Des travaux ont été lancés à l'ONU. L'objectif : "Etablir un marché mondial des biocarburants destiné à stimuler l'utilisation de l'éthanol et du biodiesel (produits à partir d'espèces végétales) en remplacement des carburants fossiles qui contribuent au réchauffement de la planète. Le marché des biocarburants permettrait d'établir des cours pour l'éthanol dont l'importation est frappée, aux Etats-Unis et en Europe, de surtaxes destinées à protéger les agricultures nationales. L'opération passerait aussi par l'harmonisation des normes de production, variables en fonction des pays et des cultures (canne à sucre au Brésil, maïs aux Etats-Unis, betterave et tournesol en Europe)." Cinq pays (Brésil, Etats-Unis, la Chine, l'Inde, l'Afrique du Sud) et l'Union européenne ont décidé de créer un Forum international des biocarburants au sein duquel ils constitueront deux groupes de travail : le premier consacré à l'échange de technologies, le second à l'établissement de "standards" en termes de qualité, de transport ou de distribution.

Contrairement à l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), le Forum réunit producteurs et consommateurs. Une conférence internationale sur les biocarburants pourrait aussi se tenir en 2008 au Brésil. Le 8 mars débute à Sao Paulo une tournée en Amérique latine. Le président Lula devrait évoquer la levée d'une surtaxe américaine de 0,14 dollar par litre sur les importations d'éthanol brésilien. Antonio Simoes, chargé de l'énergie au ministère brésilien des relations extérieures, a déclaré : "Nous voulons vendre notre modèle et montrer à d'autres pays comment faire. Le Brésil est, au coude à coude avec les Etats-Unis, le premier producteur et exportateur d'éthanol. Près de 90 % des voitures neuves y sont équipées de moteurs "flex fuel" qui fonctionnent aussi bien à l'essence qu'à l'éthanol. PSA Peugeot Citroën va commencer à produire, au Brésil, ces moteurs pour le marché français."

Les concepteurs du Forum mettent en avant que "la production des biocarburants permettrait aux pays en développement de rétablir leur balance commerciale, de réduire l'exode rural et d'investir dans la santé ou l'éducation les économies réalisées. Les pays occidentaux réduiraient pour leur part leur dépendance à l'égard d'une énergie polluante et aux réserves limitées, détenues par des pays dont les régimes leur sont parfois hostiles." D'après Tyler Volk, professeur à l'université de New York, "la création d'un marché mondial des biocarburants est positive car elle pousse les gens à penser dans de nouvelles directions. Mais la production massive d'éthanol pourrait augmenter la pression sur les terres cultivables, faire monter les prix de la nourriture et accélérer la déforestation." Les dommages collatéraux écolos en somme.