Ford Model T : l’Amérique en grande série

En 1913, Henry Ford donne le coup d’envoi d’une nouvelle révolution industrielle. La mise en service de la première « chaîne » dévolue à la production d’automobiles marque le démarrage de la fabrication « en série », de la standardisation et de la rentabilité. Cette ligne d’assemblage a été aménagée dans une usine flambant neuve que Ford fit ériger à Highland Park, dans les parages de Detroit, pour remplacer l’atelier de Piquette Avenue.

D’année en année, la production de l’entreprise va décupler : de 224 783 exemplaires en 1913, elle passe à 372 249 en 1915, puis s’élève à 586 202 en 1916… pour culminer à plus de deux millions d’exemplaires en 1923 ! Ces chiffres étourdissants sont atteints grâce à un seul et unique produit : le modèle « T ».

Cette surdouée, présentée en octobre 1908, reposait d’emblée sur un cahier des charges qui ressemblait à un engagement : robustesse, polyvalence, simplicité d’utilisation, facilité d’entretien. Pour motoriser l’Amérique profonde, il fallait concevoir un véhicule capable de répondre à toutes les nécessités, toutes les envies, bref, un engin doué d’un sens aigu de l’adaptation. Avant même de se distinguer par des nouvelles méthodes de fabrication, le Modèle T s’était démarqué de ses contemporains par la stratégie commerciale.

Alors que beaucoup de constructeurs échafaudent encore des gammes interminables, composées d’une nuée de versions, Henry Ford prône la politique du modèle unique. Une seule motorisation est prévue, en l’occurrence un très sage moteur quatre cylindres de 2,9 litres développant une vingtaine de chevaux. Le choix des variantes se limite à deux carrosseries principales : le phaéton à quatre places (baptisé « Touring »), bientôt remplacé par une torpédo, et le cabriolet deux places (« Runabout »). Les autres styles resteront marginaux.

L’une des clés du succès de la Ford T repose sur la sTandardisation. « Vous pouvez choisir la couleur que vous voulez… pourvu que ce soit du noir », ironise Henry Ford.