est un puissant miroir du monde inégalitaire actuel.