Ce France – Allemagne de vendredi s'annonce comme l'un des matchs majeurs de cette coupe du monde 2014. Et même si j'avoue ne pas (plus) suivre du tout le football, la faute non pas au sport lui-même mais à tout l'univers et aux mentalités qui gravitent autour, l'affrontement entre le coq français et la Mannschaft a quelque chose de particulier. En ce qui me concerne, je n'étais pas né en 1982 lorsque Harald Schumacher venait gentiment poser son postérieur sur le faciès de notre Patrick Battiston. Voilà probablement l'une des « agressions » les plus marquantes de l'histoire du ballon rond. Alors forcément, lorsque les bleus affrontent leurs voisins, il y a toujours un parfum d'histoire dans l'air.


Mais l'opposition entre France et Allemagne n'existe pas que dans le football, elle est également bien présente en automobile. Si nous étions feignants, la situation pourrait se résumer à deux courbes radicalement opposées. D'un côté, il y a la progression du luxe allemand au fil des ans, même si Mercedes a toujours été reconnu pour cela. Audi est probablement l'exemple le plus flagrant de cette évolution du paysage automobile allemand. Longtemps catalogué comme constructeur classique, Audi a su capitaliser en deux décennies pour se construire une image de marque premium incontournable. D'ailleurs, les quatre anneaux sont sur le podium du segment premium dans le monde, bien à l’affût derrière le rival à l'hélice qui reste maître dans le domaine.


Mais revenons-en à nos courbes. Le tracé français sur le 20e siècle est radicalement différent. Autrefois, une auto française rimait sans problème avec grand luxe et folie, façon Facel Vega, par exemple. Citroën aussi avait les cartes en mains pour prendre le large sur les évolutions technologiques. Malheureusement, tout le capital que possédaient nos constructeurs a fondu comme neige au soleil et aujourd'hui, il n'est plus question de premium à la française. L'automobile allemande vise toujours plus haut, l'automobile française tente, elle, de maintenir le cap et même si une nouvelle intrusion dans le premium n'est plus à exclure, avec des noms comme Initiale Paris chez Renault ou DS en Chine pour Citroën, les prestations restent malgré tout en retrait. Je pense notamment à la DS5 qui représente actuellement le luxe à la française sur le territoire, mais la voiture présidentielle aux chevrons doit se mesurer à des concurrentes sérieuses qui ont pour elles un catalogue ultra-fourni de versions différentes, aux puissances parfois importantes.


Nous avons ainsi décidé de comparer l'automobile allemande à l'automobile française sur plusieurs points importants. Nous verrons ainsi, dans le monde à quatre roues, qui sort vainqueur de ce match...


Design, originalité, excentricité...


France - Allemagne : Caradisiac fait l'avant-match
France - Allemagne : Caradisiac fait l'avant-match

Commençons par une notion qui n'est, habituellement, pas allemande. Parlez de mode vestimentaire, de haute couture, de design et d'originalité, et on vous répondra très souvent : Italie ou France. Les autos françaises ont souvent été remarquées pour leur design, et même si les folies n'attisent pas toujours la passion des foules (vous avez dit Renault Avantime ?), le coup de crayon hexagonal a de la folie, de l'originalité et du sens artistique. Les Allemands, eux, sont plutôt connus pour leur rigueur (pour ne pas dire leur rigidité). Formes consensuelles, renouvellements timides sur le plan du style, lignes conservatrices, le crayon allemand est plus sérieux, ose moins. Est-ce une bonne ou une mauvaise chose ? Voilà une question qui demande une réponse bien subjective, que je vous laisserai écrire dans les commentaires. En tout cas, le client qui choisit les automobiles allemandes peut au moins dire qu'il s'y retrouve entre les différentes générations d'autos.


Sur ce thème, donc, la victoire revient à la France, bien que le style reste une question de point de vue...


Qualité


France - Allemagne : Caradisiac fait l'avant-match
France - Allemagne : Caradisiac fait l'avant-match

Alors là, on attaque la partie du dossier qui soulève bien des altercations entre défenseurs des allemands et partisans des français. Nous allons donc parler de la fameuse « qualité perçue », qui fait souvent partie de nos critères d'évaluation lors de nos essais. Et à ce petit jeu, autant le dire tout de suite : il n'y a pas photo. Sans aller jusqu'au premium, puisque nos constructeurs n'y sont pas (vous ne m'en voudrez pas si j'omets Bugatti dans « nos » constructeurs...), la comparaison entre le produit fini allemand et français tourne assez souvent à l'avantage de la voiture allemande. Oui, mais... Allez donc jeter un œil à notre dernier comparatif entre la Golf SW et la Peugeot 308 SW. La française va presque jusqu'à écraser sa concurrente, et fait jeu égal dans le domaine de la finition. Les françaises sont-elles toujours larguées ? Non, pas toutes. Mais même entre les marques généralistes, l'Allemagne conserve toujours un avantage, largement apporté par Volkswagen. BMW, Audi et Mercedes jouent, eux, dans une autre cour...


La victoire est ici allemande, sans surprise. Le match France-Allemagne est donc serré...


Tarifs


Pour ce sujet, je vais retenir les autos qui boxent dans la même catégorie pour ne pas faire tourner le match à l'avantage d'un pays ou de l'autre, j'exclurai donc les marques premium. Peugeot 308 vs Volkswagen Golf VII, Renault Clio IV vs Volkwagen Polo vs Opel Corsa, Renault Mégane vs Opel Astra... Qui affiche le meilleur rapport prix/équipement/prestation du marché ? Là aussi, c'est un combat qui va se terminer à l'évaluation du jury, et pas au KO technique. Aujourd'hui, les différences de prix ne sont pas énormissimes entre allemandes et françaises, à segment, niveau de finition et motorisation équivalents. Si l'on reprend l'exemple de la Peugeot 308 SW et de la Golf VII SW, l'écart de prix de notre comparatif était de 500 euros. Pas de quoi fouetter un chat. Toutefois, sur certains modèles comme pour la Clio ou la 208, les tarifs sont à l'avantage des françaises.


Les niveaux tarifaires pratiqués par les généralistes allemands et français sont, globalement, équivalents. Même si des différences existent si l'on prend en compte l'équipement ou la motorisation/boîte, ce sera ici un match nul entre France et Allemagne.


Image, perception du public..


France - Allemagne : Caradisiac fait l'avant-match
France - Allemagne : Caradisiac fait l'avant-match

Nous terminons par un thème qui est on ne peut plus subjectif : l'image de marque. Nous cherchons ici à déterminer quel est l'impact des marques de chaque camp sur le public et si les images de marques sont bonnes. Nous n'allons pas passer par quatre chemins : les Allemands misent énormément sur leur image de marque pour vous vendre des autos. Et force est de reconnaître que cela fonctionne. Il ne faudrait toutefois pas faire de lien entre la véritable qualité d'un produit et l'image de marque qu'il renvoie. La bonne presse des constructeurs allemands est-elle totalement justifiée ? Probablement pas. Mais toujours est-il que dans notre monde actuel où l'image renvoyée est importante, ce sont bien les Allemands qui ont plusieurs longueurs d'avance sur nos constructeurs. Et leur présence dans le haut/très haut de gamme n'y est pas étrangère.


Pour finir, nous dirons que la « Deutsche Qualität » l'emporte sur l'auto made in France qui, en plus d'être devancée sur le sujet de l'image de marque, est bien moins « internationalisée » que sa concurrence germanique.


Performances


France - Allemagne : Caradisiac fait l'avant-match
France - Allemagne : Caradisiac fait l'avant-match

A ma droite, sur le « ring » (admirez le jeu de mots...!), nous avons la française tenante du titre, surnommée la « poutreuse », à savoir la Renault Mégane RS. Et en face, nous n'avons pas une, ni deux, mais trois concurrentes. L'une est espagnole mais son sang est germanique. Elle a récemment volé le titre de traction de série la plus rapide autour du Nurburgring à la Mégane RS, nous parlons bien sûr de la Seat Leon Cupra. Mais Renault Sport n'est pas du genre à laisser la française en seconde position. La division sport de Renault a pour l'occasion dégainé la RS Trophy 275 R, une méchante machine qui sonne quasiment le glas de la carrière de la Mégane 3 RS, cette formidable compacte sportive qui devance au chrono un paquet d'autos bien plus puissantes et prestigieuses. Ah, et je n'ai pas oublié les troisième et quatrième combattants, puisque c'est un match à quatre : la Volkswagen Golf GTI et l'Opel Astra OPC. Bon, pour le coup, je vous invite à revoir l'essai de Patrick Garcia pour la Golf (ou celui de Soheil Ayari) et celui d'Olivier Pagès pour l'Astra. La Golf GTI, c'est bien, l'Astra aussi, mais ce n'est pas la Mégane RS dans les chronos, malgré la relative vieillesse de la Mégane RS. La voiture du peuple joue plutôt la carte de la polyvalence et n'est pas aussi radicale que la Mégane, et l'OPC, sans être une mauvaise sportive, n'égale pas la toute dernière version de la Mégane RS.


La Mégane RS écrase littéralement la concurrence allemande, et je n'ai même pas parlé de la Clio RS, avec une troisième génération dantesque. D'ailleurs, j'ai oublié deux autres autos sportives françaises importantes : le RCZ-R (face à l'Audi TT) et la 208 GTI (face à la Polo GTI). Du coup, si on fait le compte, la France (toujours à catégories égales) pulvérise l'Allemagne sur le circuit. Cela nous donne donc une victoire française ici !



Coup de sifflet final, et c'est... un match nul 3 partout, après prolongations. Nous irons donc aux tirs au but en quart de finale automobile ! Est-ce prémonitoire ? Réponse vendredi soir...

Allez, maintenant, je laisse la place à quelques-uns de mes collègues pour leur avis et surtout, leur pronostic pour vendredi !



Patrick Garcia


Si l’on doit faire un parallèle entre la France et l’Allemagne sur les domaines automobile et footballistique, il faut bien admettre que l’Allemagne joue à 40 joueurs contre 11. C’est en gros la différence qui existe entre le nombre de modèles en ventes chez les premium allemands et ceux chez les Français. Bref, on ne peut pas lutter vu que les budgets sont tellement supérieurs qu’ils peuvent dorénavant se payer les dernières technologies voire même, le droit de se tromper sans conséquence.

Sauf à devenir qatari, un constructeur français aura bien du mal à rivaliser. Mais ponctuellement, on a un petit Ribery qui pointe son nez et qui fait la nique aux Allemands, reste à espérer qu’un Aimé Jacquet de l’automobile (ou qui sait, un Didier Deschamps) saura un jour mener un de nos constructeurs au sommet.

Sinon, pour vendredi, l’adage étant ce qu’il est, ce devrait être l’Allemagne qui l’emporte mais comme les Algériens les ont bien crevés l’autre soir, on peut espérer les avoir à l’usure. Si on pète pas un joint de culasse pendant l’effort, évidemment.


Alexandre Bataille, lui, nous pronostique un joli 3-2 pour la France.... Après prolongations. Les paris sont ouverts Alexandre, nous verrons si le match de vendredi à Rio te donne raison.