Lotus Europa S, une GT qui cache bien sa beauté dynamique
Aux antipodes des voitures de sport actuelles, la très légère Europa S entend concilier sensations pures et confort suffisant pour les longs voyages. Elle n’a pas eu de succès, mais demeure une machine à sensations assez étonnante. Dès 30 000 €.

Les collectionnables sont des autos revêtant un intérêt particulier, donc méritant d’être préservées. Pas forcément anciennes, elles existent pourtant en quantité définie, soit parce que le constructeur en a décidé ainsi, soit parce que leur production est arrêtée. Ensuite, elles profitent de particularités qui les rendent spécialement désirables : une motorisation, un châssis, un design, ou un concept. Enfin, elles sont susceptibles de voir leur cote augmenter. Un argument supplémentaire pour les collectionner avant tout le monde !
Lotus se fourvoie dans la production de SUV électriques épouvantablement lourds, mais peut-on le lui reprocher ? La législation l'impose. D'un autre côté, un effort aurait pu être fait côté allègement, autrefois la spécialité de la marque d'Hethel. En témoignent les Elise/Exige ainsi que l'Europa S qui en dérive. Peu connue, celle-ci se veut une petite GT s'appuyant sur sa légèreté pour offrir des performances de premier plan et surtout des aptitudes dynamiques exceptionnelles. La clientèle n'a pas suivi : tout le monde rêve de légèreté mais personne ne l'achète ! Résultat, l'Europa S demeure extrêmement rare. Plus originale qu'une Porsche Cayman, et davantage prodigue en sensations, la Lotus est une authentique voiture de connaisseur comme on n'en fera plus jamais !
Grand succès de Lotus, l’Elise pâtit pourtant d’un défaut inexcusable aux yeux des financiers : elle ne dégage pas assez de marge bénéficiaire. Le constructeur d’Hethel a commencé à résoudre ce problème avec l’Exige, plus radicale et chère, mais il fallait aller plus loin. Proposer une GT plus chic et confortable que ces deux-là, mais aussi plus onéreuse et… rentable. Seulement, point n’est question de dépenser des sommes considérables pour un tel modèle, aussi va-t-on récupérer la base des Elise/Exige, composée de profilés en aluminium collés.

Enfin, presque. En réalité, comme on a besoin d’un empattement plus long, afin de maximiser l’habitabilité, Lotus reprend la base de l’Opel Speedster, très proche, et installe un moteur fourni par GM, déjà monté dans celle-ci et l’Astra OPC. Puissant et souple à la fois, ce 2,0 l turbo de 200 ch n’a pas besoin de tourner vite, donc de faire beaucoup de bruit pour autoriser de belles performances. On habille le tout d’une carrosserie voulue plus élégante que celle des sportives spartiates déjà proposées et cela donne l’Europa S, révélée fin 2005.

Reprenant le nom d’une Lotus à moteur central des années 70, elle ne pèse que 995 kg, ce qui lui confère un rapport poids/puissance de moins de 5 kg/ch. Plus que la vitesse de pointe (242 km/h tout de même), l’Europa S attire par ses accélérations, le 0 à 100 km/h étant exécuté en 5,8 s. On est dans les temps d’une Porsche Cayman 2.7, mais voilà, le prix est supérieur à celui de l’Allemande : 50 400 €, soit 67 600 € selon l’Insee. Cela inclut la sellerie cuir, la clim, le GPS et la sono voire des airbags.

Ces derniers ont incité Lotus à récupérer la planche de bord de l’Elise vendue aux USA, qui s’en équipe, au contraire de l’européenne. Problème, elle n’a strictement rien de cossu, bien au contraire, et c’est bien là le problème de l’Europa S : son cockpit par trop spartiate. Un pack Touring optionnel, proposé dès 2007 (sièges et tableau en cuir) tente de remédier au problème. En vain ! La clientèle boude le modèle, qui se vendra à 410 unités jusqu’en 2008.

Là, Lotus dégaine l’Europa SE, mieux présentée, plus silencieuse (ou moins bruyante), dotée de suspensions revues, d’un coffre agrandi et forte de 220 ch. Las ! Malgré un prix stable, elle ne séduira que 48 clients jusqu’en 2010. On n’est d’ailleurs pas sûr qu’elle ait été vendue à plus de dix unités en conduite à gauche. L’Europa S sera remplacée par l'Evora, beaucoup plus luxueuse... et lourde.

Combien ça coûte ?
Rançon de la rareté, l’Europa S n’a pas beaucoup décoté. On peut raisonnablement tabler sur un minimum de 30 000 € pour un exemplaire de 150 000 km environ, contre 37 000 € pour passer juste sous la barre des 100 000 km, alors qu’à 40 000 €, le kilométrage s’oriente vers les 60 000 km. Il sera très difficile de trouver plus bas, quelques dizaines d’exemplaires seulement ayant été vendus en conduite à gauche. Si la conduite à droite ne vous gêne pas, tant mieux, cela vous fera économiser 5 000 € en moyenne.

Quelle version choisir ?
Celle que vous trouverez déjà. Assurez-vous qu’elle n’ait jamais été accidentée et que son entretien soit soigné. C’est le cas de la plupart des Europa S, achetées en connaissance de cause par des passionnés. Un exemplaire doté du pack Touring sera plus attractif.

Les versions collector
Toutes, si elles sont en parfait état d’origine. Si vous trouvez une belle SE en conduite à gauche, jouez à l’Euromillion !

Que surveiller ?
Utilisant des éléments mécaniques éprouvés, la Lotus est fiable de ce point de vue. Mieux, le moteur étant de grande série, ses pièces détachées sont abondantes et peu chères. Heureusement, car avant 100 000 km, il faut changer la courroie de distribution. Côté châssis, on se dit qu’on est tranquille car l’aluminium ne rouille pas. Certes, mais il est sujet aux réactions électrolytiques s’il a été abimé (par un gravillon notamment) et longuement exposé aux projections d’eau.
Le cas est rare, mais une inspection ne sera pas de trop, vu la difficulté à réparer les éventuels dommages, y compris ceux consécutifs à un accident. De leur côté, les trains roulants sont sensibles aux petits chocs (contre un trottoir) par exemple. Dans l’habitacle, la fermeture centralisée peut tomber en panne, et le témoin d’ABS rester allumé (souci de capteur de roue). Enfin, le compresseur de clim n’est pas très solide. Rien de grave dans l’ensemble.

Sur la route
Bien que Lotus ait abaissé les larges seuils de porte sur l’Europa S, le cockpit de celle-ci n’est guère plus accessible que celui d’une Elise. Et la position de conduite pas tellement plus confortable, non plus que le siège. Quant au tableau de bord standard, son aspect basique fera fuir n’importe quel propriétaire d’Audi TT. Et il aura bien tort ! Car la conduite de l’Europa sera quoi qu’il arrive un grand moment.

Ok, le moteur – plutôt bruyant – n’a rien de musical, mais il marche très fort très tôt : pas besoin de chercher la zone rouge. Il s’allie à une boîte 6 ultra-rapide et bien étagée, une source de plaisir. Mais le meilleur, on s’en doute, reste le châssis. L’Europa vous connecte à ses roues comme aucune autre. On sent tout ce qu’elle fait, au point de faire corps avec elle : la direction, rapide et hyper-précise, renseigne idéalement sur l’état de l’adhérence. Les mises en appui sont d’une netteté cristalline, et l’accélérateur, rappelant un scalpel, permet de jouer instinctivement avec l’attitude du châssis. Enfin, quand on freine, on a l’impression d’appuyer directement sur les disques avec la semelle de ses chaussures.

D’un équilibre parfait, la Lotus passe très, très vite en virage, légère, elle change d’appui sans inertie aucune, et souplement suspendue, elle ne se laisse jamais déstabiliser par les bosses tout en préservant un confort de roulement étonnant. Oui, du confort ! Il faut vraiment conduire l’Europa S pour comprendre son intérêt. Cerise sur le pudding, elle consomme raisonnablement : 9 l/100 km.
L’alternative youngtimer
Lotus Elan M100 (1989 – 1995)

Si on aime les Lotus un peu bizarres, voire méprisées en dépit de leurs grandes qualités, alors on ne peut passer à côté de l’Elan M100. Pourtan, les passionnés ne pardonneront jamais à ce roadster anglais, présenté en 1989, d’être une « simple » traction. Ce, sans même l’avoir conduit. Dommage, car malgré son mode d’entrainement, il profite de qualités routières remarquables ! Par ailleurs, le moteur 1,6 l turbo fourni par Isuzu garantit d’excellentes performances, ses 165 ch n’ayant qu’une tonne à emmener. 220 km/h au maxi, 0 à 100 km/h en 7,1 s, en 1989, c’est enviable.
Quant au comportement routier, magnifiquement équilibré et efficace, il a quelque chose d’une Peugeot 205 GTI, grâce à son train avant accrocheur et son arrière volontiers joueur. Hélas, le prix étant élevé, les ventes ne prennent pas, et si une version améliorée surnommée S2 apparaît en 1994, la Lotus disparaît en 1995, produite à 6 374 unités. C’est toujours plus que pour l’Europa S ! A partir de 14 000 €.
Lotus Europa S (2006) : la fiche technique
- Moteur : 4 cylindres en ligne, 1 998 cm3
- Alimentation : injection électronique, turbo
- Suspension : doubles triangles, ressorts hélicoïdaux (AV et AR)
- Transmission : boîte 6 manuelle, propulsion
- Puissance : 200 ch à 5 400 tr/min
- Couple : 272 Nm à 5000 tr/min
- Poids : 995 kg
- Vitesse maxi : 242 km/h (donnée constructeur)
- 0 à 100 km/h : 5,8 secondes (donnée constructeur)
> Pour trouver des annonces de Lotus, rendez-vous sur le site de La Centrale.
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