En Belgique, le parti écologiste Ecolo veut des biocarburants "certifiés". D'après lui, ce nouveau marché ne doit pas devenir un piège pour les agriculteurs. Ecolo souligne que les écologistes s'inquiètent de la façon dont le Gouvernement fédéral et le Gouvernement wallon entendent développer les biocarburants : dans un premier temps, le développement de cette filière a un impact positif pour les agriculteurs wallons en élargissant les possibilités de débouchés de leur production, en relevant quelque peu les prix des matières premières agricoles et en créant des emplois dans les installations de transformation situées en Wallonie. L'abandon de la mise en jachère pour les cultures de céréales pour la prochaine saison agricole confirme cette tendance.

Toutefois, toujours d'après le Parti écolo, l'absence totale de balises environnementales pour les cultures énergétiques pourrait rapidement mener à un désastre social et écologique de grande ampleur, tout particulièrement dans les pays les plus pauvres. Ecolo met en avant que la dégradation forte de l'environnement et de la biodiversité à cause des cultures énergétiques destinées à alimenter les voitures très consommatrices (culture pour huile de palme à la place des forêts primaires en Indonésie par exemple) est déjà une réalité dans certains pays. De plus, des troubles sociaux sont récemment apparus dans les régions les plus pauvres du Mexique à cause de l'augmentation de 40 à 100% du prix de la tortilla qui rend le maïs inabordable pour l'alimentation de ces populations locales. Le risque d'une intensification encore plus grande des cultures et le recours à des cultures OGM, même en Wallonie, est aussi à craindre.

Ecolo tient ainsi à rappeler que le rôle premier de l'agriculture est avant toute autre chose de nourrir les populations locales et que les cultures énergétiques ne peuvent se faire au détriment de cette mission essentielle. Il est donc indispensable que le développement des biocarburants soit encadré de règles environnementales et sociales précises et transparentes pour éviter les dérives qui apparaissent déjà, alors même que l'on n'utilise encore que très peu de carburants renouvelables à ce jour. Les écologistes exigent que les biocarburants mis sur le marché belge soient certifiés, afin de garantir qu'ils soient produits et transformés dans des conditions durables, ce qui n'est pas le cas actuellement pour certaines filières. Cette certification fédérale permettrait d'éviter tout dumping environnemental et social entre nos producteurs et ceux des pays exportateurs de biomasse en dehors de l'Union européenne.

Ecolo plaide également pour le soutien à la recherche développement des carburants renouvelables de la seconde génération, plus efficients et moins dépendants des cultures énergétiques que les agrocarburants actuels. Ces préoccupations doivent être introduites dans la note de négociation gouvernementale.

Source et photo : Ecolo (Muriel Gerkens, Députée fédérale, Monika Dethier-Neumann, Députée au Parlement wallon)