Les défenseurs de l'environnement ont peur qu'un "super-ministère" du développement durable, rassemblant les transports, l'énergie, l'écologie et qui pourrait même s'élargir à l'aménagement du territoire, au logement ou à l'agriculture, noient l'action. Arnaud Gossement, le porte-parole de la fédération France Nature Environnement (FNE, plus de 3 000 associations) émet des "réserves" tout en se défendant d'un quelconque "procès d'intention" : "Nous qui étions les interlocuteurs traditionnels du ministère, craignons surtout un risque de dilution de l'administration de l'écologie : on ne va plus s'y retrouver ni rien y voir. L'écologie n'aura plus de budget propre, la biodiversité risque d'y perdre, la protection des espaces naturels aussi. Contrairement aux transports et à l'énergie, l'environnement n'a pas de grand corps d'Etat : les deux autres feront prévaloir leurs priorités sur l'écologie, les arbitrages à l'intérieur de ce grand ministère leur seront encore plus favorables qu'ils ne le sont déjà."

Serge Lepeltier, ancien ministre de l'Ecologie du gouvernement Raffarin (2004-2005), met en avant également le risque de "dilution" qui est la première "inquiétude" exprimée. Mais il ajoute : "Pour que ça bouge dans l'écologie, il faut surtout que le président et le Premier ministre soient imprégnés." L'ONG Agir pour l'environnement s'interroge sur les "moyens budgétaires et humains" outre l'aspect institutionnel de la réforme : "On va rester vigilant tout l'été sur la ligne budgétaire dévolue à l'écologie", souligne son porte-parole Stephen Kerckhove.

Corinne Lepage, avocate et ancienne ministre de l'Environnement sous Juppé (1995-1997), rappelle les difficultés qu'elle a rencontrées à ce poste et exprime sa déception : "Je n'avais aucun poids, aucune priorité dans un gouvernement que l'environnement n'intéressait pas. Et je me suis heurtée au poids considérable des lobbies agricole, automobile, pétrolier ou même d'EDF." A l'époque, la ministre de l'environnement Corinne Lepage défendait l'interdiction de certains pesticides et une loi sur la qualité de l'air.

Face à cette situation qu'ont vécu les anciens ministres de l'environnement et face à la situation actuelle qui ne satisfait personne (la plupart des ministres ayant quitté leurs fonctions avec un sentiment de frustration voire de gâchis), Nathalie Kosciusko-Morizet (députée UMP de l'Essonne et conseillère pour l'environnement de Nicolas Sarkozy) explique son point de vue : "Cela montre bien que la question n'est pas celle du budget, du nom ou de la taille du ministère. C'est précisément en le regroupant sous un même chapeau avec l'énergie et les transports, qu'on a une chance d'intéresser les grands corps d'Etat à l'environnement et ainsi de les acculturer. Tel que proposé par le candidat Nicolas Sarkozy lors de sa campagne, ce ministère pourrait devenir celui de la lutte contre le changement climatique et contre l'effet de serre". Dans les jours qui viennent, nous serons fixés sur le sort du ministère du développement durable !

Source : AFP