L'association Agir pour l'Environnement a été créée en 1996. Ses objectifs : constituer un outil efficace au service de la mobilisation citoyenne en matière d'environnement face aux lobbies industriels en tout genre et à l'inertie des politiques de droite comme de gauche. Un de ses combats : lutter contre la publicité automobile. L'association explique que le message diffusé par la répétition publicitaire colporte le mythe de l'abondance matérielle par lequel l'achat permet d'être, d'exister : d'après elle, c'est ainsi que l'automobile est devenue la représentation symbolique d'une certaine puissance machiste, représentation omettant soigneusement de signaler toutes les pollutions induites, qu'elles soient sonores ou atmosphériques... Alors que le dérèglement climatique fait déjà ressentir ses effets catastrophiques partout sur la planète, la publicité prolonge la spirale infernale en vantant les mérites de 4X4 à usage urbain, surpuissants et climatisés dont la consommation croît aussi vite que le nombre de panneaux publicitaires affectés à leur promotion.

Agir pour l'environnement souligne que les publicitaires ont un quasi-monopole dans la délivrance de messages à destination du grand public. Les citoyens et consommateurs subissent une communication enjolivée qui ne peut, en aucune façon, les conduire à un choix écologiquement responsable. Ce pouvoir économique doit être contesté par l'apposition, sur chaque support promotionnel ainsi que sur le produit vendu, d'informations civiques. Le prix n'est en effet pas le seul élément devant être porté à la connaissance des consommateurs. Les consommations d'énergie, les émissions de CO2 et de fluides frigorigènes hydrofluorocarbones et leur rôle néfaste dans le dérèglement climatique sont des informations de première importance pour l'avenir de notre planète. Or, force est de constater l'absence de lisibilité et de clarté de ce danger, ne permettant pas de mettre en perspective et de corréler l'usage irrationnel de l'énergie et ses répercussions dramatiques sur notre climat. Ces informations pourraient prendre la forme d'un étiquetage classant de A à F les véhicules, des moins polluants aux plus émetteurs de gaz à effet de serre, intégrant leur consommation moyenne en milieu urbain, climatisation en fonctionnement, de façon à ne pas minorer l'impact de telle ou telle option énergétivore. L'information ne pouvant seule orienter l'achat, il est nécessaire de renchérir les produits anti-écologiques afin de dissuader leur mise en vente. Les véhicules classés dans les catégories D, E, F et G à la puissance fiscale la plus élevée devront connaître une augmentation sensible de leur prix, grâce à une vignette internalisant les coûts environnementaux proportionnelle aux émissions de gaz à effet ainsi qu'une taxe à l'achat.

L'association évoque le Code de l'Environnement, qui dans son article L.224-1, prescrit "les conditions de limitation de la publicité ou des campagnes d'informations commerciales relatives à l'énergie ou à des biens consommateurs d'énergie lorsqu'elles sont de nature à favoriser la consommation d'énergie." Or, pour entrer en application, cet article devait être suivi de l'adoption d'un décret... qui depuis 1996 reste à rédiger par les services de l'Etat !

Une climatisation qui fait froid dans le dos !

L'association se penche sur les campagnes promotionnelles pour les climatisations automobiles à 1€ symbolique. La climatisation, solution de confort en réponse aux périodes de canicules, est caractéristique de cette fuite en avant qui saisit notre société. Alors que trois automobiles sur quatre sont d'ores et déjà dotées de la climatisation, son usage peut entraîner une augmentation de 35% de la consommation de carburant en milieu urbain. Collectivement, elle accroît notre dépendance à l'égard d'une énergie non renouvelable, le pétrole, engendrant tensions internationales, émissions massives de CO2, dérèglement climatique et pollution de l'air. Paradoxalement, la climatisation individuelle provoque un réchauffement collectif qu'individuellement tout le monde dénonce... Cette schizophrénie apparente est le résultat tangible des campagnes publicitaires et offres commerciales en faveur de la climatisation.

Quand les 4x3 font la promo des 4x4 !

Agir pour l'environnement ajoute que l'importation de la mode américaine des véhicules à quatre roues motrices en milieu urbain est une aberration de plus de notre société de surconsommation. L'augmentation des ventes de 4x4 et autres pick-up est un effet de plus du mimétisme publicitaire. Cela repose non sur un besoin objectif, mais sur la volonté de paraître, mélangeant allègrement l'objet acquis et le statut social du possédant. Selon l'Ademe, un véhicule 4x4 consomme 40 % de plus en ville qu'une automobile classique... et 100 % de plus que la marche à pied ou le vélo ! Selon le Conseil d'Analyse Économique, “sur 100 grammes de CO2 émis aujourd'hui, 13 grammes seraient toujours dans l'atmosphère dans 1000 ans” !!! Les dix 4x4 les plus vendus en France émettent en moyenne 350 g de CO2 par kilomètre. En fin de vie, les 75.000 véhicules à quatre roues motrices vendus en 2003 auront rejetté plus de 5 millions de tonnes de CO2 dans notre atmosphère !!! Parce qu'un achat compulsif ne visant qu'à assouvir une pulsion irrationnelle ne peut être qu'un luxe, la vente des 4x4 et autres véhicules surpuissants doit être frappée d'une taxe à l'achat proportionnelle à leur consommation. Toujours d'après l'association, ceux-ci doivent par ailleurs être rapidement interdits en centre-ville, lieu réservé aux modes de circulation doux, non polluants, silencieux et adaptés à la densité urbaine.

Les demandes de l'association

  • 1. Obtenir le retrait de tous les panneaux publicitaires illégaux et restreindre la dimension des panneaux restants
  • 2. Interdire toute forme de publicité augmentant directement la consommation d'énergie, comme les panneaux lumineux, ou éclairés, mobiles, les publicités transportées par des véhicules motorisés spécialement dédiés ou à l'aide d'aéronefs
  • 3. Limiter la promotion d'un usage irrationnel de l'énergie grâce à l'adoption du décret en Conseil d'Etat prévu à l'article L.224-1 du Code de l'Environnement
  • 4. Imposer, sur tous les véhicules et outils promotionnels, une information claire relative aux consommations et aux émissions de CO2 et fluides frigorigènes hydrofluorocarbones (publication de l'arrêté issu du décret n°2002 du 23 décembre 2002) par le biais d'un étiquetage précis
  • 5. Internaliser les coûts environnementaux en imposant une taxe dissuasive proportionnelle aux émissions de gaz à effet, type vignette, frappant les véhicules étiquetés dans les catégories D, E, F et G
  • 6. Introduire une taxe à l'achat pour les véhicules à quatre roues motrices type 4x4 et les proscrire des centres urbains