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Alpine : la marque se meurt mais ne se rend pas

Dans Economie / Politique / Industrie

Michel Holtz

Engluée dans son manque de rentabilité, la marque dieppoise va petit à petit n'être plus que l'ombre de son ombre. Autopsie d'un constructeur emblématique qui va disparaître sans le dire, et se fondre dans le paysage du rebadgage et des versions sportives d'autres modèles. Une histoire qui semble bégayer chez Alpine.

Des A110 en bout de chaîne à Dieppe. Un spectacle hélas trop rare pour que l'usine soit rentable.
Des A110 en bout de chaîne à Dieppe. Un spectacle hélas trop rare pour que l'usine soit rentable.

Ce n’est plus une aventure industrielle, c’est Koh Lanta. Depuis le début de la résurrection d’Alpine, il ne se passe pas un semestre sans que l’on n’évoque une difficulté, une passe délicate, ou une remise en cause de l’existence même de la petite marque dieppoise. Même si, renault annonce la création de trois nouveaux modèles.

Dernier épisode en date : le transfert de la remplaçante électrique  de l’A110 actuelle chez Lotus en Angleterre en 2025. Quid dans ce cas de l’usine historique normande à cette échéance ? Elle assemblera des versions sportives de modèles conçus et fabriqués ailleurs et qui seront finalisés à Dieppe.

Ce sera le cas du SUV conçu sur la base de la nouvelle Megane E-Tech électrique, et de la version dynamique de la R5 nouvelle manière. Alpine va également apparaître sur les flancs du grand SUV Renault Austral. Mais attention. Aux soupçonneux qui prédisent une forfaiture, les logos indiqueront "Esprit Alpine", rien à voir donc. L'esprit de la lettre, plutôt que la lettre.

À 110 GT : 300 ch et une peinture bi-ton
À 110 GT : 300 ch et une peinture bi-ton

Il n'empêche. Voilà Alpine forcée de revenir à ce moment de l’histoire que l’on ne lui souhaitait pas forcément voir revivre : celle d’une sorte de division plus ou moins sportive de la grande maison Renault, même si, en parallèle, elle va devenir le larron d’une collaboration avec un constructeur britannico-chinois (Lotus) pour concevoir et fabriquer une auto de manière quasi artisanale.

Le rêve du retour d’une marque à part entière, capable de développer ses propres modèles, et surtout, d’être à même de les vendre s’est donc enfoui. Évidemment, cette perspective ne tient absolument pas compte des qualités des modèles qui seront produits à Hethel en Angleterre, ou de ceux que Dieppe finira d’assembler en provenance de Douai. Les futures Alpine peuvent être parfaites même si elles ne risquent pas d’être réellement des Alpines.

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Une extinction en douce

Le rêve d’Alpine est donc quelque peu éteint dans les faits, mais pas dans les têtes. Et c’est là l’un des coups de génie de Luca De Meo. Lorsque l’Italien est arrivé à la tête du losange, la logique industrielle et financière lui imposait de mettre fin à l’aventure dieppoise. Le groupe perdait 8 milliards, la petite marque sportive n’était pas rentable, et avait très peu de chances de le devenir un jour.

En produisant 3 000 A 110 par an, elle ne pouvait espérer devenir bénéficiaire, et tous les observateurs se sont vite aperçus que ce seuil était infranchissable, par manque de notoriété de la marque ailleurs qu’en France et auprès de quelques fans éparpillés dans le monde d’une part. Mais aussi en raison de l’architecture particulière de l’auto et de sa plateforme exclusive qui l’obligeait à se vendre cher, sans pour autant dégager une marge démentielle par unité vendue.

Mais lorsque l’on s’appelle De Meo, et que l’on déboule chez Renault, entamer son règne en fermant une marque et une usine n’est pas franchement l’acte le plus encourageant pour garantir la paix sociale au moment ou il faut motiver plus que jamais des équipes mises à mal par les pertes financières et l’affaire Ghosn.

La future R5 : elle aura droit à une version Alpine assemblée à Dieppe.
La future R5 : elle aura droit à une version Alpine assemblée à Dieppe.

En plus, le CV de l’Italien était auréolé de créations de marques sportives (et de réussites) comme Abarth et Cupra chez ses précédents employeurs. Pas question donc de mettre la clé sous la porte. Alors Alpine a continué. Son usine a perduré et son A110 a très doucement évolué, pendant quatre ans, pendant que ses géniteurs ont continué de chercher des solutions pour que la belle dieppoise survive sans que pour autant, elle ne coûte une blinde.

L’avenir d’Alpine sera donc totalement électrique, mais comment saurait-il en être autrement ? D’ici là, les dernières A110 thermiques continueront à se vendre, un peu, avec une hausse des prix de près de 5 000 euros. Elles rejoindront le garage des derniers fans qui accepteront de dépenser entre 60 000 et 70 000 euros en moyenne, ravis d’un malus somme toute contenu pour ce niveau de puissance et de plaisir.

Les dernières autos produites seront bichonnées par leur propriétaire, conscients de disposer d’un modèle très vite collectionnable puisqu’ils connaissent l’échéance de fin, dans trois petites années. Après cette date, Alpine existera toujours, mais ce ne sera plus vraiment Alpine. Quant aux A 110 thermiques, elles feront comme les berlinettes des années 60 : elles atteindront des cotes indécentes.

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