Rassurez-vous, si vous avez trouvé le Grand Prix de Bahreïn soporifique, vous n'êtes pas les seuls. Les pilotes, Alonso et Schumacher en tête, avouent que les positions étaient figées quasiment dès le départ et qu'il est toujours très difficile de doubler, voire même un peu plus qu'avant. Bref, la suppression des ravitaillements nous ramène 25 ans en arrière et on comprend maintenant (pour certains) pourquoi il y a 17 ans, Bernie Ecclestone et la FIA s'étaient mis d'accord pour instaurer les ravitaillements en essence durant les courses. Et oui, une course monotone est toujours plus excitante lorsqu'on introduit du mouvement donc une source de faute potentielle durant son déroulement.

Tout le monde est conscient du problème

Chez les patrons d'écuries, très concernés par le spectacle offert, le message est identique. Mis à part Stefano Domenicali qui préfère attendre avant de se prononcer, Martin Whitmarsh chez McLaren ou Nick Fry chez Mercedes affirment dès aujourd'hui qu'il faut changer les règles très rapidement pour ne pas renouveler ce type de course.

Whitmarsh évoque une solution potentielle pour relever un peu le suspense sachant qu'il est impossible de modifier les règles en cours de saison. Pour lui, la solution est dans les pneus. Whitmarsh appelle Bridgestone à fournir des pneus plus "fragiles", comprenez plus tendres et donc moins résistants afin que les autos soient contraintes de s'arrêter au minimum 2 fois durant la course.

Il remet également en cause les double-diffuseurs que tous utilisent aujourd'hui mais qui en rendant les monoplaces très dépendantes du flux aérodynamique, n'aident pas au dépassement. Le bannissement en 2011 est un an trop tard.

Nick Fry et Christian Horner ne disent rien d'autre. Selon eux, les vrais clients de la F1 sont les supporters, les spectateurs et les téléspectateurs. Il faut donc revoir de toute urgence les règles sportives puisqu'il est impossible de jouer sur la technique en cours de saison. Le seul levier serait de jouer sur les pneumatiques et d'obliger les équipes à 2 arrêts car le risque est de voir toutes les courses se réaliser sur le format de Bahreïn, à savoir un seul pit-stop.

La FIA doit réfléchir vite

La balle est donc dans le camp des équipes et de Bridgestone, tandis que la FIA doit réfléchir très vite pour la saison prochaine. Les émissaires de la fédération ont déjà dit qu'ils entamait une réflexion sur les double-diffuseurs après s'être rendus compte que quelques équipes avaient détourné la règle qui oblige à laisser un trou dans le diffuseur pour pouvoir y introduire le démarreur. Ce trou est devenu un élément aérodynamique actif et apporterait un supplément d'appui chez certains teams.

La réflexion est engagée et, à la lumière de tout ça, on se surprend à apprécier les règles de la Nascar qui impose des conditions strictes pour les changements de pneumatiques. Les roues sont changées par 2 mécanos obligés de dévisser/revisser 5 boulons par jantes avant de faire le tour de l'auto pour s'occuper du côté opposé. Chaque pit-stop est donc l'occasion de gros bouleversements (dévisser/revisser 10 boulons sans faute n'est pas chose aisée) et certains mécanos sont de véritables stars, car capables de faire gagner une équipe.

F1 : les patrons veulent plus de spectacle. Les pneus sont-ils la solution ?

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